ANNEXE IV.
ECHELLE D’OBSESSION-COMPULSION DE YALE-BROWN
(Y-BOCS)

Consignes pour l’utilisation

Avant d’engager l’entretien avec les questions, donnez au patient une définition des ’obsessions’ et des ’compulsions’ comme suit :

’Les OBSESSIONS sont des idées pénibles, des pensées, des images ou des désirs impulsifs qui vous viennent à l’esprit d’une manière répétitive. Elles peuvent vous sembler apparaître contre votre volonté. Vous pouvez aussi les trouver répugnantes, reconnaître qu’elles sont dénuées de sens, ou estimer qu’elles ne correspondent pas du tout à votre personnalité. Elles sont souvent source d’angoisse’.

’Les COMPULSIONS, d’un autre côté, sont des comportements ou des actes que vous vous sentez obligé d’accomplir, même si vous les reconnaissez comme dénués de sens ou excessifs. Parfois, vous essayez de résister et de ne pas les faire, mais ceci s’avère souvent difficile. Vous pouvez ressentir une anxiété qui ne diminuera pas, tant que l’acte n’est pas accompli’.

Je vais vous donner quelques exemples d’obsessions-compulsions :

’Un exemple d’obsession serait la pensée récurrente ou le désir impulsif de faire gravement mal physiquement à vos enfants, même si vous ne l’aviez jamais voulu’.

’Un exemple de compulsion serait le besoin de vérifier le verrou de la porte d’entrée six fois avant de pouvoir quitter la maison. Si la plupart des compulsions sont des comportements observables, d’autres sont des actes mentaux inobservables comme une vérification silencieuse, ou la nécessité de vous répéter des phrases qui n’ont pas de sens, chaque fois que vous avez une mauvaise pensée’.

’Avez-vous des questions à poser sur le sens de ces deux mots ?’ (Si non, continuez).

En cas de mesures répétées, il n’est pas nécessaire de donner à nouveau ces définitions et ces exemples au patient dans la mesure où l’on est sûr qu’il les a bien compris. Il peut être suffisant de lui rappeler que les obsessions sont des pensées et les compulsions des actes, que l’on se sent obligé de faire, actes ou rituels mentaux.

Demandez au patient d’énumérer les obsessions et les compulsions qu’il a couramment afin d’établir une liste de symptômes cibles. Utilisez la ’checklist’ DES OBSESSIONS COMPULSIONS pour vous aider à identifier les symptômes actuels. Il est également utile de bien identifier des symptômes anciens dans la mesure où ils peuvent apparaître lors d’évaluations ultérieures. Après avoir identifié les obsessions et les compulsions, ordonnez-les sur la feuille répertoriant les SYMPTOMES CIBLES en fonction de critères cliniques facilement discernables (par exemple, répartissez les compulsions cibles en vérification et lavage). Notez les éléments pertinents des symptômes afin qu’ils puissent être plus facilement repérés (par exemple, quand on répertorie les vérifications, spécifiez ce que le patient vérifie). Assurez-vous bien de noter les symptômes les plus importants, par exemple, ceux qui feront l’objet principal de l’évaluation. De toute façon, le score final pour chaque item devra refléter une évaluation composite de l’ensemble des obsessions et des compulsions du patient.

Le notateur doit vérifier si les comportements rapportés sont des symptômes obsessionnels-compulsifs authentiques et non des symptômes d’un autre trouble tel que la phobie simple ou la paraphilie (déviations sexuelles).

Le diagnostic différentiel entre certains tics moteurs complexes et certaines compulsions (par exemple impliquant le toucher) peut être difficile voire impossible. Dans de tels cas, il est particulièrement important de fournir une description précise des symptômes cibles et d’être homogène lors de cotations ultérieures.

Une évaluation séparée de la sévérité du tic effectuée à l’aide d’un instrument de cotation spécifique des tics peut être nécessaire dans de tels cas.

Quelques items présents dans la liste de symptômes de la Y-BOCS tels que la trichotillomanie sont actuellement classés dans le DSM-III-R comme des symptômes d’un trouble du contrôle des impulsions.

Il est important de noter que l’utilisation de l’échelle Y-BOCS pour des troubles autres que le trouble obsessionnel-compulsif défini dans le DSM-III-R reste encore à valider.

