2.4. Impulsivité comportementale et pensées intrusives

La mise en évidence d’une impulsivité dans la sphère comportementale est observable uniquement dans le cadre du profil clinique du MMPI, version abrégée. L’évaluation de la part du fonctionnement sur un mode impulsif semble donc faite de manière prédominante par les sujets obsessionnels de notre étude sur le plan du fonctionnement cognitif, des processus de pensées et de la sphère intellectuelle.

A partir de cette observation, nous pouvons faire l’hypothèse que les rituels moteurs et les compulsions que les sujets se sentent la plupart du temps contraint de faire et qui contiennent en ce sens une part d’échec du contrôle de soi et des comportements, ne sont pas forcément considérés par les patients eux-mêmes comme des comportements impulsifs. Le caractère égodystonique attribué aux motifs responsables de l’émission de tels comportements, en l’occurrence les pensées intrusives ou obsessions, peut rendre en partie compte de cette situation. Les comportements impulsifs sont, en effet, généralement considérés comme égosyntoniques. Néanmoins, il est intéressant de remarquer que certains comportements catégorisés dans le cadre des troubles du contrôles des impulsions dans le DSM-IV (APA, 1994), comme la boulimie, la trichotillomanie ou la kleptomanie peuvent comporter à la fois un aspect égosyntonique et/ou égodystonique. Il n’est pas rare de rencontrer des patientes boulimiques qui expliquent ne pas pouvoir résister à un désir intense et incontrôlable, mais qui garde une dimension volontaire (boulimie “programmée”), et certaines parler, au contraire, de comportements également incontrôlables mais non désirés, les manifestations boulimiques distingue ainsi la boulimie “ programmée ” de la boulimie “ impulsive ” (pouvant alors survenir dans le cadre d’épisodes de dépersonnalisation (boulimie “impulsive”) (Vanderreycken,1999). Dans la première, le passage à l’acte boulimique est ritualisé et comprend une dimension obsessionnelle qui est interprétée comme une attitude de défense contre le trouble de contrôle des impulsions et comme une impulsivité détournée. La boulimie “ impulsive ” se caractérise, quant à elle, par des passages à l’acte spontanés, souvent associés à des phénomènes de dépersonnalisation. La composante de contrôle des impulsions peut donc permettre de rendre compte de la divergence des scores d’impulsivité de l’échelle de Eysenck et d’impulsivité motrice de la BIS-10 entre les sujets obsessionnels et les sujets impulsifs.