Introduction générale

‘« La Mecque des économistes réside dans la biologie économique... Mais les conceptions biologiques sont plus complexes que celles de la mécanique ; un ouvrage sur les bases des sciences économiques doit donc toujours accorder une place centrale aux analogies mécaniques ; et un recours fréquent est fait au terme d’équilibre, suggérant une analogie statique », Marshall [1907] 2 , Principles of Economics, 5th Edition 3 .’

Economie réelle et appréhension de l’économie

Dans un article publié en 1995 dans le Journal of Economic Literature sur les théories évolutionnistes du changement technique, Nelson commente ce paragraphe. Il rappelle la distinction formulée par Marshall, dans la cinquième édition des Principles of Economics, entre une économie réelle, fondamentalement dynamique, et une analyse économique, empreinte de concepts d’équilibre et de stabilité. Il souligne l’importance accordée par Marshall à la compréhension non seulement des forces façonnant les variables économiques, mais surtout du changement économique. Dans ses commentaires sur l’originalité de cette nouvelle édition par rapport aux précédentes, Pigou [1907] insiste sur deux points, concernant le « dividende national » 4 et le temps. Sur le premier, Pigou note que « Marshall a élargi et aplani un chemin déjà tracé » 5 depuis Smith. Pour le second, Pigou explique que « Marshall a fait œuvre de pionnier dans quelque chose qui est pratiquement nouveau » 6 . Une interprétation rapide du commentaire de Nelson, pourrait laisser penser que l’adoption de concepts mécanistes correspond à la seule volonté d’employer des concepts « utilisables ». Or, les marginalistes ont construit leur analyse par analogie avec la mécanique, parce qu’ils ont une perception fondamentalement stable de l’économie. Autrement dit, les concepts d’équilibre économique développés par les économistes néoclassiques ont été inspirés par ceux de la mécanique, parce que ces économistes considèrent que l’économie est commandée par des forces qui, si elles ne sont pas entravées, permettent toujours de ramener l’économie à l’équilibre et d’y rester. Par ailleurs, si The Economics of Industry publié en 1879 7 et co‑écrit avec M. Marshall, et Industry and Trade édité en 1919 8 permettent à Marshall de définir, selon les termes de Maricic [1991], une « véritable analyse de la dynamique des techniques industrielles » 9 , laissant présager le développement d’outils formels basés sur une conception organique de l’économie, cette ambition n’a jamais été menée à bien.

La raison réside dans la difficulté inhérente à cette démarche, soulignée par Nelson [1995] : « alors qu’il est très attiré par les conceptions biologiques, il est évident que Marshall ne pense pas simplement à appliquer les théories biologiques en économie. En réalité, le fait que lui même se sente obligé d’avoir recours aux analogies mécaniques prouve qu’il perçoit la difficulté à développer une théorie formelle reposant sur des conceptions biologiques qu’il trouve si pertinentes pour l’analyse économique » 10 . Aussi, l’ambiguïté mise en avant par Marshall, entre des intuitions sur le fonctionnement de l’économie et des outils d’analyse non compatibles avec elles, ne caractérise finalement que sa propre démarche. Pour ses contemporains, le recours à des concepts appartenant à la mécanique découle d’une démarche réfléchie et ne signifie pas de quelconques errements méthodologiques de leur part, qu’il faudrait abandonner pour faire progresser les sciences économiques. Le jugement de Marshall soulève deux problèmes connexes :

