Chapitre 1
Des faits à la théorie et de la théorie à la politique économique

Dans une présentation de l’apparition historique des sciences sociales, Valade [1996] explique qu’au dix‑neuvième siècle, la science s’appuie sur les notions du vrai, de l’intelligible et du réel. A partir de ces trois éléments, on distingue la « science pure », organisée à partir d’un raisonnement hypothético‑déductif, le « modèle empirico‑formel », associant au donné empirique une dimension formelle et la « science herméneutique », utilisant un système interprétatif pour décrire des situations et des significations. Cette définition complète la classification des types de connaissance proposée par Condorcet, à la fin du dix‑huitième siècle. Pour ce dernier, les « vérités mathématiques », indépendantes de l’existence, côtoient les « vérités physiques », pour lesquelles l’existence est validée par la sensation, et les « vérités hypothétiques », caractérisant les sciences morales. Citons d’ailleurs une remarque de Valade qui insiste sur le fait qu’en plaidant pour la constitution de la « science de l’homme » sur le modèle des sciences exactes, Condorcet participe au divorce de la science et de la subjectivité. Les implications méthodologiques du monisme méthodologique, ainsi que les principales critiques adressées à son encontre, ont déjà été présentées dans le premier chapitre de la deuxième partie 989 . Cependant, concernant les notions d’appréciation du réel en sciences économiques, deux points doivent être explicités. Il s’agit de la nature des « faits » dans les sciences économiques et des liens entre la théorie et les faits.

Notes
989.

Voir p. 177.