2. MESURES

2.1. Screening d’inclusion

Un entretien clinique a été pratiqué auprès des deux groupes de patients et du groupe de sujets contrôles afin de déterminer les critères d’inclusion et d’exclusion dans le protocole.

Les évaluation suivantes ont été effectuées :

  • L’entretien structuré Mini International Neuropsychiatric Interview, version 4.4 (MINI 4.4) (Sheehan et coll., 1992, 1994 ; traduction française : Lecrubier et coll, 1994) (Annexe II.). Il constitue un entretien diagnostique structuré, à remplir par l’évaluateur, qui explore de façon standardisée chacun des critères nécessaires à l’établissement des principaux diagnostics de l’Axe I du DSM-IV. Le MINI explore les troubles d’Axe I suivants : Episode dépressif majeur, Dysthymie, Episode (hypo)-maniaque, Trouble panique, Agoraphobie, Phobie sociale, Trouble obsessionnel-compulsif, Anxiété généralisée, Alcool (dépendance /abus), Drogue (dépendance /abus), Syndromes psychotiques, Anorexie mentale, Boulimie, Risque suicidaire, Etat de stress post-traumatique, Somatisation et Troubles de l’adaptation.

  • L’Entretien Diagnostic de la Personnalité Borderline, version révisée (DIB-R) (Zanarini et coll., 1989 ; traduction française : Chaîne et coll., 1993 ,1995) (Annexe III.). Il constitue un entretien semi-structuré à remplir par l’évaluateur, recueillant des informations sur quatre domaines supposés avoir une importance diagnostique pour le trouble de personnalité borderline : le domaine des “ affects ” (24 items), celui des “ cognitions ” (32 items), celui des “ actions impulsives ” (24 items) et le domaine des “ relations interpersonnelles ” (41 items). Il constitue une approche alternative à celle du DSM-III et est intéressant pour la place qu’il accorde à la symptomatologie “ quasi-psychotique ” dans ce type de trouble. Il évalue la manière dont le patient s’est senti, comporté, a pensé durant les deux dernières années. En général, le sujet est la seule source d’informations mais un petit nombre d’items peuvent utiliser d’autres sources de données. A l’intérieur de chacun des quatre domaines évalués, l’information issue de l’ensemble des items est divisée en 24 sous-sections. L’information recueillie à partir de 22 de ces sous-sections est utilisée pour coter 22 “ affirmations récapitulatives ” qui représentent chacune un critère diagnostique important de la personnalité borderline. L’information tirée des deux autres sous-sections tend à infirmer le diagnostic de personnalité borderline (item 24 et 58) et est utilisée pour déterminer le score final du patient respectivement dans les domaines évaluant les affects et les cognitions (un score positif aux items 24 et/ou 58 annule les scores gradués des domaines Affects et/ou Cognitions. Chaque item est côté de 0 à 2 (0 : non présent, 1 : probable, 2 : présent). Des instructions très précises permettent de transformer les scores des affirmations récapitulatives en scores gradués : de 0 à 2 pour le domaine des Affects et des Cognitions, de 0 à 3 pour les domaines des Actes impulsifs et des Relations interpersonnelles. Un score gradué total ≥ 8 est considéré comme significatif d’une personnalité borderline. Un score < 8 plaide pour une autre entité clinique.

  • L’Echelle d’Obsession-Compulsion de Yale Brown (Y-BOCS) (Goodman et coll., 1989a, 1989b ; traduction et validation française : Mollard et coll., 1989 ; Bouvard et coll., 1992) (Annexe IV.). Cette échelle, qui se présente sous la forme d’un entretien structuré, est remplie par l’évaluateur en fonction des informations fournies par le patient. Elle permet d’obtenir une mesure de la sévérité des symptômes obsessionnels compulsifs sans être biaisée par la présence ou l’absence d’un type particulier d’obsessions ou de compulsions. Elle apparaît comme la mesure standard actuelle des obsessions-compulsions. L’un de ses avantages est de regrouper des items concernant des obsessions et des compulsions chez les obsessionnels évalués en parallèle selon les mêmes dimensions. La Y-BOCS consiste en une échelle de 10 items cotés de 0 à 4 selon l’importance de chaque item: 5 pour les obsessions, 5 pour les compulsions. Ces 10 items permettent d’avoir un score global qui va de 0 à 40 dont un sous score des obsessions qui va de 0 à 20 et un sous score des compulsions qui va aussi de 0 à 20. Les normes auxquelles nous nous référerons sont présentées dans l’ouvrage de Bouvard et Cottraux (1996) : score global de 0 à 7 = subclinical ; score global de 8 à 15 = trouble léger ; score global de 16 à 23 = trouble modéré ; score global de 24 à 31 = trouble sévère et score global de 32 à 40 = trouble extrême. Dans le cadre des études contrôlées (Bouvard et Cottraux, 1996), les résultats suivants ont été obtenus sur la version française : les sujets présentant un trouble obsessionnel-compulsif obtenaient un score moyen de 26.48 avec un écart-type de 4.97 et les sujets contrôles obtenaient un score moyen de 3.96 avec un écart-type de 2.84. Dans notre étude, nous retiendrons un score de 16 comme seuil au delà duquel la présence de symptômes obsessionnels-compulsifs peut-être considérée comme pathologique.

