2.2.1. L’Inventaire Multiphasique de la Personnalité du Minnesota, version abrégée (Minimult)

L’Inventaire Multiphasique de la Personnalité du Minnesota, version abrégée (Minimult) (Hathaway et McKinley, 1966 ; Perse et Lebeaux, 1977) (Annexe VIII.) est un outil d’auto-évaluation comprenant 71 questions sous la forme vrai / faux. Il fournit une mesure de plusieurs catégories majeures de comportements pathologiques et permet de dégager un ensemble de traits psychopathologiques, en fonction de critères psychiatriques classiques. Il comprend dix échelles cliniques ainsi que trois échelles qui évaluent l’attitude du sujet dans son mode de réponse.

Les trois échelles d’attitude qui visent à évaluer la qualité des réponses faites par le sujet et son attitude face au test sont les suivantes :

  • Echelle L = échelle de “ mensonge ”. Elle évalue la sincérité et l’honnêteté avec laquelle le sujet a répondu. Le principe de base pour cette échelle est que le sujet doit parfois admettre une attitude défavorable. Les items qui la composent donnent au sujet l’occasion de ne pas admettre diverses fautes et faiblesses mineures de caractère que la plupart des individus acceptent volontiers de reconnaître comme étant vraies pour eux-mêmes. Un score élevé à cette échelle indique que le sujet tend à se placer sous un jour extrêmement favorable et ceci peut indiquer que les scores ayant trait à des dimensions pathologiques sont probablement sous-évalués. Cette échelle représente donc un indice révélant la possibilité que le protocole soit invalide du fait d’un mode de réponse particulier. Elle ne constitue pas, cependant, un moyen de mesurer la tendance générale d’un sujet à mentir, inventer ou tromper autrui dans la vie quotidienne.

  • Echelle F = échelle de “ fiabilité ”. elle vise à détecter des manières non habituelles, atypiques et bizarres de répondre au questionnaire, un mode de réponse au hasard ou encore une exagération délibérée des difficultés et problèmes afin d’obtenir une attention ou une sollicitude particulière. Une note élevée indique, soit que le sujet n’a pas compris le test, soit qu’il a truqué le test, soit qu’il ne souhaite pas remplir le test, soit encore qu’il présente une anomalie mentale sévère.

  • Echelle K = indicateur de validité le plus complexe. cette échelle corrige l’influence de l’attitude du sujet vis à vis de ses propres symptômes sur les notes aux échelles pathologiques. Une note élevée témoigne d’une attitude défensive, tandis qu’une note basse traduit plutôt une attitude autocritique. Une différence F-K égale ou supérieure à 12 est certainement liée à une falsification des réponses. Cette échelle aide également à l’identification de sujets présentant des traits psychopathologiques significatifs mais obtenant un profil normal.

Les 10 échelles cliniques qui permettent l’évaluation des catégories majeures des comportements pathologiques et l’obtention d’un profil clinique sont les suivantes :

  1. Hypocondrie (Hs) : une note élevée indique que le sujet a tendance à se plaindre de façon excessive de malaises physiques, sans aucune base organique décelable.

  2. Dépression (D) : cette échelle s’élève dès qu’il existe une note dépressive ou anxieuse dans la symptomatologie du sujet.

  3. Hystérie (Hy) : cette échelle caractérise, d’une part, les sujets exigeant de façon égocentrique l’affection et l’aide de l’entourage, avec des réactions infantiles s’ils ne sont pas satisfaits et, d’autre part, des sujets présentant des symptômes de conversion.

  4. Déviation psychopathique (Pd) : une note élevée à cette échelle témoigne d’un caractère narcissique, à la recherche de buts immédiats, sans prévision, et manquant de sens social. Cette échelle constitue également un indice de la dimension d’impulsivité. Les analyses factorielles pratiquées sur cette échelle ont permis d’identifier cinq facteurs : timidité, hypersensibilité, délinquance, contrôle des impulsions et neuroticisme (Greene, 1980). Les sujets obtenant des scores élevés sont décrits comme étant coléreux, impulsifs, imprévisibles et présentant une émotionnalité superficielle. Ils ne se conforment pas aux règles et conventions sociales, plus particulièrement aux figures d’autorité, pour lesquelles ils montrent hostilité et ressentiment. En l’absence de comportements antisociaux et/ou hétéro-agressifs, l’hostilité peut-être retournée contre eux-mêmes. Il est donc important de noter qu’une note élevée à cette échelle indique la présence d’une attitude et de comportements antisociaux mais ne signifie pas nécessairement que ces comportements sont exprimés ouvertement.

  5. Paranoïa (Pa) : cette échelle détecte des tendances paranoïdes caractérisées par la méfiance, une hypersensibilité, des idées de persécution.

  6. Psychasthénie (Pt) : une note élevée à cette échelle reflète un indice d’anxiété souvent révélateur d’un trouble anxieux pathologique.

  7. Schizophrénie (Sc) : échelle de “ retrait social ”. Une note élevée indique une difficulté certaine dans la relation aux autres.

  8. Manie (Ma) : cette échelle score aussi bien l’expansivité que l’irritabilité.

  9. Un indice d’anxiété (AI) : cette échelle constitue un indice d’anxiété.

  10. Un indice d’intériorisation (IR) : cette échelle marque les degrés d’introversion du sujet.

Les traits psychopathologiques sont distribués sur un continuum qui va de 20 à 120, ou la moyenne est de 50 et l’écart-type de 10. Toute note excédant de deux écart-types la moyenne est considérée comme pathologique. L’échelle L de “ mensonge ” permet de valider ou de nuancer chaque profil. Le dépouillement a lieu par ordinateur après envoi du questionnaire aux EDITIONS DU CENTRE DE PSYCHOLOGIE APPLIQUEE, 25 RUE DE LA PLAINE 75980 PARIS CEDEX 20.

L’échelle de Déviation psychopathique, qui nous intéresse tout particulièrement dans cette étude, apparaît très bien étalonnée. Elle a été élaborée sur un groupe de sujets jeunes, d’âge compris entre 17 et 22 ans et composé majoritairement de femmes. Tous ces sujets étaient impliqués dans une procédure judiciaire et la plupart étaient incarcérés. Ils étaient diagnostiqués comme présentant une personnalité psychopathique et transférés dans un service de psychiatrie par les instances juridiques du fait de leurs comportements délinquants afin de rechercher pourquoi ils avaient des difficultés constantes avec la loi, alors qu’ils n’appartenaient pas un milieu socioculturel défavorisé, qu’ils possédaient une intelligence normale et qu’ils ne souffraient pas de troubles psychotiques ou névrotiques manifestes. Les comportements délinquants observés n’étaient pas prémédités et étaient caractérisés par une absence d’anticipation, de planification ainsi que par l’absence d’efforts engagés pour éviter d’être punis. Les réponses de cet échantillon contrastaient avec celles fournies par le groupe de sujets contrôles appariés (Greene, 1980). McKinley et Hathaway (1944) (cités dans Greene, 1980) ont également fait une étude de validation de cette échelle clinique auprès de deux autres populations, constituées d’un groupe de patients psychiatriques hospitalisés et d’un groupe de sujets incarcérés répondant tous deux au diagnostic de personnalité psychopathique. Un score total ≥ 70 a été obtenu par 59 % des sujets incarcérés et par 45 % des patients psychiatriques. Les auteurs en ont conclus que cette échelle permettait d’identifier environ la moitié des sujets diagnostiqués comme psychopathes.