3.3.2. Processus de traitement de l’information et arguments de la psychologie cognitive en faveur d’un spectre impulsivité - compulsivité

Dans le cadre de la problématique impulsivité versus compulsivité supposée présente dans le TOC, peu d’études, à notre connaissance, ont été engagées dans ce sens.

Enright et Beech (1993) ont mis en évidence un déficit des processus d’inhibition cognitive chez un groupe de sujets obsessionnels comparés à un groupe de sujets présentant d’autres troubles anxieux mixtes dans une tâche d’amorçage sémantique négative faisant intervenir les mécanismes d’attention sélective. L’analyse des temps de dénomination de stimulations cibles ayant été précédées d’une amorce négative (nécessitant une inhibition de la réponse de dénomination) à l’essai précédent indique une différence significative entre les deux groupes. Les performances des patients obsessionnels montrent une absence de l’effet d’amorçage négatif dans une des conditions proposée. De plus, seules leurs performances indiquent un effet de facilitation liée à l’amorce négative reliée sémantiquement et présentée antérieurement à la stimulation cible. Les auteurs suggèrent que les sujets obsessionnels testés “ ignorent ” l’amorce négative pour la réponse de dénomination de la stimulation cible qui la suit. Ils émettent l’hypothèse d’un déficit des mécanismes cognitifs d’inhibition. Ce qui pourrait rendre compte des difficultés de ces patients à inhiber à un niveau pré-attentif et automatique les pensées intrusives considérées comme des informations non pertinentes et interférentes avec les processus de pensée consciente.

Rosenberg, Averbach, O’hearn, Seymour, Birmaker, Sweeney (1997) ont cherché à évaluer le fonctionnement des structures pré-frontales orbitofrontales et dorsolatérales à l’aide de tâches cognitives oculomotrices nécessitant l’inhibition volontaire d’une réponse oculomotrice chez des enfants présentant un TOC. Leurs résultats indiquent des performances significativement plus faibles des enfants obsessionnels par rapport au groupe d’enfants contrôles pour la tâche requérant une suppression volontaire de la réponse oculomotrice envers une stimulation cible lumineuse apparaissant sur un écran. Les auteurs en concluent à la présence d’un déficit à inhiber les mouvements oculaires automatiques de manière volontaire et attentive dans le trouble obsessionnel-compulsif, ce qui va dans le sens d’un comportement impulsif automatique.