3.3. Analyse de corrélation

Nous avons pratiqué des analyses de corrélation pour chacun des trois groupes. La matrice de corrélation ainsi obtenue intègre 9 variables :

• l’âge des sujets

• la mesure de dépression (BDI-21) et la mesure d’anxiété (BAI-21)

• le score total d’obsessions-compulsions (Y-BOCS Total)

• les trois mesures psychométriques d’impulsivité obtenues à l’aide de l’échelle d’impulsivité de Eysenck (IVE), l’échelle d’impulsivité totale de Barratt (BIS-10) et l’échelle clinique de déviation psychopathique (Minimult)

• Le nombre moyen d’erreurs d’omission et d’erreurs de commission effectué pour une série de 80 essais, c’est à dire une condition de renforcement.

Les analyses de corrélation sont présentées dans le tableau 34. Au regard du nombre d’analyses de corrélations effectuées (36), nous avons appliqué une correction de Bonferroni qui fixe le seuil  de significativité à p < .0014.

Les résultats indiquent une corrélation positive significative pour les trois groupes de sujets entre :

• la mesure de dépression et d’anxiété (r compulsifs = .53, r = impulsifs = .61 et r contrôles = .32, p <.0001).

• la mesure d’impulsivité obtenue à l’IVE et le score total d’impulsivité obtenu à la BIS-10 (r compulsifs = .68, r = impulsifs = .61 et r contrôles = .77, p < .0001)

• le score total d’obsessions-compulsions obtenu à la Y-BOCS et la mesure d’anxiété (r compulsifs = .4, r = impulsifs = .5 et r contrôles = .56, p < .0001)

• les performances associées aux erreurs d’omission et de commission de la tâche Go/ No go (r compulsifs = .34, r = impulsifs = .5 et r contrôles = .52, p < .0001).

Par ailleurs, une corrélation positive significative est observée entre la mesure de dépression et le score à l’échelle de psychopathie pour les groupes de sujets impulsifs et compulsifs (r compulsifs = .5, r impulsifs = .7, p < .0001). Cette corrélation est également significative pour le groupe de sujets contrôles mais négative (r = - .36, p < .0001).

On observe une corrélation positive significative pour les groupes de sujets compulsifs et impulsifs entre :

• le score total d’obsessions-compulsions et la mesure de dépression (r compulsifs = .6, r = impulsifs = .56, p < .0001)

• le score total d’obsessions-compulsions et le score de psychopathie (r compulsifs = .44, r = impulsifs = .27, p < .0001)

• la mesure d’anxiété et le score de psychopathie (r compulsifs = .35, r = impulsifs = .49, p < .0001)

On observe une corrélation positive significative pour le groupe de sujets compulsifs entre le score d’impulsivité obtenu à l’IVE et le score de psychopathie (r = 23, p = .0004). Cette corrélation apparaît également significative mais négative pour le groupe de sujets contrôles (r = -.25, p = .0002).

On observe également une corrélation significative entre le mesure de dépression et la variable âge, qui s’avère négative pour le groupe de sujets impulsifs (r = -.28, p < .0001) et positive pour le groupe de sujets contrôles (r = .38, p < .0001). De la même manière, les résultats indiquent une corrélation significative entre le score total d’obsessions-compulsions et le score total d’impulsivité de la BIS-10, corrélation positive pour le groupe de sujets impulsifs (r = .27, p = .0002) et négative pour le groupe de sujets contrôles (r = -.33, p < .0001).

Certaines corrélations, enfin, ne sont significatives que pour un seul groupe de sujets.

• Pour le groupe de sujets compulsifs, on observe une corrélation positive significative entre le score total d’obsessions-compulsions et le score d’impulsivité de l’IVE (r = .28, p < .0001) et une corrélation négative entre le score total d’impulsivité obtenu à la BIS-10 et le nombre moyen d’erreurs d’omission (r = -.23, p = .0004).

• Pour le groupe de sujets impulsifs, les résultats indiquent une corrélation positive entre le score d’impulsivité obtenu à l’IVE et la variable âge (r = .29, p < .0001), entre la mesure d’anxiété et le score total d’impulsivité obtenu à la BIS-10 (r = .63, p < .0001) et entre le nombre moyen d’erreurs d’omission et la variable âge (r = .34, p < .0001). Une corrélation négative est observée entre le score total d’obsessions-compulsions et la variable âge (r = -.33, p < .0001).

• Pour le groupe de sujets contrôles, on observe une corrélation positive significative entre :

  • la mesure de dépression et le score d’impulsivité de l’IVE (r = .22, p < .0001) ainsi qu’avec

  • le score total d’impulsivité de la BIS-10 (r = .31, p < .0001).

  • le score d’impulsivité de l’IVE et le nombre moyen d’erreurs d’omission (r = .23, p = .0004) ainsi qu’avec le nombre moyen d’erreurs de commission (r =.25, p = .0001).

