2.2. Innovation, connaissances et croissance économique

Les activités de R&D sont une source de croissance (endogène) pour les économies et un autre élément d’explication de la divergence. Elles recouvrent le même phénomène économique que les rendements croissants, mais apportent un contenu économique supplémentaire. Romer [1994] énonce cinq faits stylisés des théories de la croissance endogène. Ces derniers doivent permettre d’aller à l’encontre des hypothèses prétendant « que le changement technique est exogène et que les mêmes opportunités apparaissent dans tous les pays du monde » 1120 . Ils montrent que :

Romer [1994] explique que les trois premiers faits peuvent être expliqués par le modèle de Solow. Mais la prise en compte d’une connaissance définie comme un bien public s’oppose au dernier fait et nécessite que cette proposition soit amendée. Romer indique alors que les modèles de croissance endogène néo‑schumpeteriens, en s’inspirant des travaux de l’économie industrielle sur la concurrence imparfaite concernant l’existence de pouvoirs de marché, peuvent désormais s’accorder avec le dernier fait. Le quatrième fait est, quant à lui, mis en avant par un article de Shell en 1966 1121 . Le problème consiste à apporter une explication pouvant dépasser le raisonnement du modèle traditionnel qui n’accorde aucune ressource au progrès technique, dans la mesure où tout le produit est intégralement réparti entre le capital et le travail. Romer [1994] note que l’idée de Shell est que le niveau de technologie est financé par l’impôt collecté par le gouvernement. Enfin, concernant également le quatrième fait, nous avons rappelé que depuis l’article de Arrow [1962b], l’accent est mis sur l’importance des activités du secteur privé sur le développement technologique. Ce quatrième point est très important pour Romer, puisque nous avons vu dans la deuxième partie, que la prise en compte d’un financement privé de l’innovation est une des motivations essentielles de son modèle de 1986 1122 . Quoi qu’il en soit, les activités d’innovation et les résultats de ces activités répondent finalement au deuxième et au cinquième fait. Cette description particulière signifie que « dans le langage des finances publiques, les biens ordinaires sont des biens rivaux, alors que l’information est un bien non‑rival » 1123 . Dans le même temps, « même si l’information qui résulte de la découverte est non‑rivale (...), les découvertes économiquement importantes ne remplissent généralement pas l’autre condition pour être un bien public ; elles sont typiquement partiellement exclusives ou exclusives au moins pour un certain temps » 1124 . En fait, si Romer [1994] définit les résultats de l’innovation, il ne dit rien sur la nature des activités d’innovation.

Or, Aghion et Howitt [1998] précisent que la R&D n’est pas une activité homogène, mais qu’elle recoupe différents aspects économiques. Ils rappellent notamment les distinctions traditionnelles entre invention et imitation, innovation et imitation et innovation et apprentissage par la pratique. Néanmoins, ils indiquent que ces différentes distinctions peuvent être résumées en une seule. Plus particulièrement, ils notent que « c’est seulement par souci de clarté que nous supposerons qu’une démarcation claire peut être effectuée entre les innovations fondamentales et les innovations secondaires. Pour être plus précis, nous associerons la R&D à la recherche fondamentale et l’apprentissage par la pratique à la recherche appliquée. (...) En dépit des restrictions précédentes, notre analyse s’applique aux autres dichotomies que nous avons énumérées. Afin que le lecteur en soit convaincu, nous appliquerons les résultats obtenus dans le contexte de la distinction entre recherche fondamentale/apprentissage par la pratique à la dichotomie recherche/développement » 1125 . Dans leur esprit, « les innovations fondamentales découlent de la recherche et consistent à créer des nouvelles gammes de produits potentiels. Inversement, les innovations secondaires sont le fruit du développement et consistent à mettre au point un produit donné d’une gamme nouvelle » 1126 .

