Chapitre 2
L’explication économique du rôle de la technologie dans la divergence des taux de croissance nationaux

Dans ce chapitre, nous nous appuyons sur ce que nous avons montré dans la deuxième partie, à savoir l’imbrication, au sein de chacun des programmes de recherche, des différentes théories entre elles. Ainsi, les théories évolutionnistes associent étroitement les questions liées à la croissance et celles concernant l’innovation, alors que dans le même temps, au sein du programme de recherche néoclassique, l’écart entre les théories de l’innovation et de la croissance a été réduit. L’analyse néoclassique de la croissance peut à nouveau puiser dans des théories néoclassiques qui lui sont complémentaires pour enrichir son propre discours théorique. Deux exemples justifient cette complémentarité « retrouvée » :

La dernière phrase de cette citation permet d’insister sur la recherche de liens plus forts entre les théories de l’innovation et les théories de la croissance, dont Aghion et Tirole considèrent qu’elles sont évidentes, même si elles ne sont pas toujours explicites. D’ailleurs, encore une fois, leur démarche consiste justement à apporter des explications précises sur ces liens. En note de bas de page, ils notent ainsi « par exemple, la littérature « néo‑schumpeterienne » récente souligne que le taux de croissance de long terme de la productivité dépend de la fréquence et du niveau des innovations. Aghion et Tirole [1994] montrent que tous les deux sont affectés par la forme organisationnelle de la recherche » 1028 . Dans le troisième chapitre, consacré à l’étude des éléments de politiques publiques énoncés par les théories évolutionnistes et par les théories de la croissance endogène, nous revenons sur la démarche de Aghion et Tirole 1029 .

Notes
1025.

Voir p. 168.

1026.

« The organization of the R&D activity in an incomplete contract framework », Aghion ‑ Tirole [1994], p. 1185.

1027.

« Opening the black box of R&D activities can serve both micro and macro purposes. On the micro side, it can provide theoretical foundations: a) to interpret existing findings by the empirical R&D literature; b) to better understand the « law and economics » of R&D contracting and to help build more efficient organization of research; c) to guide government intervention in the R&D sector. On the macro side, a theory of the organization of R&D can provide new insights into the relationship between the volume and nature of R&D activities and the business cycle; finally, it can help introduce organizational considerations into the analysis of the process of economic growth », Aghion ‑ Tirole [1998], p. 23.

1028.

« For example, the recent « neo‑Schumpeterian » literature points out that the long‑run rate of productivity growth depends on the frequency and the size of innovations. As shown in Aghion and Tirole [1994], both turn out to be affected by the organizational firm of research », Aghion ‑ Tirole [1998], p. 23.

1029.

Voir p. 500.