Section 1. Les sources de l’évolutionnisme de l’industrie et de la technologie

Dès 1974, Nelson et Winter indiquent que « ‘les difficultés apparaissent plus nettement lorsqu’on considère le rôle majeur des concepts d’innovation et d’imitation dans la littérature sur le changement technique et la lourdeur de ces concepts au sein de la théorie néoclassique. Le concept d’innovation implique l’idée de nouveauté et n’est manifestement pas défini de manière adéquate en termes de changement induit des choix au sein d’un ensemble de choix constants donnés ’» 619 . Autrement dit, Nelson et Winter [1982] déplorent l’impossibilité de « la formulation orthodoxe (...) à concilier les analyses de la croissance menées au niveau de l’économie ou des secteurs et ce qui est connu sur les processus de changement technique au niveau micro‑économique » 620 . Par opposition, selon Paulré [1997], la théorie évolutionniste « de l’innovation et du changement technique » identifie « dans tout changement technique le résultat ou le produit de processus continus engendrés par des agents micro‑économiques hétérogènes ayant la capacité de modifier leur comportement et leurs opérations par apprentissage et contribuant, par leurs interactions mêmes, à transformer les structures techniques globales ou locales » 621 . De cette définition émergent au moins trois problématiques : l’hétérogénéité des comportements individuels, les processus d’évolution technologique et les changements dans les structures industrielles. En fait, ces niveaux d’analyse se déclinent eux‑mêmes en plusieurs analyses évolutionnistes.

Notes
619.

« The difficulties can be seen most sharply by considering the major role of the concepts of innovation and imitation in the literature on technical change referred to above, and the awkwardness of these concepts within neoclassical theory. The concept of innovation carries the connotation of something novel, and clearly is not adequately characterised in terms of an induced change in choice within a given and constant choice set », Nelson ‑ Winter [1974], p. 888.

620.

« The orthodox formulation offers no possibility of reconciling analyses of growth undertaken at the level of economy or the sector with what is known about the processes of technical change at the microeconomic level », Nelson ‑ Winter [1982], p. 206

621.

Paulré [1997], p. 252.