Cependant, lors de l’utilisation de la Y-BOCS pour l’évaluation de la sévérité de symptômes ne faisant pas strictement parti du trouble obsessionnel-compulsif (par exemple la trichotillomanie), la pratique courante est d’effectuer la cotation à deux reprises, une fois pour les symptômes obsessionnels-compulsifs ’classiques’ et, dans un deuxième temps pour les symptômes pouvant être éventuellement reliés au trouble obsessionnel-compulsif.

De cette façon, on obtient deux scores séparés, un pour la sévérité des symptômes obsessionnels-compulsifs et un autre pour la sévérité des symptômes pour lesquels la relation avec le trouble obsessionnel-compulsif n’est pas certaine.

En cas d’évaluations répétées, revoyez les obsessions cibles et éventuellement modifiez-les avant de coter l’item 1, faites de même pour les compulsions avant de coter l’item 6. Veuillez noter les scores sur la dernière page.

’Je vais vous poser quelques questions sur vos obsessions’ (Veuillez faire référence aux obsessions cibles du patient). Noter les scores sur la feuille récapitulative.

1. DUREE DES PENSEES OBSEDANTES

’Combien de temps durent les pensées obsédantes ?’
Lorsque les obsessions surviennent d’une manière intrusive, brève et intermittente, il est parfois impossible d’évaluer leur durée en termes d’heures. Dans ce cas, estimez la durée en fonction de la fréquence de leur survenue. Prenez aussi bien en considération la fréquence survenue de la pensée, que le nombre d’heures dans la journée qui sont affectées par cette pensée. Demandez :’Combien de fois la pensée obsédante arrive-t-elle ? Assurez-vous d’exclure les ruminations et les préoccupations qui, contrairement aux obsessions, sont égo-syntoniques et rationnelles (mais exagérées).
0 = Nulle
1 = Légère (moins d’1 h par jour)ou survenue occasionnelle(pas plus de 8 fois par jour)
2 = Moyenne (1 à 3 h par jour)ou survenue fréquente (plus de 8 fois par jour, mais la journée se passe la plus grande partie du temps sans de la obsession)
3 = Importante (plus de 3 h par jour, jusqu’à 8 h par jour) ou survenue très fréquente (plus de 8 fois par jour et occupant une très grande partie de la journée)
4 = Extrêmement importante (supérieure à 8 h par jour, ou envahissement pratiquement constant) ; pensées tellement nombreuses que l’on ne peut les compter et il est très rare de passer 1 h dans la journée sans que plusieurs pensées ne surviennent.

2. GENE LIEE AUX PENSEES OBSEDANTES

’’Dans quelle mesure vos pensées obsédantes vous gênent-elles dans votre vie sociale ou professionnelle ? Y a-t-il des choses qu’il vous est impossible de faire à cause de ces pensées obsédantes ?’ (si actuellement le patient ne travaille pas, essayez d’évaluer de combien sa performance serait amoindrie si il travaillait)
0 = Nulle
1= Légère, faible gêne dans les activités sociales ou professionnelles mais l’efficacité globale du patient n’est pas altérée
2= Moyenne, nette gêne dans les activités sociales et professionnelles mais le patient peut encore faire face
3= Importante, cause une altération réelle des activités sociales et professionnelles du patient
4= Extrêmement importante :gêne invalidante

3. ANGOISSE ASSOCIEE AUX PENSEES OBSEDANTES

’Quel niveau d’angoisse ces pensées obsédantes créent-elles en vous ?’
(Dans la plupart des cas, l’angoisse est synonyme d’anxiété. Cependant des patients peuvent trouver leurs obsessions ’gênantes’ mais dénier ’l’anxiété’. Ne cotez ici que l’anxiété qui semble déclenchée par les obsessions, non pas l’anxiété généralisée ou l’anxiété liée à d’autres symptômes).
0 = Nulle
1 = Légère, rare et très peu gênante
2 = Moyenne, fréquente et gênante, mais que le patient gère encore assez bien
3 = Importante, très fréquente et très gênante
4=Extrêmement importante, pratiquement constante et d’une gêne invalidante.

