Dans l’introduction de ses « textes choisis » 750 , regroupés dans Economic Performance and the Theory of the Firm, Teece [1998] avance des remarques intéressantes sur l’histoire de la théorie de la firme. Il note que « ‘l’économie est une discipline encore jeune. Elle a été développée pour aider à la compréhension de la richesse des nations, et non de la valeur des entreprises commerciales. En fait, c’est seulement dans la seconde moitié du siècle, avec la parution de l’article de Coase sur ’ ‘«’ ‘ la nature de la firme ’ ‘»’ ‘ (...) que les économistes ont tenté de s’atteler à l’analyse économique de l’entreprise commerciale. Malgré quelques faux départs, nous commençons progressivement à développer une explication de la firme. Cependant, nous avons plusieurs décennies de recherche devant nous avant de commencer à avoir une théorie de la firme qui soit aussi raffinée que notre théorie des marchés’ » 751 .
Notre ambition n’est pas de voir dans le détail les éléments constitutifs d’une théorie de la firme ou d’apprécier les différentes analyses qui peuvent relever d’une telle théorie. D’ailleurs, les travaux évolutionnistes sur la firme s’inscrivent dans une démarche fondamentalement pluraliste afin de proposer une théorie alternative à l’analyse néoclassique. En conséquence, les objectifs poursuivis par les contributions évolutionnistes sur la firme sont plus ou moins éloignés de ceux des travaux sur la dynamique industrielle ou technologique. Toutefois, l’analyse des caractéristiques de la firme est incontournable pour nous, dans la mesure où l’entreprise est au cœur du changement technique. Les modèles proposés en 1982 par Nelson et Winter sont représentatifs de cette démarche, en ce qu’ils sont une première étape vers la construction de modèles de croissance ou d’évolution industrielle.
« Selected essays ».
« Economics is still quite a young field. It was first developed to help explain the wealth of nations, not the value of the business enterprise. Indeed, it is only in the last half century, beginning in my view with Coase’s article on « The Nature of the Firm » (...), that economists have tried to grapple with the economics of the business enterprise. Despite a few false starts, we are gradually beginning to develop an understanding of the firm. However, we have many decades of research ahead of us before we begin to have a theory of the firm that is anywhere near as sophisticated as our theory of markets », Teece [1998], pp. xxi‑xxii.