  • L’Inventaire de Dépression de Beck - 21 items (BDI-21) (Beck et coll., 1988 - traduction française : Bourque et Beaudrette, 1982) (Annexe V.). Il constitue une échelle d’auto-évaluation, remplie par le sujet en présence de l’évaluateur ou du thérapeute. Il fournit une estimation quantitative de la sévérité de la dépression. Le questionnaire doit être rempli en entourant le numéro qui correspond à la proposition choisie. Le sujet peut entourer, dans une série, plusieurs numéros si plusieurs propositions lui conviennent. Chaque item est constitué de 4 phrases correspondant à 4 degrés d’intensité croissante d’un symptôme sur une échelle allant de 0 à 3. Dans le dépouillement, il ne faut tenir compte que de la cote la plus élevée choisie pour une même série. La note globale est obtenue en additionnant les scores des 21 items. Elle peut aller de 0 à 63. Les normes établies par Beck et coll. (1988) sont les suivantes : un score < 10 indique une absence de symptômes dépressifs, un score de 10 à 18 indique une dépression légère, un score de 19 à 29 correspond à une dépression modérée et un score > 30 correspond à une dépression sévère.

  • L’Inventaire d’Anxiété de Beck - 21 items (BDI-21) (Beck et Steer, 1990) (Annexe VI.). Il constitue une échelle d’auto-évaluation qui fournit une estimation quantitative de l’anxiété et des symptômes somatiques et cognitifs qui l’accompagnent. Il comprend 21 items correspondant à un certain nombre de sensations physiques et symptômes courants dus à l’anxiété. Le sujet doit indiquer à quel degré il a été affecté au cours de la dernière semaine par le symptôme proposé dans chaque item. La cotation s’étend de “ pas du tout ” (0) à “ beaucoup ” (3). La note globale est obtenue en additionnant les scores des 21 items. Elle peut aller de 0 à 63. Il n’existe pas, à notre connaissance de normes standardisées françaises. Cependant, plus le score total obtenu est élevé, plus le sujet présente une anxiété cognitive, émotionnelle et somatique importante.

  • Le Questionnaire des Peurs de Marks (FQ) (Fear Questionnaire, Marks et Mathews, 1979 ; traduction française : Cottraux, Bouvard et Messy, 1987) (Annexe VII.). Le questionnaire des peurs est une échelle d’auto-évaluation qui évalue les problèmes phobiques les plus fréquemment rencontrés en clinique ainsi que l’anxiété et la dépression associées aux phobies. Cinq scores peuvent être retenus : un score d’agoraphobie (de 0 à 40), un score de phobie du sang et des blessures (de 0 à 40), un score de phobie sociale (de 0 à 40), un score total de dépression et d’anxiété (de 0 à 40) et un score global de gêne résultant du comportement phobique (de 0 à 8). La version française a été étudiée sur quatre groupes de sujets (46 agoraphobes, 34 phobiques sociaux, 45 TOC et 55 contrôles). L’échelle d’agoraphobie et de phobie sociale permet de discriminer les sujets agoraphobes, phobiques sociaux des autres populations anxieuses et des sujets contrôles. Les normes françaises sont les suivantes :

Score d’agoraphobie : sujets agoraphobes m= 27,47, s(x) = 9,35
sujets phobiques sociaux m =10,50, s(x) = 7,52
sujets contrôles m = 4,58, s(x) = 6,42
Score de phobie du sang : sujets contrôles m = 8,09, s(x) = 7,59
Score de Phobie Sociale : sujets phobiques sociaux m = 23,32, s(x) = 6,64
sujets agoraphobes  m = 14,91, s(x) = 9,07
sujets contrôles m = 7,27, s(x) = 6,11