1.1. La démarche de Popper

La philosophie de la science de Popper repose sur deux propositions essentielles :

  • la première concerne le « critère de démarcation » entre les sciences et les pseudo‑sciences et le « principe de la vérifiabilité ». Elle suggère que la science se caractérise par l’aptitude de ses propositions à être en principe infirmables, contrairement à la pseudo‑science. Elle rejette également les « stratagèmes immunisateurs », dont le rôle est de préserver les développements théoriques de la réfutation ;
  • la seconde proposition porte sur l’infirmation et suggère dans sa version naïve d’écarter une théorie réfutée par un test sans pour autant l’accepter définitivement si elle n’est pas réfutée. Une version sophistiquée propose de retenir plusieurs tests, et non un seul, avant de rejeter définitivement une théorie.

La thèse de Duhem‑Quine modère profondément ce dernier point. Issue des travaux du physicien Duhem en 1906 54 et du philosophe Quine en 1951 55 , elle suggère l’impossibilité de vérifier une hypothèse indépendamment du groupe d’hypothèses dont elle dépend. Elle insiste sur la difficulté à connaître l’origine de la réfutation et par conséquent s’interdit d’infirmer définitivement les hypothèses. Nous verrons dans la deuxième partie que ce point prend toute sa signification avec la notion de programme de recherche scientifique proposée par Lakatos.

Notes
54.

Duhem P. [1906], La théorie physique, son objet et sa structure, M. Rivière, Paris.

55.

Quine W. van [1951], « Two Dogmas of Empiricism », Philosophical Review, vol. 60, no. 1, January, pp. 20‑43.