4. RESISTANCE AUX PENSEES OBSEDANTES

Quel effort fournissez-vous pour résister aux pensées obsédantes ?’ Essayez-vous souvent de détourner votre attention de ces pensées quand elles vous viennent à l’esprit ? (n’évaluez ici que l’effort fourni par le patient pour résister, pas le succès ou l’échec dans le contrôle effectif des obsessions). L’effort fourni par un patient pour résister à ses pensées obsédantes peut ou non correspondre à sa capacité à les contrôler. Cet item n’est pas une mesure directe de la teneur des pensées qui surviennent, il mesure plutôt la manifestation de quelque chose de sain, à savoir, l’effort fourni par le patient pour contrecarrer les obsessions. Ainsi, plus un patient essaie de résister, moins cet aspect de son fonctionnement paraîtra altéré. 0 = Fait l’effort de toujours résister, ou symptômes si minimes qu’ils ne nécessitent pas qu’on leur résiste
1 = Essaie de résister la plupart du temps
2 = Fait quelque effort pour résister
3 = Cède à toutes les obsessions, sans essayer de les contrôler, mais est quelque peu contrarié de ne pouvoir mieux faire
4 = Cède volontiers et totalement à toutes les obsessions

5. DEGRE DE CONTROLE SUR LES PENSEES OBSEDANTES

’Quel contrôle exercez-vous sur vos pensées obsédantes ? Dans quelle mesure arrivez-vous à stopper ou à détourner vos pensées obsédantes ?’ (contrairement à l’item précédent sur la résistance, la capacité du patient à contrôler ses obsessions est plus directement reliée à l’importance des pensées qui surviennent) 0 = Contrôle total
1= Beaucoup de contrôle; généralement capable de stopper ou de détourner les obsessions avec quelques efforts et de la concentration
2 = Contrôle moyen, peut de temps en temps arriver à stopper ou à détourner ses obsessions
3 = Peu de contrôle, arrive rarement à stopper ses obsessions, peut seulement détourner son attention avec difficulté
4 =Pas de contrôle, semble totalement dépourvu de volonté, rarement capable de détourner son attention de ses obsessions, même momentanément

’Les questions qui suivent concernent vos comportements compulsifs’ (veuillez faire référence aux compulsions cibles du patient).

6. DUREE DES RITUELS

’Combien de temps passez-vous à faire des rituels ?’ Lorsque ce sont des rituels incluant des activités concernant la vie de tous les jours qui sont principalement présents, demandez : ’Combien de temps vous faut-il de plus qu’à la majorité des gens pour accomplir les activités quotidiennes, du fait de vos rituels ?’ Lorsque les compulsions se présentent comme des comportements brefs, intermittents, il peut paraître impossible d’évaluer le temps passé à les émettre, en termes d’heures. Dans ce cas, estimez la durée en déterminant la fréquence de leur émission. Considérer aussi bien le nombre de fois où les compulsions sont émises que le nombre d’heures par jour parasitées par ces compulsions. Notez le nombre de fois où le comportement compulsif apparaît, et non pas les répétitions ; par exemple, un patient qui va dans la salle de bain 20 fois par jour, à différents moments de la journée pour se laver les mains 5 fois de suite très rapidement émet des rituels 20 fois par jour, pas 5 fois, ni 100 fois (20x5). Demandez : quelle est la fréquence de vos rituels ? Dans la plupart des cas les rituels sont des comportements observables (par exemple, lavage des mains) mais il y a des cas où les compulsions ne sont pas observables (par exemple, des vérifications mentales) 0 = Nulle
1 = Légère (passe moins d’1 h à faire des rituels ou émission occasionnelle de conduites ritualisées pas plus de 8 fois par jour)
2 = Moyenne (passe de 1 h à 3 h par jour à faire des rituels) ou apparition fréquente des conduites ritualisées (plus de 8 fois par jour, mais le temps, en majorité, n’est pas envahi par les compulsions)
3 = Importante (passe plus de 3 h et jusqu’à 8 h par jour à faire des rituels) ou apparition très fréquente des conduites ritualisées (plus de 8 fois par jour, la plupart du temps est pris par les compulsions)
4 = Extrêmement importante (passe plus de 8 h par jour à faire des rituels) ou présence pratiquement constante de conduites ritualisées (trop importantes pour être dénombrées ; une heure se passe rarement sans qu’apparaissent plusieurs compulsions)