Ces deux points sont intimement liés, puisque les intuitions se prolongent sur des méthodes et des outils compatibles et susceptibles d’accroître les connaissances sur le fonctionnement de l’économie. Cette distinction entre les croyances des économistes, concernant la dynamique de l’économie, et les notions employées pour la définir, est particulièrement intéressante pour comprendre le développement de l’analyse de la croissance. D’un point de vue général, Marshall met en avant le problème de la concurrence des théories économiques et l’évolution des sciences économiques. Pour nous, cela revient à savoir quelle analyse est capable d’expliquer l’origine du changement technique et son rôle sur la croissance. Le corollaire revient à comprendre comment l’économiste confronté à plusieurs analyses, tranche en faveur de l’une ou de l’autre. Notre travail consiste à voir cette question pour l’analyse de la croissance et du changement technique, sur laquelle travaillent à la fois les théories de la croissance endogène et les théories évolutionnistes. En rappelant que les premières s’appuient sur des concepts d’équilibre et les deuxièmes sur des notions d’évolution, on comprend aisément l’actualité des propos de Marshall. Les principales interrogations portent sur les raisons qui justifient l’existence de ces deux théories concurrentes et sur les caractéristiques de la confrontation elle‑même. Le principal problème de la comparaison des théories économiques est lié au fait que celles­‑ci reposent sur des intuitions, alors que le jugement final porte sur leurs propositions. Aussi, les différences de concepts découlent d’une appréciation différente de l’économie et ne résultent pas d’erreurs d’appréciation de la part des uns ou des autres. Dès lors, il devient difficile de déterminer des critères de jugements objectifs permettant d’apprécier les analyses concurrentes. Ce point se décline en deux niveaux :

Evidemment, ce dilemme ne se présente pas dans la réalité de manière aussi prononcée. Les travaux économiques sont un incessant « aller‑retour » entre les différentes théories, et associent le plus souvent les idées des unes avec celles des autres. Le problème de la compatibilité entre les hypothèses est alors une question légitime à poser. A l’inverse, comme les politiques publiques ne commencent, par définition, qu’au niveau des résultats proposés par les théories, et non pas au niveau des hypothèses, la question de la compatibilité est moins cruciale. En d’autres termes, le « pragmatisme » l’emporte sur le discours théorique. Pour en finir avec le décalage entre les intuitions de Marshall et le recours à des concepts mécanistes, et pour préciser le sens à donner aux théories évolutionnistes, Nelson [1995] propose un commentaire sur les liens entre le discours verbal et le discours formel. Il note que « décrire et expliquer, dans un contexte où il est important d’être sensible aux détails, est une chose. Proposer une théorie en est une autre » 11 . Toutefois, il précise que cette proposition pose problème parce que « plus le discours d’un problème particulier est éloigné de la théorie formelle, moins la structure analytique permet à la théorie de fournir ce discours. Les économistes qui s’abstiendraient de discours de l’équilibre et utiliseraient les « conceptions biologiques » pour leurs descriptions et leurs explications, subiraient un coût analytique. Ceux qui le font implicitement, supposent que la structure analytique de la théorie de l’équilibre manque d’éléments qu’ils tiennent pour essentiels et sont alors prêts à supporter ce coût » 12 . Cette remarque permet de mettre en évidence les idées d’évolution qui sont parfois suggérées dans les travaux néoclassiques, mais qui ne sont pas formalisées. Ce point est explicité dans la deuxième partie, lorsque nous présentons l’argument de Winter à l’encontre du point de vue de Friedman sur la maximisation des firmes 13 .

Dans ses remarques sur la nature de l’économie, Marshall souligne les difficultés inhérentes à l’analyse du changement économique. Son propos reste d’actualité, puisque la compréhension de la dynamique économique et de la croissance n’a cessé d’opposer les économistes. C’est le cas pendant les années cinquante et soixante, lors de la controverse de Cambridge, et moins formellement depuis le milieu des années quatre‑vingts avec la présence des « nouvelles théories néoclassiques de la croissance » 14 et des théories évolutionnistes du changement technique. L’analyse de la croissance n’est évidemment pas la seule à mettre en jeu plusieurs théories alternatives. Cependant, elle est particulièrement représentative de ces oppositions. Pour s’en convaincre, il suffit de s’intéresser aux enjeux de la controverse de Cambridge. Des discussions menées par les néoclassiques de la synthèse et les néo‑cambridgiens, la plus intéressante concerne les conclusions qu’ils en ont tirées. Celles‑ci montrent bien que le fond de la discorde repose sur une formalisation des politiques économiques à mettre en œuvre, ou en d’autres termes, sur les réponses à apporter pour devenir « le conseiller du prince ». Ce point n’est pas anecdotique, comme en attestent les responsabilités des uns et des autres auprès des dirigeants politiques de leurs pays respectifs :