Aghion et Howitt [1998] énoncent une remarque importante du point de vue des liens entre les travaux théoriques et empiriques. Ils expliquent que « ‘s’il y a quelques progrès sur le plan théorique, (...) ce n’est peut‑être pas le cas sur le plan empirique. La connaissance n’est pas un bien comme les autres, il est nécessaire de la mesurer différemment et sa relation au système des prix est également différente de celle des autres biens’ » 1127 . Cette situation les conduit à préciser que si la théorie précède la mesure, c’est parce qu’elle n’a pas réussi à produire de concepts utilisables. Cette remarque nécessite évidemment quelques commentaires, puisque la mesure ne peut pas, par définition, être antérieure à la théorie, comme nous l’avons déjà suggéré de nombreuses fois. Néanmoins, elle signifie que le premier retour des travaux empiriques vers les théories ne s’est pas encore produit de manière constructive. Elle montre en tout état de cause que les questions autour de la connaissance nécessitent la mobilisation des économistes pour en comprendre la nature exacte et le rôle précis sur la croissance. Ce point constitue d’ailleurs un des points de la réflexion de Aghion et Howitt. Celle‑ci s’organise autour de la mise en avant préalable des principales limites liées à la mesure de la connaissance. Ces problèmes portent sur l’appréciation des inputs pour la création de la connaissance et sur l’évaluation de la connaissance comme output. La restriction des facteurs de production de la connaissance aux activités de R&D écarte d’autres déterminants non‑négligeables, parmi lesquels Aghion et Howitt [1998] listent les ressources publiques et privées consacrées à l’éducation ou les efforts réalisés par les individus au sein des processus de production. De manière similaire, ils déplorent l’absence d’une comptabilisation précise de la production de connaissances, puisque les comptes nationaux ne recensent pas les dépenses de R&D des entreprises comme les dépenses en biens de production. Concernant la mesure des connaissances dans la croissance, elle est problématique parce que les nouvelles connaissances se traduisent quelquefois par une amélioration qualitative des biens, ce que ne peuvent pas toujours appréhender les indicateurs statistiques. Enfin, la prise en considération de la dépréciation et de l’obsolescence du stock de connaissances est largement problématique, d’autant que les connaissances nouvelles agissent également sur les stocks de capital physique et de capital humain.

La question du rôle des connaissances sur la croissance économique n’est pas nouvelle. Foray [1991a] indique l’existence d’un « premier programme de recherche [qui] prend appui sur les travaux de K. Arrow en économie de l’information » 1128 . Cette problématique apparaît dans la première partie de l’article de Arrow [1962b] et se focalise sur le problème de la production et de l’allocation des ressources. Toutefois, Foray [1991b] rappelle que Dasgupta et David [1987] 1129 précisent que la seconde partie de cet article, posant les bases d’une analyse des liens entre les structures de production et les incitations, a complètement éclipsé la précédente. Le raisonnement de Arrow distingue la science et la technologie qui utilisent les mêmes ressources, mais dont l’allocation est limitée par les caractéristiques propres à la production et à la diffusion des nouvelles connaissances. Ces spécificités correspondent à la non‑rivalité, à l’indivisibilité et à l’incertitude. Les conclusions de cette approche consistent à préconiser « d’une part, la création d’un marché des connaissances, par l’établissement de droits de propriété ; d’autre part, l’allocation de ressources publiques au financement des activités de recherche » 1130 . Foray [1991a] met en avant l’existence d’un « second programme de recherche, notamment développé par N. Rosenberg et D. Mowery, [qui] examine la science en tant que processus, dont les éléments constitutifs sont fortement appropriables » 1131 . La problématique consiste à mettre l’accent sur l’organisation des liens entre la R&D privée et la R&D publique. L’émergence de ce programme de recherche résulte des limites issues de la perspective de Arrow. Foray [1991a] précise que la démarche de Arrow implique qu’il n’est pas nécessaire de s’intéresser aux conditions organisationnelles d’adoption, parce que la connaissance est assimilée à de l’information et est donc perçue comme un résultat appropriable. De ce point de vue, l’accent est mis sur la réduction des coûts de duplication des connaissances. Or, cette explication est contredite par l’expérience américaine qui a montré la difficulté des industries à utiliser les résultats scientifiques et techniques. Cette question a déjà été soulevée dans la première partie, lorsque nous évoquions les implications du modèle linéaire de l’innovation sur l’organisation de la recherche scientifique et du développement industriel 1132 .

