3.3.3. Lenteur obsessionnelle, procrastination et dimension impulsive

Impulsivité, lenteur obsessionnelle et procrastination impliquent, en apparence, des manifestations comportementales et des processus cognitifs opposés. S’interroger sur les différences et similarités qu’impliquent ces notions dans le cadre du trouble obsessionnel-compulsif peut, selon nous, fournit des arguments en faveur du lien entre impulsivité et compulsivité.

Le terme “ procrastination ” vient du latin procrastinatus, de pro et crastinus “ du lendemain ” et signifie littéralement la tendance “ à tout remettre au lendemain ” ou encore à “ remettre indéfiniment à plus tard ”. Dans le champ de la psychopathologie, la procrastination est définie comme une attitude pathologique et dysfonctionnelle, souvent stratégique mais non forcément volontaire, qui vise à mettre un délai au commencement et à la réalisation d’une tâche et à repousser dans le temps le début d’une séquence d’actions. Deux composantes cognitives majeures de ce syndrome sont caractérisées par l’incapacité à prendre une décision et une attitude perfectionniste (Cottraux, 1998). D’autres traits de personnalité et composantes comportementales, cognitives et émotionnelles spécifiques sont associés à ce syndrome  : une faible estime de soi, une anxiété sociale importante, une notion de soi et une identité diffuse, un état d’anxiété élevé, une absence d’ambition et d’esprit de compétition, une méticulosité et un sens du détail (Ferrari, 1993).

Les sujets obsessionnel-compulsifs présentent très souvent des attitudes de procrastination, en particulier dans le cas de compulsions à type d’accumulation/collection de vérification, d’ordre / de rangement, de répétition et de ruminations. Il existe également une sous-catégorie de symptômes obsessionnels-compulsifs qui se caractérise majoritairement par des comportements de doute, d’indécision et de procrastination : les patients se plaignent d’une lenteur et d’un ralentissement dans la réalisation de leurs activités quotidiennes, lenteur qui peut prendre un caractère invalidant produisant un ralentissement moteur (Hymas, Lees, Bolton, Epps et Head, 1991). C’est en 1974 que Rachman décrit le syndrome de lenteur obsessionnelle (SLO), individualisé tout d’abord comme un syndrome primaire indépendant du trouble obsessionnel-compulsif. Il a par la suite été considéré comme un syndrome secondaire aux obsessions-compulsions, en particulier aux manifestations compulsives et aux comportements de ritualisation (Veal, 1993). Il se caractérise par une hyperméticulosité pathologique dans la réalisation des tâches de la vie quotidienne. Celles-ci sont effectuées avec une certaine rigidité et une certaine fixité, dans un souci de perfection. La perception et la consommation du temps sont pathologiques (Rachman, 1974). Hymas et coll. (1991) ont identifié 17 syndromes de lenteur obsessionnelle parmi leur échantillon de 59 sujets présentant un TOC (29%). Hantouche et coll. (1997), indiquent, quant à eux, que 33.3 % de sujets présentant un TOC présentaient également un syndrome de lenteur obsessionnelle. Inversement, 75.5 % des sujets présentant un syndrome de lenteur obsessionnelle présentaient également un TOC. Dans cet échantillon, les auteurs retrouvent une majorité de forme clinique mixte (avec obsessions et compulsions), de compulsions à type de lavage et de comptage/ordre/rangement, d’obsessions de doute et de contamination, de symétrie /d’ordre suivies d’obsessions impulsives.