  • Une corrélation négative significative est observée entre :

  • la mesure d’anxiété et le nombre moyen d’erreurs d’omission (r = .27, p < .0001)

  • le score de psychopathie et le score total d’impulsivité de la BIS-10 et (r = -.34, p < .0001) ainsi qu’avec la variable âge (r = -.25, p = .0001).

Nous avons choisi d’approfondir les analyses de corrélation entre les trois mesures psychométriques d’impulsivité en intégrant les 3 sous-dimensions d’impulsivité mesurées par l’échelle d’impulsivité de Barratt (BIS-10), et ceci pour les trois groupes de sujets considérés indépendamment. Les résultats sont présentés dans le tableau 35.

Les résultats indiquent une corrélation positive significative pour les trois groupes de sujets entre :

• la mesure d’impulsivité à l’IVE-7 et le score d’impulsivité total à la BIS-10 (r compulsifs = .683, r contrôles = .773, p <.0001 et r impulsifs = .6, p = .0015).

• la mesure d’impulsivité à l’IVE-7 et le score d’impulsivité motrice à la BIS-10 (r compulsifs = .716, r impulsifs = .714, p < .0001 et r contrôles = .632, p = .0002).

Par ailleurs, une corrélation positive significative est observé entre le score d’impulsivité à l’IVE-7 et le score d’impulsivité cognitive à la BIS-10 pour le groupe de sujets contrôles (r = .638, p = .0002).

Aucune corrélation n’est observée entre les échelles IVE-7 et BIS-10 et l’échelle clinique de déviation psychopathique du Minimult.

En résumé, les analyses de corrélation pratiquées fournissent les informations suivantes :

• pour les trois groupes de sujets, les mesures de dépression, d’anxiété et d’obsessions-compulsions sont corrélées positivement entre elles, la mesure d’impulsivité obtenue à l’aide de l’IVE et les scores d’impulsivité totale et d’impulsivité motrice de la BIS-10 également ainsi que les performances cognitives de la tâche go / no go (erreurs d’omission et de commission).

• la mesure d’impulsivité fournie par l’échelle clinique de psychopathie du Minimult ne s’avère corrélée à aucune des autres mesures psychométriques d’impulsivité. Elle est par contre corrélée positivement avec la mesure d’anxiété, de dépression et d’obsessions-compulsions dans les deux groupes de patients

• chez les sujets compulsifs, le score d’impulsivité à l’IVE est corrélé positivement au score d’obsessions-compulsions. On observe le profil inverse dans le groupe de sujets impulsifs, sans que cette corrélation soit cependant significative. Par ailleurs, les mesures de dépression et d’anxiété sont corrélées avec l’échelle clinique de psychopathie. Enfin, la mesure d’impulsivité de la BIS-10 s’avère corrélée négativement au nombre moyen d’erreurs d’omission.

• chez les sujets impulsifs, la mesure d’anxiété est corrélée positivement à celle d’impulsivité de la BIS-10. Par ailleurs, une augmentation de l’âge des sujets est associée à une augmentation des scores d’impulsivité à L’IVE, mais non à la BIS-10, ainsi qu’à une augmentation du nombre d’erreurs d’omission.

• Chez les sujets contrôles, on observe une corrélation positive significative entre la mesure de dépression et le score d’impulsivité à l’IVE et à la BIS-10. Par ailleurs, l’augmentation du score d’anxiété est associée à une diminution du nombre d’erreurs d’omission. Enfin, la mesure d’impulsivité de l’IVE-7 apparaît corrélée positivement et significativement au score d’impulsivité cognitive de la BIS-10.

• Les performances cognitives à la tâche No / no go (erreurs d’omission et de commission) apparaissent peu corrélées aux variables psychométriques d’impulsivité.

Pour le groupe de sujets compulsifs, une élévation du score d’impulsivité à la BIS-10 est associé à une diminution du nombre d’erreurs d’omission. Par ailleurs, aucune des trois mesures psychométriques d’impulsivité (échelle d’impulsivité de l’IVE, score total d’impulsivité de la BIS-10 et échelle clinique de déviation psychopathique du Minimult) ne s’avèrent corrélées au nombre d’erreurs de commission.

Pour le groupe de sujets impulsifs, l’augmentation de l’âge des sujets est associé à une augmentation du nombre d’erreurs d’omission. Aucune des mesures psychométriques d’impulsivité n’est, par ailleurs, corrélée aux performances cognitives à la tâche.

Pour le groupe de sujets contrôles, on observe une corrélation positive significative entre le score d’impulsivité de l’IVE et le nombre d’erreurs d’omission aussi bien que de commission. Par ailleurs, une augmentation du score d’anxiété est associé, pour ce groupe de sujets, à une diminution du nombre d’erreurs d’omission.