La rupture par rapport à la perspective de Arrow, initiée par Rosenberg et Mowery, est liée à une autre conception de la connaissance. En 2001, Langlois propose une approche critique du découpage traditionnel de la connaissance entre celle qui est codifiée et celle qui est tacite. La première définit « la connaissance qui a été (ou qui peut être) convertie en symboles pour être facilement transmise, répliquée ou emmagasinée » 1133 . La seconde présente les caractéristiques mises en avant par Polanyi en 1958 1134 , c’est‑à‑dire que sa transmission ne peut pas se faire sans coût d’apprentissage et d’imitation. Cowan, David et Foray [2000] apportent un certain nombre de précisions sur le sens généralement accordé au qualificatif « tacite » par les économistes. Ils expliquent que les aspects psychologiques de la dimension tacite des connaissances humaines ont été écartés et que « la connaissance tacite en est venue à signifier un type complet, à savoir « la connaissance non‑codifiée » » 1135 . Les conséquences d’une telle définition sont très importantes du point de vue de la micro‑économie et de la formulation des politiques publiques en faveur de la science et de la technologie, de l’innovation et de la croissance. Cowan, David et Foray indiquent que les travaux fondés sur une appréciation imprécise des connaissances tacites avancent souvent des conclusions qui sont présentées comme le prolongement des propositions traditionnelles établies sur la distinction entre les différents types de connaissance. Cette distinction correspond au « premier programme de recherche » précédemment défini par Foray [1991a], construit à partir de l’article de Arrow [1962b].

Concernant la « nouvelle théorie de la croissance » 1136 , Cowan, David et Foray [2000] soulignent qu’elle s’appuie sur une définition particulière des connaissances codifiées. En faisant appel à la notion d’ « un stock social de connaissances » 1137 , qu’il soit mondial ou national, elle considère que toute nouvelle connaissance codifiée par un individu vient enrichir le stock de connaissances disponibles pour l’ensemble des individus. Or, Cowan, David et Foray notent que l’agrégation d’un tel stock de connaissances nécessite l’utilisation de l’opérateur « intersection » et non de l’opérateur « union » sur les ensembles individuels de connaissances codifiées. La critique avancée par Langlois [2001] est quelque peu différente et porte sur l’existence des connaissances tacites. Elle consiste à remettre en cause les inter‑relations entre l’accroissement de la codification, les avancées technologiques et la croissance économique, telles qu’elles sont souvent formulées. Cette présentation simplifiée suppose que ce sont les connaissances codifiées qui engendrent la croissance. Cependant, la représentation des connaissances tacites n’est pas en soi un obstacle à la croissance, dans la mesure où les connaissances tacites peuvent potentiellement devenir des connaissances codifiées. Langlois indique, sans entrer dans les détails, son scepticisme vis‑à‑vis de l’argument selon lequel nous faisons face à « un accroissement de la codification allant de pair avec une technologie moderne et de la croissance économique » 1138 . En fait, Langlois veut surtout discuter l’idée selon laquelle la seule connaissance codifiée peut générer de la croissance. Son argument consiste essentiellement à montrer que la source des rendements croissants et in fine de la croissance économique dépend pour beaucoup de la « ré‑utilisation de la connaissance » 1139 . La distinction entre les connaissances codifiées et les connaissances tacites perd alors sa pertinence pour la compréhension de la croissance économique. L’accent est mis sur le fait que les connaissances sont incorporées dans des institutions et des organisations, plutôt que dans des technologies.