7. GENE LIEE AUX RITUELS

’Dans quelle mesure les rituels vous gênent-ils dans votre vie sociale ou professionnelle ? Y a-t-il des choses qu’il vous est impossible de faire à cause de vos rituels ?’ (si actuellement le patient ne travaille pas, essayer d’évaluer de combien sa performance serait amoindrie s’il tenait son emploi)
0 = Nulle
1 = Légère, faible gêne dans les activités sociales ou professionnelles, mais l’efficacité globale du patient n’est pas altérée
2 = Moyenne, nette gêne dans les activités sociales ou professionnelles, mais le patient peut faire face
3 = Importante, cause une altération réelle des activités sociales ou professionnelles du patient
4 = Extrêmement importante, gêne invalidante

8. ANGOISSE ASSOCIEE AUX RITUELS

Comment vous sentiriez-vous si l’on vous empêchait de faire votre (vos) rituel(s) ?’(pause) ’Seriez-vous très anxieux ?’ Evaluez le degré d’angoisse du patient si l’exécution du rituel était soudainement interrompue, sans réassurance en contre partie. Dans la plupart des cas; mais pas dans tous, le fait de ritualiser réduit l’anxiété. Si, d’après le jugement de l’évaluateur, l’anxiété est effectivement réduite, quand on empêche le patient de faire ses rituels comme décrit ci-dessus, alors demander : donnez-vous un indice de votre anxiété, pendant que vous faites les rituels jusqu’au moment où satisfait, vous cessez. 0 = Nulle1 = Légère, seulement légèrement anxieux si on l’empêche de ritualiser ou seulement une légère anxiété pendant l’accomplissement des rituels2 = Moyenne, dit que l’angoisse monterait mais resterait contrôlable si on l’empêchait de ritualiser, ou que l’anxiété augmente mais reste contrôlée pendant qu’il accomplit ses rituels3 = Importante, augmentation très nette et très éprouvante de l’anxiété si les rituels sont interrompus ou augmentation très nette ou très éprouvante de l’anxiété pendant l’accomplissement des rituels4 = Extrêmement importante, anxiété invalidante dès qu’une intervention vise à modifier l’activité ritualisée ou anxiété invalidante pendant l’accomplissement des rituels.

RESISTANCE AUX COMPULSIONS

’Quel effort fournissez-vous pour résister aux compulsions ?’ N’évaluez ici que l’effort fourni pour résister, pas le succès ou l’échec dans le contrôle effectif des rituels. L’effort du patient pour résister à ses rituels peut ou non correspondre à sa capacité à les contrôler. Cet item n’est pas une mesure directe de gravité des rituels, il évalue plutôt la manifestation de quelque chose de sain, à savoir, l’effort fourni par le patient pour contrecarrer les rituels. Ainsi plus le patient essaie de résister, moins cet aspect de son fonctionnement paraîtra altéré. Si les rituels sont très réduits, le patient peut très bien ne pas éprouver le besoin de leur résister. Dans ces cas, on donnera la cote 0.
0 = Fait l’effort de toujours résister, ou symptômes si minimes qu’ils ne nécessitent pas qu’on leur résiste
1 = Essaie de résister la plupart du temps
2 = Fait quelque effort pour résister
3 = Cède à tous les rituels, sans essayer de les contrôler, mais est quelque peu contrarié de ne pouvoir mieux faire
4 = Cède volontiers et totalement à tous les rituels

10. DEGRE DE CONTROLE SUR LES RITUELS

’Quelle est l’intensité de la pulsion qui vous oblige à ritualiser ?’ (pause). ’Quel contrôle pouvez-vous exercer sur les rituels ?’ (contrairement à l’item précédent sur la résistance, la capacité du patient à contrôler ses compulsions est plus directement reliée à l’importance des compulsions) 0 = Contrôle total
1 = Beaucoup de contrôle. Ressent une certaine obligation à accomplir les rituels, mais peut généralement exercer un contrôle volontaire sur cette pression
2 = Contrôle moyen, forte obligation à accomplir les rituels, peut la contrôler, mais avec difficulté
3 = Peu de contrôle. Très forte obligation à accomplir des rituels. Doit aller jusqu’au bout de l’activité ritualisée, ne peut différer qu’avec difficulté
4 = Aucun contrôle, l’obligation à accomplir les rituels est vécue comme complètement involontaire et irrésistible, ne peut que rarement différer même momentanément l’activité