Parmi les économistes les plus impliqués dans la controverse sur le capital, Joan Robinson pourrait presque faire figure d’exception. Cependant, son implication permanente dans les questions de sous‑développement l’a rapprochée de plusieurs pays concernés par ces problèmes. Sur ce point, Harcourt [1998] note la proximité intellectuelle de Joan Robinson avec son mari. Il précise que dans les années d’après‑guerre, Austin Robinson intervient comme consultant à Taiwan, au Bangladesh et au Pakistan, alors que Joan Robinson entreprend de nombreuses visites en Chine et en Inde. Dans les années cinquante, Joan Robinson propose notamment trois « leçons » 15 en Chine, à propos desquelles Harcourt note qu’ « elles sont remarquables en cela qu’elles contiennent le squelette des politiques mises en place actuellement par les autorités chinoises ‑ un mélange pragmatique et graduel, basé sur un mécanisme d’essai‑erreur, de marché, d’ouverture et de contrôle central » 16 .

Le rôle de conseiller est tout à fait compréhensible, puisque les économistes n’ont pas pour seule vocation de produire des travaux théoriques. Leur objectif final consiste précisément à proposer des applications concrètes pour le système économique. Toutefois, sur ce point, la part entre les croyances et la théorie peut paraître plus difficile à cerner. Aussi, les discussions peuvent être longues sur ce qui peut sembler être des points de théories, mais qui relève des valeurs des uns et des autres. Notre propos est justement de proposer un cadre d’analyse rigoureux sur ce point pour les théories de la croissance endogène et les théories évolutionnistes.

Confrontation théorique et progrès de l’analyse

Une des caractéristiques remarquables de l’analyse de la croissance porte sur sa nature conflictuelle. Malinvaud [1993] rappelle que l’article de Solow a comme principal objectif de s’opposer aux résultats théoriques de Harrod et Domar. Ceux‑ci montrent que le long terme se caractérise par un excès chronique d’épargne et une menace latente de dépression. De manière analogue, les recherches post‑keynésiennes de Robinson et de Kaldor sont menées dès les années cinquante à l’encontre des analyses néoclassiques. Dans la première partie, nous revenons plus en détail sur le contenu et l’issue de la controverse de Cambridge 17 . Vue sous cet angle, l’histoire de l’analyse de la croissance correspond à une succession de périodes plus ou moins conflictuelles. Les phases de confrontation engendrent de nombreux travaux, de nombreuses discussions et finalement une évolution importante de la manière de conduire l’analyse. Les phases plus « consensuelles » supposent au contraire une faible émergence d’idées nouvelles et un ralentissement du dynamisme de la problématique traditionnelle. Le manque d’intérêt de l’analyse de la croissance des années soixante‑dix s’explique alors par l’absence de confrontation théorique entre analyses alternatives liée à la fin de la controverse de Cambridge. En 1979, Solow [1982] s’interroge sur l’analyse néoclassique de la croissance et avoue trouver des signes tendant à montrer que la présentation traditionnelle de la théorie de la croissance est dans une impasse. Il note que « quiconque s’intéressant aujourd’hui à la théorie économique sait bien au fond de lui‑même que la théorie de la croissance est une entreprise infructueuse » 18 . Il refuse néanmoins de considérer cette situation comme immuable et avoue être convaincu de l’émergence d’une idée nouvelle.

Le sentiment d’un essoufflement de l’analyse néoclassique de la croissance est également présent chez Nelson et Winter dès 1974. Dans « Neoclassical vs Evolutionary Theories of Economic Growth » paru dans l’Economic Journal et préfigurant An Evolutionary Theory of Economic Change publié en 1982, ils notent qu’ « il semble évident que les recherches sur la croissance économique menées par la théorie néoclassique créent de nouveaux problèmes plus rapidement qu’elle ne les résout. On peut continuer à chercher des solutions à ces problèmes en utilisant les hypothèses néoclassiques. On peut aussi essayer une nouvelle tactique » 19 . La volonté de rompre avec l’analyse néoclassique conduit Nelson et Winter à interpréter les résultats obtenus par Solow en 1957 au sein d’une analyse évolutionniste. Nous présentons les résultats de Solow dans la première partie 20 et la démarche de Nelson et Winter dans la deuxième partie 21 . Notons déjà que les deux objectifs formulés par ces derniers sont explicites :