Les schémas cognitifs de responsabilité excessive, d’intolérance à l’incertitude, de surestimation de la probabilité de survenue d’un danger et de sa sévérité ainsi que de perfectionnisme, associés ou non à un syndrome de lenteur obsessionnel, supposés constitués des traits cognitifs centraux dans le TOC, conduisent tous à des comportements de procrastination et à une inhibition de l’action (pour une revue voir Obsessive-Compulsive Cognitions Working Group, 1997 ; Salkovskis, 1999). En procrastinant, le sujet évite et diffère le moment de réaliser une action qui comprend le risque de ne pas satisfaire à ses exigences de perfection, de certitude concernant la qualité de cette action et les conséquences encourues dont il pourrait être responsable. Ces traits cognitifs participent tous d’une attitude de procrastination en tant qu’ils allongent le temps de réaction face à une situation ou une stimulation pour laquelle le sujet doit fournir une réponse comportementale. Des études expérimentales ont montré en ce sens que, comparés à des sujets contrôles, les sujets obsessionnels sont plus prudents, ont un temps de réaction plus long dans une tâche de catégorisation d’objets, mettent plus de temps à copier une figure complexe (Test de la Figure Complexe de Rey-Osterrieth), demandent plus fréquemment à ce que les informations associées à la consigne d’une tâche soient répétées et doutent plus fréquemment de leurs décisions (Behar et coll., 1984 ; Frost, Lahart, Dugas et Sher, 1988 ; Steketee, Frost, Rhéaume et Wilhlem, 1998 pour une revue). Rosen, Hollander, Stannick et Liebowitz (1988) (cités dans Hollander, Liebowitz et Rosen, 1991) observent également une augmentation significative des latences de réponse pour la version A et B du Trail Making Test chez 34 sujets TOC comparés à des sujets contrôles. De nombreuses autres études rapportent que les sujets TOC sont plus lents que les sujets contrôles lors d’épreuves neuropsychologiques (Insel, Donnelly, Lalakea, Alterman et Murphy, 1983 ; Hymas et coll.,1991 ; Christensen, Kim, Dysken et Hoover, 1992 ; Aronowitz et coll., 1994 ; Galderisi, Mucci, Catapano, D’Amato et Maj, 1995 ; Martin, Wiggs, Altemus, Rubenstein et Murphy, 1995 ; Dirson, Bouvard , Cottraux et Martin, 1995 ; Purcell, Maruff, Kyrios et Pantelis, 1998).

L’impulsivité se caractérise, quant à elle, par une incapacité à différer ou à contrôler la réponse comportementale à une stimulation. Si l’on se réfère à une des définitions de l’impulsivité donnée par Dickman (1990), en tant que “ la tendance d’un sujet à réagir rapidement à une stimulation associée à un temps de réflexion et de préparation préalable à l’action inférieure au temps de réflexion et de préparation préalable à la réalisation de la même action chez des sujets de mêmes capacités intellectuelles ”, impulsivité et procrastination apparaissent comme des modes de fonctionnement cognitif et comportemental opposé. Une attitude de réponse impulsive devrait conduire à produire une réponse motrice rapide à une stimulation alors qu’une attitude de procrastination conduit au contraire à ralentir et freiner la réponse motrice pour la même stimulation. Par ailleurs, si l’impulsivité conduit à privilégier la rapidité de réponse au détriment de sa qualité (Dickman et Meyer, 1988), une attitude de procrastination est au contraire mise en place par le sujet afin de privilégier la qualité de la réponse (souci de vérification).

L’hypothèse selon laquelle le temps de réaction devrait être corrélé négativement à la dimension d’impulsivité n’est, cependant, pas démontrée expérimentalement de manière systématique. La majorité des études portant sur les spécificités des processus de traitement de l’information associées à la dimension de personnalité impulsive indique un profil de réponse différencié selon le type de tâche cognitive utilisée, en particulier concernant la variable comportementale temps de réaction. Barratt (1967,1987) ainsi que Barratt et coll. (1981) ont été les premiers à avoir montré que la dimension impulsivité était associée à une diminution du temps de réaction ou de complétion de la tâche chez des sujets hautement impulsifs comparés à des sujets contrôles, uniquement dans le cas de tâches cognitives simples (telle “Paced tapping task” ; Barratt et coll., 1981), n’impliquant pas une trop grande charge d’informations à traiter, ne requérant pas la mise en place de processus d’attention soutenue pendant une longue durée, n’impliquant pas de manipulations aléatoires des intervalles inter stimulus (ISI), utilisant des ISI brefs (autour de 20 ms), n’impliquant pas d’instructions relatives à la rapidité des réponses à fournir et ne faisant pas appel à des processus de discrimination complexes. Dickman (1985, 1990) ainsi que Dickman et Meyer (1988) ont quant à eux démontré expérimentalement que la dimension d’impulsivité ne s’accompagnait pas d’une plus grande rapidité dans la phase d’exécution d’une réponse à une tâche cognitive complexe, bien que les sujets hautement impulsifs présentaient des temps de réaction et de complétion de la tâche diminués comparés à ceux obtenus par des sujets faiblement impulsifs. Dans le cas d’une tâche cognitive simple et lorsque le temps disponible pour fournir la réponse est bref (0.5 s), les sujets hautement impulsifs présentent effectivement des temps de réaction plus courts associés à de meilleures performances que ceux obtenus par des sujets catégorisés comme étant faiblement impulsifs (Dickman, 1990). Dans le cas de tâches perceptivo-motrices classiques (procédure go/no-go, “Choice reaction time task”, “Pursuit rotor task”, tâche de mémorisation, “Porteus maze test”), la dimension d’impulsivité apparaît, au contraire, corrélée positivement au temps de réaction (Sternberg, 1966 ; Barratt, 1967 ; Edman et coll., 1983, Barrat, 1987 ; Mathews, Jones, et Chamberlain, 1989). En ce qui concerne les performances, leur analyse en terme de taux d’erreur de commission indique une diminution significative des performances chez des sujets hautement impulsifs comparés à des sujets contrôles faiblement impulsifs sauf dans le cas où le temps requis pour traiter l’information et fournir la réponse comportementale est très court (Dickman et Meyer, 1988).

