3.2. Performances de commission et compulsivité

Le groupe de sujets obsessionnels-compulsifs présente un nombre d’erreurs de commission significativement supérieur à celui produit par les sujets contrôles dans toutes les conditions de renforcement sauf dans la condition R-/R+, aussi bien dans le premier bloc d’essais que dans le deuxième. Il présente également un nombre d’erreurs d’omission significativement plus élevé que les sujets contrôles dans la condition R-/R- Enfin, il montre des performances d’omission et de commission comparables aux sujets impulsifs, avec seulement une tendance à faire plus d’erreurs d’omission dans la condition R-/R-.

Ce profil de performances tendrait à valider l’hypothèse d’une composante impulsive dans le trouble obsessionnel-compulsif et d’un déficit à inhiber une réponse comportementale. Les sujets obsessionnels-compulsifs montreraient une tendance à fournir préférentiellement une réponse motrice pour une stimulation associée à un renforcement négatif plutôt que de fournir le type d’erreur inverse, c’est-à-dire l’évitement de l’émission de la réponse motrice. Cependant, étant donné que la paradigme utilisé ne démontre pas de manière satisfaisante un déficit à inhiber la réponse comportementale dans notre échantillon de sujets impulsifs, ce résultat doit être considéré et interprété avec une extrême prudence.

De manière plus spécifique, on observe que le groupe de sujets obsessionnels-compulsifs fait plus d’erreurs de commission que le groupe de sujets contrôles dans toutes les conditions de renforcement sauf dans la condition R-/R+. Nous posons l’hypothèse qu’une difficulté de compréhension inhérente à cette condition est à l’origine, d’un mode de réponse plus prudent et “ évitant ” chez ces sujets, le nombre d’erreurs de commission restant néanmoins, dans cette condition, supérieur au nombre d’erreurs d’omission.

On note également que les sujets obsessionnels-compulsifs font plus d’erreurs d’omission que les sujets contrôles dans la condition de renforcement R-/R-, condition pour laquelle les erreurs, qu’elles quelles soient, sont systématiquement suivies d’un renforcement négatif. Cette condition est, par ailleurs, la seule dans laquelle ils présentent une tendance à faire plus d’erreurs d’omission que les sujets impulsifs. Le mode de renforcement uniquement négatif associé à cette condition explique, selon nous, une attitude de réponse préférentielle de ces sujets pour l’inhibition de la réponse. Dans une situation où l’émission d’un comportement n’est accompagnée que de conséquences négatives, les sujets obsessionnels adopteraient un mode de réponse comportementale caractérisé par une prudence et une inhibition importante. Cette hypothèse corrobore les études cliniques menées dans le cadre des thérapies comportementales et cognitives montrant que les sujets obsessionnels surévaluent la probabilité de survenue d’un événement négatif. Dans une situation qui nécessite une prise de risque importante, c’est-à-dire où la probabilité de survenue d’une conséquence négative à l’émission d’un comportement est estimée élevée, les sujets obsessionnels préfèrent éviter de s’engager dans cette situation et de réaliser le comportement.

Les profils de réponse obtenus par les groupe de sujets impulsifs et obsessionnels-compulsifs peuvent donc être interprétés selon leur spécificité. Les sujets impulsifs adopteraient un mode de réponse “ impulsif ” en fonction du caractère positif des renforcements attendus et estimés. Les sujets obsessionnels-compulsifs, quant à eux, présenteraient un mode de réponse “ impulsif ” pour toutes les situations hormis celles pour lesquelles l’émission d’une réponse motrice et /ou comportementale est “ risquée ”, c’est-à-dire qui est associée avec une grande probabilité de survenue d’un renforcement négatif, ce dont rendrait compte la supériorité des erreurs d’omission dans la condition spécifique R-/R-. Un tel profil associant de manière paradoxale impulsivité et évitement de la réponse motrice peut être interprété en terme de déficit d’inhibition comportemental primaire et de contrôle secondaire initié par une surestimation des risques associés à une action.