Notre remarque précédente sur les phases de dynamisme ou d’apathie de la science trouve une nouvelle illustration avec le regain des théories néoclassiques de la croissance. Fécondes une première fois pendant leurs débats houleux avec les théories néo‑cambridgiennes, elles ont perdu de leur vigueur quand ces dernières ont été définitivement marginalisées, mais elles ont actuellement retrouvé leur dynamisme pour s’opposer aux théories alternatives que sont les théories évolutionnistes. Le découpage de l’analyse de la croissance en deux phases distinctes, peut s’interpréter avec d’autres mots. Il illustre l’essoufflement des théories néoclassiques de la croissance et le déplacement de leurs thèmes de recherche. Ainsi, en juin 2000, Romer explique qu’ « au milieu du vingtième siècle, on pouvait prétendre que la prévention des dépressions était le travail le plus urgent, mais au moins pour les pays les plus avancés, les progrès des politiques macro‑économiques de stabilisation ont réduit la peur d’un effondrement économique et ont même réduit la fréquence des récessions légères. Dans cet environnement, l’attrait de nouvelles politiques de croissance est irrésistible. Si une économie peut augmenter le trend de son taux de croissance d’une petite quantité, l’effet cumulatif sur les niveaux de vie est trop important pour être ignoré » 22 . Ce point est explicité dans la première partie à la lumière de remarques formulées par Barro et Sala‑i‑Martin [1995] 23 .

Les motivations et le sens de notre démarche

La démarche de notre travail s’appuie sur une intuition simple. Les théories de la croissance endogène et les théories évolutionnistes ont chacune une origine différente, mais leurs développements respectifs ont montré qu’elles pouvaient s’ « affronter » de manière théorique sur des thématiques particulières. A titre d’exemple, rappelons que Nelson [1995] distingue parmi les théories évolutionnistes, les « modèles évolutionnistes de croissance économique alimentée par les avancées techniques » 24 . Il note que « les théories évolutionnistes présentées ici ont été mises en avant par leurs auteurs comme des alternatives à une autre théorie ‑ dans ce cas, la théorie néoclassique de la croissance » 25 . Dans le même temps, Aghion et Howitt [1998] précisent, dans l’introduction de leur ouvrage, qu’un de leurs objectifs est de « montrer que la théorie de la croissance endogène est un outil puissant et flexible pour analyser la croissance économique et les nombreux autres phénomènes qui s’y rattachent » 26 . Ils poursuivent : « nous montrons comment ces modèles [de croissance endogène] peuvent être étendus et généralisés dans de multiples directions, appliqués à de très nombreux problèmes et qu’ils constituent le point de départ d’un programme de recherche à la fois vaste et passionnant » 27 . Aussi, à la lecture de ces deux points de vue, et puisque les sciences économiques sont une entreprise dynamique, l’élargissement des thèmes incorporés dans la problématique de la croissance endogène et la multiplication des travaux évolutionnistes ne peuvent que rendre de plus en plus ténue la distinction, en termes de thématiques, entre ces deux approches.

D’ailleurs, cette idée est fréquemment mise en avant d’une manière ou d’une autre dans de nombreux travaux sur la croissance ou sur l’innovation. Nous reviendrons précisément sur ce point dans la conclusion de la deuxième partie et, de manière ponctuelle, de nombreuses fois tout au long de ce travail. Cependant, si elle est partagée, cette intuition n’est jamais étudiée dans le détail. La raison est, selon nous, assez simple : la plupart du temps, les économistes qui soulignent cette question, s’intéressent soit à l’une des deux théories particulièrement, soit à des problèmes « empiriques » liés à la croissance et/ou à l’innovation. Or, dans le premier cas, ils rappellent rapidement qu’une autre approche existe, mais ne rentrent pas dans les détails méthodologiques que cette approche soulève. Dans le second cas, ils mentionnent les outils théoriques qu’ils utilisent ‑ parfois les deux ‑, mais ne se focalisent pas non plus sur les problèmes méthodologiques liés au recours simultané à deux théories. De ce point de vue, il n’existe pas de « controverse » explicite entre les approches. Notre travail consiste justement à chercher des éléments tangibles de comparaison entre les théories néoclassiques de la croissance et les théories évolutionnistes de l’industrie et de la technologie, dont les développements respectifs témoignent de leur vigueur et de leur crédibilité au sein de la communauté scientifique. Une des exceptions les plus notables est fournie par Saviotti en 1996 avec son ouvrage Technological Evolution, Variety and the Economy. Saviotti précise que « le principal objectif de ce livre n’est pas de revendiquer une théorie particulière, mais de contribuer à notre compréhension du changement technique » 28 . Pour cette raison, il est nécessaire selon lui de proposer « une définition plus adéquate de ce qui est entendu par théorie évolutionniste et des critères méthodologiques nécessaires pour comparer les théories » 29 . Néanmoins, sa démarche consiste principalement à décrire le changement technique en ayant recours aux outils évolutionnistes, dans la mesure où il les trouve plus pertinents.