De telles observations suggèrent que la corrélation négative entre dimension impulsive et rapidité de la réponse motrice n’est pas si systématique. Des temps de réaction augmentés sont observés dans le cas de tâches cognitives complexes, pour lesquelles la rapidité de la réponse n’est pas une composante nécessaire. Seules les données concernant une diminution des performances en terme de taux d’erreur apparaît corrélée positivement à la dimension impulsive.

Certaines évidences expérimentales indiquent également que les procrastinateurs sous-estiment le temps requis pour la réalisation et la complétion d’une tâche (McCown, Petzel et Rupert, 1987 ; Lay, 1988 cités dans Ferrari, 1993). Cette évaluation dysfonctionnelle du temps requis est supposée liée à une mauvaise évaluation cognitive des éléments d’information pertinents et nécessaires pour une émission de la réponse comportementale. Or une prise en compte incomplète des informations pertinentes à la complétion d’une tâche est également observée dans le cadre des réponses impulsives à une stimulation (Barratt et Patton, 1983 cités dans Barratt, 1987 ; Ferrari, 1993 ).

L’absence de prise en compte de tous les éléments pertinents nécessaires à la complétion d’une tâche conduit donc les sujets procrastinateurs, comme les sujets présentant des traits d’impulsivité, à évaluer insuffisamment le temps requis pour la réalisation d’une tâche.

Par ailleurs, l’observation d’une augmentation de la latence de réponse chez les sujets obsessionnels n’apparaît pas systématique. Dans le cas d’une tâche cognitive faisant intervenir des processus d’attention soutenue et de discrimination visuelle (le Continous Performance Test), cinq études n’indiquent pas de différences significatives pour les variables temps de réaction chez des sujets TOC comparés à des sujets contrôles (Rapoport et coll., 1981 ; Harvey, 1987, cité dans Hollander et coll., 1991 ; Nordhal et coll., 1989 ; Zielinski, Taylor et Juzwin, 1991 ; Mataix-Colx, Junqué, Vallejo, Sanchez-Turet, Verger et Barrios, 1997 ; Milliery, Bouvard, Aupetit et Cottraux, 2000). En situation de détection visuelle d’une cible parmi des distracteurs, les sujets TOC apparaissent donc aussi performants que des sujets contrôles. Rosen et coll. (1988) (cités dans Hollander et coll., 1991), étudiant une batterie de tests neuropsychologiques auprès de 34 sujets TOC comparés à 14 sujets contrôles, observent par ailleurs une relation inverse entre la latence de la réponse et le nombre total d’erreurs, profil spécifique au sujets TOC évalués à l’aide du Test de Matching Familiar Figures de Kagan (MFFT), test utilisé pour évaluer deux styles comportementaux, impulsif et réfléchi (la latence de réponse est considérée comme une mesure comportementale de la dimension impulsive) et qui évalue également l’intégrité des processus visuo-spatiaux et les processus de flexibilité cognitive. Sur les 34 sujets testés, 18 répondent significativement plus vite mais avec un taux d’erreurs significativement plus important, les 16 autres sujets présentant au contraire des latences de réponse plus élevées associées à un taux d’erreur significativement plus faible que les sujets contrôles. Utilisé auprès de sujets diagnostiqués comme impulsifs, le MFFT indique des latences de réponse significativement plus courtes associées à un taux d’erreurs plus élevé par rapport à des sujets contrôles (Kagan, Rosman, Day, Albert et Phillips, 1964 ; Kagan,1966 ; Glow, lange, Glow et Barnett, 1983). Cependant, Malle et Neubauer (1991) ne retrouvent pas de corrélation significative, mais uniquement une tendance à une corrélation négative, entre des latences de réponse rapides au MFFT et un score d’impulsivité élevé à des échelles psychométriques évaluant la dimension d’impulsivité. Les résultats de l’étude de Rosen indiquent donc que 53 % des sujets TOC évalués dans leur échantillon présente un mode de réponse respectant les critères de l’impulsivité dysfonctionnelle proposés par Dickman (1990).