En 1996, avec Robertson, Langlois propose de renverser la problématique traditionnelle des liens entre la diffusion technologique et les incitations des firmes à produire de nouvelles connaissances. Leur argument repose sur l’idée selon laquelle la production de nouvelles connaissances n’est pas aussi simple que ce qu’explique la théorie néoclassique. Puisqu’une telle production n’est pas illimitée, et en raison de l’existence d’externalités de réseaux, Langlois et Robertson indiquent que « les spillovers peuvent en réalité augmenter l’incitation des firmes à produire de nouvelles technologies » 1140 . Ils expliquent que « parce que les projets de R&D sont largement variés, chacun requiert des capacités très différentes du suivant, un choix particulier de projets de R&D d’un individu ou d’une organisation peut être davantage contraint par leurs capacités de mener à bien un projet (l’aspect offre de R&D) que dicté par les quasi‑rentes potentielles dérivées des projets (l’aspect demande de R&D) » 1141 . Aussi, les projets sont déterminés in fine par les anticipations des firmes quant aux rendements de leur projet de R&D. Langlois et Robertson reprennent deux des arguments des théories néoclassiques sur le comportement d’investissement des firmes. Le premier concerne la perspective des modèles schumpeteriens de croissance dans lesquels les entreprises ont des activités de R&D qui leur permettent de devenir des monopoles une fois qu’une innovation est mise en place et d’en capter l’intégralité de la rente. La seconde porte sur l’intuition de Romer énoncée en 1990 (Romer [1990b]) et selon laquelle les investissements en R&D sont répercutés par les firmes dans les prix des produits issus de ces investissements, parce que ces prix seront supérieurs aux coûts marginaux de production de ces biens. Pour Langlois et Robertson, ces deux explications impliquent une appréciation du rendement privé de l’innovation pour expliquer le comportement des firmes qui est difficile à imaginer avec un changement technologique rapide. De leur point de vue, le déterminant des investissements de R&D réside dans les comportements des entreprises et notamment des anticipations quant au rendement de ces investissements. Aussi, les spillovers n’affectent pas directement leur décision qui est simplement fondée sur le rapport entre les gains anticipés et les dépenses initiales. Les spillovers concernent trois types d’agents économiques :

Les spillovers peuvent d’ailleurs avoir un effet positif, s’ils concernent les firmes qui ne sont pas en concurrence avec l’entreprise qui entreprend de tels investissements et s’ils se traduisent sous la forme de ventes de brevets par exemple. De manière plus générale, les spillovers qui affectent à la fois les firmes concurrentes et les autres industries peuvent entraîner un effet réseau et accroître considérablement le rendement initial des dépenses de R&D. L’argument repose sur l’idée que les spillovers s’appuient à la fois sur les externalités en termes de coûts et sur les externalités technologiques. Les premières définissent une baisse du coût de production d’un bien qui se traduit par une baisse du prix, profitant aux firmes qui l’achètent. Les secondes correspondent à des bénéfices non‑monétaires liés à l’utilisation d’un bien dont l’usage est répandu. Langlois et Robertson indiquent que dans l’esprit de Marshall, ces deux types d’externalités sont largement complémentaires, parce que la baisse du prix d’un bien accroît son utilisation et par là même l’apprentissage lié à ce bien. De manière analogue, des spillovers en direction des consommateurs permettent dans un « monde dynamique » 1142 d’induire ensuite de nouveaux gains basés sur les « capacités du consommateur » 1143 qui se sont développées à partir d’un produit initial. A titre d’exemple, Langlois et Robertson soulignent que les activités de développement sur les ordinateurs personnels, gratuites à court terme, ont permis à long terme d’accroître l’apprentissage et de renforcer la demande de produits offrant un surplus potentiel pour le consommateur encore plus élevé. Cela s’est traduit par une hausse de la demande et un accroissement du rendement des activités de développement initiales des firmes. Cette description est largement complémentaire de la perception des liens entre les producteurs et les utilisateurs des produits et services innovants avancée par Lundvall [1988]. La prise en compte des effets dynamiques initiés par le surplus initial du consommateur permet de montrer qu’à terme, le rendement des dépenses de R&D est supérieur à celui qui prévaut lorsque la firme obtient un monopole et capte de facto une partie de ce surplus. L’argument ultime proposé par Langlois et Robertson à l’encontre de la perspective des nouvelles théories de la croissance insiste sur le fait que si la création de connaissances a indéniablement un rôle déterminant sur la croissance, elle dépend pour beaucoup des institutions. Celles‑ci interviennent parce qu’elles créent des incitations et parce qu’elles incorporent elles‑mêmes des connaissances. Cette représentation critique de l’impact des connaissances sur la croissance est partiellement désamorcée par la théorie néoclassique.