La principale raison qui justifie notre volonté d’apporter quelques éclairages sur cette concurrence théorique, est liée à la nécessité de trancher par moment entre des propositions alternatives concernant les politiques publiques. A titre d’exemple, et sans entrer dans les détails puisque la question des politiques publiques constitue un des principaux points de la troisième partie, rappelons les remarques de Lipsey et Carlaw [1998] concernant l’appréciation d’un programme public, mené au Canada au milieu des années quatre‑ving‑dix. Baptisé Industrial Research Assistance Program (IRAP), l’objectif « final » de ce programme est d’accroître le rythme du changement technique au Canada. Or, les auteurs montrent que l’appréciation différente de l’innovation technologique, qu’ont les économistes néoclassiques et les évolutionnistes, conduit à deux interprétations inconciliables sur les moyens à mettre en œuvre pour aboutir au résultat souhaité. Après avoir rappelé qu’ils adhèrent à la théorie évolutionniste et que l’IRAP s’est inspiré de cette théorie, ils notent qu’ « à l’inverse de notre évaluation, ceux qui ont recours aux approches néoclassiques ont été critiques vis‑à‑vis de l’IRAP » 30 . Les auteurs ont bien évidemment en tête le contenu du programme et non pas le programme lui‑même. Dans la troisième partie, nous revenons sur les évaluations contradictoires de ce programme 31 .

Présentation du plan de la thèse

Les principales difficultés rencontrées au cours de nos recherches sont liées à l’étendue des thèmes abordés :

Pour apporter des éléments de réflexion sur la confrontation des théories à la fois au niveau théorique et au niveau empirique, nous proposons trois parties et la démarche suivante :

En résumé : les principales questions abordées dans la thèse

Notre travail peut‑être appréhendé sous l’angle de quatre questions. L’ensemble de notre propos consiste à apporter des éléments de réflexion permettant finalement de répondre à ces questions, posées dans les deuxième et troisième parties.

Première question : Une des théories est‑elle supérieure à l’autre du point de vue de ces avancées théoriques ?

Nos conclusions sont proposées p. 369, à la fin de la deuxième partie.

Deuxième question : Une des théories est‑elle supérieure à l’autre du point de vue de l’explication économique de la convergence/divergence des taux de croissance ?

Nos conclusions sont proposées p. 470, à la fin du deuxième chapitre de la troisième partie.

Troisième question : Une des théories est‑elle supérieure du point de vue de la justification de la politique économique en faveur de l’innovation ?

Nos conclusions sont proposées p. 524, à la fin de la deuxième section du troisième chapitre de la troisième partie.

Quatrième question : Une des théories est‑elle supérieure du point de vue de la justification de la politique économique en faveur de l’éducation ?

Nos conclusions sont proposées p. 552, à la fin de la troisième section du troisième chapitre de la troisième partie.

Notes
2.

Marshall A. [1907], Principles of Economics, 5th Edition, MacMillan, London.

3.

« The Mecca of the economist lies in economic biology... But biological conceptions are more complex than those of mechanics ; a volume on Foundations must therefore give a relatively large place to mechanical analogies; and frequent use is made of the term equilibrium, which suggests something of a static analogy », Marshall [1907], cité par Nelson [1995], p. 48.

4.

« National dividend ».

5.

« Marshall has broadened and levelled a road already traced », Pigou [1907].

6.

« He has broken ground that was practically new », Pigou [1907].