Si les résultats portant sur la variable temps de réaction ne sont pas toujours convergents, des données convergentes sont par contre disponibles en ce qui concerne une similarité des performances, en terme d’augmentation du taux d’erreurs, chez des sujets TOC (Rosen, Hollander, Stannick et Liebowitz, 1988, cités dans Hollander et coll., 1991 ; Gordon, 1985 ; Dirson et coll., 1995) et des sujets considérés comme impulsifs (Kagan, 1965 cité dans Kagan, 1966 ; Barratt, 1967 ; Barratt et coll., 1981 ; Glow et coll., 1983 ; Dickman, 1985 ; Barratt, 1987 ; Dickman et Meyer, 1988 ; Barratt, 1993). Il a été montré, par exemple, que le nombre d’erreurs de commission au test d’attention soutenu (CPT) constituait un corrélat de la dimension d’impulsivité motrice (Atkins, Stoff, Osborne et Brown ; Gray, Owen, Davis et Tsaltas, 1983 cités dans Helmers, Young et Pihl, 1995 ; Mathews et coll., 1989 ; Dickman, 1993 ; Helmers, Young et Pihl, 1995 ; Camus, 1996). L’étude de Rapoport et coll. (1981) indique, en ce sens, la tendance d’une population d’adolescents présentant un trouble obsessionnel-compulsif à faire plus d’erreurs de commission que des sujets contrôles au test CPT. Ces résultats ont été confirmés dans deux études (Flor-Henry, Yeudall, Koles et Howarth, 1979 ; Schmidtke, Schorb, Winkelman et Hohagen, 1998) mais non dans trois autres (Harvey, 1986 ; Nordhal et coll., 1989 ; Zielinski et coll., 1991).

Ferrari (1993) fait un lien entre les manifestations de procrastination et la notion “  d’impulsivité dysfonctionnelle  ” développée par Dickman (1990). L’impulsivité dysfonctionnelle se définit par la tendance à répondre rapidement à une stimulation mais au détriment de la qualité de la réponse. Le sujet fournit dans ce cas une réponse rapide mais inadaptée, inexacte et aux performances faibles. L’impulsivité fonctionnelle, quant à elle, se caractérise par la tendance à une réponse comportementale alliant rapidité et qualité des performances. Les deux traits impliquent, cependant, un temps de délibération et de préparation à l’action inférieur à celui de sujets déterminés comme non impulsifs. Dans le cas de la dimension de procrastination, Ferrari (1993) fait l’hypothèse que lorsque la réponse comportementale ne peut plus être différée ou que le sujet a enfin pris la décision de réaliser l’action, elle est exécutée rapidement et présente un niveau de performance plus faible (risque d’erreurs plus élevé) comparée à la même réponse fournie par des sujets non procrastinateurs. Les caractéristiques de la réponse motrice sont alors similaires à celles observées pour la réponse motrice associée à l’impulsivité dysfonctionnelle. Ces considérations théoriques n’ont cependant pas été, illustrées, à notre connaissance par une validation expérimentale. Effert et Ferrari (1989) (cités dans Ferrari, 1993) ont, cependant, cherché à démontrer plus précisément le lien entre procrastination et impulsivité dysfonctionnelle. Les dimensions de procrastination “ évitante ”, “ décisionnelle ” ainsi que d’impulsivité dysfonctionnelle et fonctionnelle ont été évaluées auprès de 136 étudiants, à l’aide de plusieurs échelles psychométriques : l’Inventaire de Procrastination pour adultes de McCown et Johnson (1989) (cités dans Ferrari, 1993), l’Echelle de Procrastination Décisionnelle de Mann (1982) (cités dans Ferrari, 1993), l’Inventaire d’Impulsivité Fonctionnelle et Dysfonctionnelle de Dickman (1990) ainsi que Le Questionnaire des Déficits Cognitifs de Broadbent, Cooper, Fitzgerald et Parkes (1982) (cités dans Ferrari, 1993). Les résultats de cette étude indiquent la présence de corrélations positives significatives entre les deux dimensions de procrastination et les dimensions d’impulsivité dysfonctionnelle et fonctionnelle, cette corrélation étant cependant plus faible pour cette dernière. Les scores obtenus à l’inventaire des déficits cognitifs étaient également corrélés positivement à la mesure de procrastination “ décisionnelle ”, d’impulsivité dysfonctionnelle, négativement à celle d’impulsivité fonctionnelle mais n’étaient pas corrélés à la dimension de procrastination “ évitante ”. Sélectionnant les scores extrêmes, les auteurs observent que les sujets “ procrastinateurs chroniques ” présentent significativement plus de déficits cognitifs et de comportements associés à l’impulsivité dysfonctionnelle.