Dans leur tentative d’intégration, au sein de l’analyse de la croissance (endogène), des questions traditionnellement posées par l’économie industrielle et par l’économie du changement technique, Aghion et Howitt [1998] portent leur attention sur les différentes activités de R&D, dans un chapitre intitulé « apprentissage par la pratique et recherche appliquée » 1144 . Dans le même temps, ils consacrent une annexe, dans le chapitre focalisé sur « la croissance endogène à l’épreuve des faits » 1145 , à « la mesure des connaissances ». Cet intérêt pour la « nouvelle économie » est d’ailleurs prolongé dans un autre travail réalisé avec Violante en 1999 1146 . Cet article est vu par Boyer [2001] comme un plaidoyer pour le renouveau des outils nécessaires à la compréhension de cette nouvelle économie. Cette question est développée dans un cadre plus général dans la conclusion de la deuxième section du prochain chapitre 1147 .

Le point que nous voulons mentionner à propos de la démarche de Aghion et Howitt porte sur leur volonté de proposer un processus d’innovation plus précis que celui retenu dans le modèle de base 1148 . Ce comportement fait référence à une remarque formulée par Latsis en 1975, sur l’heuristique positive du programme de recherche néoclassique sur la firme. Il s’agit de l’idée selon laquelle, lorsque les modèles présentent un équilibre déterminé, de nouvelles hypothèses plus réalistes sont introduites 1149 . En la généralisant aux autres théories néoclassiques, cela se traduit, pour Aghion et Howitt, par la volonté d’ « introduire la distinction entre recherche fondamentale et recherche appliquée dans la théorie schumpeterienne de la croissance » 1150 . Leur attention se porte sur les résultats respectifs des activités de R&D et de l’apprentissage sur la croissance. La modélisation proposée consiste à proposer un cadre compatible avec les conclusions proposées par Alwyn Young en 1992 1151 . Elle repose principalement sur l’idée qu’une trop grande activité de recherche au détriment de l’apprentissage par la pratique peut ralentir la croissance, si l’apprentissage est totalement externe à l’entreprise. En d’autres termes, comme la croissance résulte des innovations fondamentales (issues de la R&D) et des innovations secondaires (provenant de l’apprentissage par la pratique, c’est‑à‑dire du secteur de la production), une trop forte activité de recherche et de nouvelles innovations fondamentales trop fréquentes empêchent le mécanisme d’apprentissage par la pratique de fonctionner. La contrainte, issue de la trop forte activité du secteur de la recherche, sur la productivité du secteur des biens de production, où a lieu l’apprentissage par la pratique, est illustrée selon Alwyn Young par l’économie de Singapour. Il explique que le taux de croissance de Singapour entre 1960 et 1985 (plus de 6 % par an) a les investissements pour seule origine. Dans la première partie, nous avons présenté le point de vue concordant de Krugman [1994a] sur ce point 1152 . Or, Alwyn Young souligne dans le même temps que l’économie de Hong Kong, dont les performances économiques sont similaires à celles de Singapour, a bénéficié d’une croissance annuelle moyenne de la productivité de 2.3 %. La différence entre les deux villes tient à ce que Singapour a basé son développement économique sur les investissements étrangers et la création rapide de nouveaux secteurs. Pour Alwyn Young, cela s’est immanquablement traduit par un frein à l’apprentissage par la pratique des producteurs domestiques.