7.

Marshall A. ‑ Marshall M. [1879], The Economics of Industry, MacMillan, London.

8.

Marshall A. [1919], Industry and Trade, MacMillan, London.

9.

Maricic [1991], p. 19.

10.

« Yet while he was attracted to biological conceptions, it is apparent that Marshall never had in mind simply applying biological theory to economics. Indeed, the fact that he felt himself forced to fall back on mechanical analogies tells us that he found it very difficult to develop a formal theory, based on biological conceptions, that he thought adequate for economic analysis », Nelson [1995], p. 49.

11.

« Describing, and explaining, in a context where it is important to be sensitive to the details, is one thing. Theorizing is quite another », Nelson [1995], p. 49.

12.

« The farther the language of particular explanation is from the logic of formal theory, the less analytic structure the latter can provide the former. Economists who could eschew equilibrium language, and use « biological conceptions » in describing and explaining must pay an analytic price. Those who do implicitly are taken a position that the analytic structure of equilibrium theory misses elements they regard as essential to their story, and thus are willing to pay that price », Nelson [1995], pp. 49‑50.

13.

Voir p. 305.

14.

La dénomination « nouvelles théories néoclassiques de la croissance » est équivalente à celles de « théories de la croissance endogène ». Notons également que nous employons indifféremment les expressions « théories évolutionnistes de l’industrie et de la technologie » et « théories évolutionnistes du changement technique ». Par défaut, les expressions « théories évolutionnistes » et « évolutionnisme contemporain » font référence aux théories évolutionnistes précédemment définies. Par ailleurs, tant pour les théories de la croissance endogène que pour les théories évolutionnistes, l’emploi ponctuel du singulier ne signifie pas qu’il existe une seule théorie de la croissance endogène ou une seule théorie évolutionniste. Cet emploi peut faire référence à une théorie particulière, par exemple la théorie évolutionniste proposée par Andersen [1994] ou la théorie de la croissance endogène de Lucas [1988], mais correspond aussi à une dénomination générique.

15.

« Lectures ».

16.

« They are remarkable in that they contain in skeleton outline the policies which, broadly, the Chinese authorities are implanting now ‑ a pragmatic, gradualist, trial and error mix of the market, openness and central control », Harcourt [1998], pp. 372‑373.

17.

Voir pp. 43 et suivantes.

18.

« Anyone working inside economic theory these days knows in his or her bones that growth theory is now an unpromising pond for an enterprising theorist to fish in », Solow [1982], p. 393.

19.

« It seems obvious that research on economic growth within the neoclassical theory is creating new intellectual problems more rapidly than it is solving them. One can continue to search for solutions to these problems guided by the assumptions of neoclassical theory. Or, one can try a new tack », Nelson ‑ Winter [1982], p. 890.

20.

Voir p. 78.

21.

Voir p. 290.

22.

« In the middle of the twentieth century one might have argued that preventing depressions was the more urgent challenge, but at least in the advanced countries of the world, progress in macroeconomic stabilization policy has reduced the threat of a paralyzing economic collapse and even reduced the frequency of mild recessions. In this environment, the lure of better growth policy is compelling. If an economy can increase its trend rate of growth by even a small amount, the cumulative effect on standards of living is too big to be ignore », Romer [2000], pp. 3‑4.

23.

Voir p. 99.

24.

« Evolutionary Models of Economic Growth Fuelled by Technical Advance », Nelson [1995], titre de la quatrième partie de l’article.

25.

« The evolutionary theories presented here have been put forth by their authors as express alternatives to another theories ‑ in this case neoclassical growth theory », Nelson [1995], p. 67.

26.

Aghion ‑ Howitt [1998], p. 3.

27.

Aghion ‑ Howitt [1998], p. 3.

28.

« The main purpose to this book is not to make claims for a particular theory, but to contribute to our understanding of technological change », Saviotti [1996], p. 9.

29.

« A more adequate definition of what is meant by evolutionary theories and some methodological criteria needed to compare theory », Saviotti [1996], p. 9.

30.

« In contrast to our assessment, those who used neoclassical approaches have been critical of IRAP », Lipsey ‑ Carlaw [1998], p. 58.

31.

Voir p. 522.