Le modèle proposé par Ferrari (1993) suggère donc les sujets procrastinateurs présenteraient des traits d’impulsivité dysfonctionnelle : une fois que la réponse comportementale ne peut plus être évitée et différée, le sujet procrastinateur fournit une réponse rapide, dans l’urgence, qui ne tient pas compte de toutes les informations nécessaires à une réponse adéquate et adaptée. Il travaille plus vite, de manière impulsive et moins réfléchie, augmentant ainsi son risque d’erreurs. Les attitudes de doute et d’indécision, responsables de l’augmentation du temps de réflexion préalable à l’action, ne conduisent pas à l’émission d’un comportement plus réfléchi, aux performances améliorées. Au contraire, plus le temps de réflexion préalable à l’action est important, plus il implique l’intervention de facteurs de doute, de remise en question et d’indécision qui viennent perturber la mise en place d’un plan d’action clair et déterminé. Ces facteurs génère un phénomène de “ spirale cognitive ” où la pensée du sujet fonctionne en boucle fermée, sans être alimentée par de nouvelles informations qui viennent modifier en permanence le ou les plans de réponse possibles (comme c’est le cas pour la stratégie de résolution de problèmes, principe clef de la pensée hypothético-déductive). Lorsque survient la phase d’exécution, la réponse comportementale de l’obsessionnel, bien qu’en apparence mûrement réfléchie, ne contient, finalement, pas plus de facteurs de réussite que la réponse de l’impulsif pour laquelle la phase de réflexion a été réduite voir absente. Le modèle de Ferrari reste, cependant, encore hypothétique et mériterait des évidences expérimentales supplémentaires.

Impulsivité et procrastination ne se présentent donc pas simplement comme deux dimensions opposées. La différence majeure entre procrastination et impulsivité se situe au niveau de la phase de préparation à l’action. La phase de réalisation d’une action ou d’un comportement présente les mêmes caractéristiques en terme de temps de réponse et de qualité de la réponse (Tableau 3.).

Tableau 3. - Différences et similarités comportementales et cognitives entre dimension d’impulsivité et de procrastination
PROCRASTINATION IMPULSIVITE
1 - PHASE DE PREPARATION A L’ACTION
Prise de décision différée (indécision) Prise de décision rapide
Anticipation et planification excessive Absence d’anticipation et de planification
Réflexion et délibération cognitive allongée Réflexion et délibération cognitive absente ou diminuée
Evitement du danger
Recherche de la prise de risque minimale
Recherche du danger
Attitude de prise de risque
Surévaluation des conséquences Sous-évaluation des conséquences
Action orientée vers l’évitement de l’action Action orientée vers l’action
Contrôle excessif de l’action Déficit du contrôle de l’action
Inhibition comportementale Désinhibition comportementale
Lenteur de préparation de la réponse comportementale:
Temps de préparation de l’action allongé
Rapidité de préparation la réponse comportementale:
Temps de préparation de l’action diminué
2 - PHASE DE REALISATION DE L’ACTION
Non prise en compte de toutes les informations pertinentes et nécessaires à la complétion d’une tâche
Mauvaise estimation du temps nécessaire à la réalisation et la complétion d’une tâche :
Sous-estimation du temps nécessaire à la réalisation d’une tâche
Réponse comportementale rapide : urgence de la réponse comportementale
Risque d’erreurs augmenté et qualité de la réponse diminuée