A partir de ces différents travaux, il ressort que les théories de la croissance endogène sont susceptibles de montrer pourquoi des pays dont les structures d’innovation diffèrent peuvent connaître des taux de croissance divergents. Mais la représentation des activités d’innovation et des résultats d’innovation, en ne s’appuyant pas sur les travaux historiques et/ou descriptifs, élude un certain nombre de points pourtant remarquables de la création et de la diffusion des innovations. De ce point de vue, les processus de la création et de la diffusion technologique, tels qu’ils sont actuellement définis, ne peuvent être perçus que comme une étape vers une représentation plus proche de celle proposée par les économistes de l’innovation.

Notes
1120.

« That technological change is exogenous and that the same technological opportunities are available in all countries of the world », Romer [1994], p. 4.

1121.

Shell K. [1966], « Toward a Theory of Inventive Activity and Capital Accumulation », American Economic Review, Papers & Proceedings, vol. 56, no. 2, May, pp. 62‑68.

1122.

Voir p. 220.

1123.

« In the language of public finance, ordinary goods are rival goods, but information is nonrival », Romer [1994], p. 12.

1124.

« Even though the information is nonrival (...), economically important discoveries usually do not meet the other criterion for a public good; they typically are partially excludable, or excludable for at least some period of time », Romer [1994], p. 13.

1125.

Aghion et Howitt [1998], p. 186.

1126.

Aghion et Howitt [1998], p. 201.

1127.

Aghion et Howitt [1998], p. 467.

1128.

Foray [1991a], p. 54.

1129.

Dasgupta P. ‑ David P. [1987], «Information Disclosure and the Economics of Science and Technology», in G. Feiwel (ed), Arrow and the Ascent of Modern Economic Theory, New York University Press, New York, pp. 519‑540.

1130.

Foray [1991b], p. 780.

1131.

Foray [1991a], p. 54.

1132.

Voir p. 109.

1133.

« Knowledge that has been (or can be) converted into symbols for easy transmission, replication, and storage », Langlois [2001], p. 78.

1134.

Polanyi K. [1958], Personal Knowledge, University of Chicago Press, Chicago.

1135.

« Tacit knowledge thus has come to signify an absolute type, namely: « not codified knowledge » », Cowan ‑ David ‑ Foray [2000], p. 212.

1136.

« New growth theory ».

1137.

« A social stock of knowledge ».

1138.

« Greater codification hand in hand with modern technology and economic growth », Langlois [2001], p. 78.

1139.

« Reuse of knowledge ».

1140.

« Spillovers may actually increase the firm’s incentive to produce new knowledge », Langlois ‑ Robertson [1996], p. 2.

1141.

« Because R&D projects are quite varied, each requiring capabilities slightly different from the next, a particular organization’s or individual’s menu of R&D projects may be constrained by its capabilities for carrying out projects (the supply‑of‑R&D side) rather than driven by the potential quasi‑rents to be derived from projects (the demand‑for‑R&D side) », Langlois ‑ Robertson [1996], p. 11.

1142.

« Dynamic world ».

1143.

« Consumer capabilities ».

1144.

C’est le chapitre 6.

1145.

Il s’agit du chapitre 12.

1146.

Aghion P. ‑ Howitt P. ‑ Violante G. [1999], « Internet Cluster Emergence », Center for Economic Policy Research, London, Discussion Paper Series, no. 2474, June.

1147.

Voir p. 464.

1148.

Le modèle de base est présenté dans la deuxième partie, voir pp. 232 et suivantes.

1149.

Voir p. 221.

1150.

Aghion ‑ Howitt [1998], p. 185.

1151.

Young A. [1992], « A Tale of Two Cities: Factor Accumulation and Technical Change in Hong Kong and Singapore », NBER Macroeconomics Annual, MIT Press, Cambridge, pp. 13‑54.

1152.
Voir p. 92.