3.2. Différences technologiques et institutionnelles et croissance économique

Le recours à la notion de système national d’innovation est particulièrement adapté pour l’appréciation évolutionniste de la problématique de la convergence/divergence. Ainsi, Johnson et Lundvall [1992] expliquent que « ‘les différences internationales de productivité ne reflètent pas uniquement la distribution de la connaissance technique, mais aussi les différences des ensembles institutionnels nationaux et la manière dont ils vont de pair avec les opportunités technologiques prévalant à un certain moment’ » 1186 . L’explication repose sur l’idée que l’apprentissage institutionnel est au cœur des caractéristiques de croissance internationale et se distingue de l’ « emprunt institutionnel » 1187 . Dans leur présentation du processus du développement économique, Dosi, Freeman et Fabiani [1994] s’intéressent à la manière dont les théories néoclassiques de la croissance perçoivent la question de la convergence/divergence et listent un certain nombre de « faits stylisés ». Leur idée consiste à la fois à montrer que les nouvelles théories de la croissance, comme les anciennes, négligent certains points et à argumenter sur la supériorité de l’analyse évolutionniste. Ils rappellent notamment que les travaux historiques de Landes en 1969 1188 , de Rosenberg en 1976 1189 et 1982, de Maddison en 1982 1190 et 1991 1191 ou d’Abramovitz en 1989 1192 ont insisté sur le « rattrapage » 1193 pour expliquer la convergence, mais aussi sur le fait que certains pays ont « pris de l’avance » 1194 et que d’autres « sont restés à la traîne » 1195 pour justifier la divergence. L’argumentation de Dosi, Freeman et Fabiani [1994] repose sur l’idée que « même les « nouvelles théories de la croissance », ‘en essayant de considérer des différences persistantes de taux de croissance, ne semblent pas encore capables de percevoir la réalité historique, concernant par exemple le déclin relatif de certains pays, l’instabilité des performances en termes de croissance d’un même pays sur différentes périodes, le changement de leadership économique international qui a quelquefois lieu’ » 1196 . La raison du décalage entre la théorie néoclassique et les travaux historiques résulte de la démarche caractéristique des théoriciens, qui se focalisent sur les variables et supposent que le processus, défini par la fonction de production, ne change pas. Le changement technique et institutionnel est assimilé à un saut de la fonction de production, correspondant selon Solow [1957] à « l’effet cumulé des mouvements au cours du temps » 1197 . Dosi, Freeman et Fabiani [1994] notent que cette « stratégie » 1198 est reprise par les théories de la croissance endogène, qui tentent d’endogénéiser le saut au sein de la fonction de production en l’associant à un facteur de production particulier appelé la connaissance. L’ « apprentissage » devient lui‑même le résultat à l’équilibre du mécanisme d’allocation des ressources. L’inconvénient de ce schéma logique résulte de l’unicité du lien qui lie la croissance de la connaissance à l’accumulation du capital. A l’inverse, les théories évolutionnistes acceptent l’idée d’une relation à double sens entre la connaissance et l’accumulation du capital et s’intéressent à la « co‑évolution » de ces deux variables. La présentation de la problématique évolutionniste de la convergence /divergence insiste sur les « capacités sociales » mises en avant par Abramovitz [1986], qui impliquent que les spillovers technologiques sont une condition du rattrapage, nécessaire mais non‑suffisante.

La question des capacités sociales est abordée par Freeman [1994b], lorsqu’il examine le rôle des technologies de l’information et de la communication sur les processus de croissance. Il explique notamment que « ces avancées ne produisent leur impact total que lorsqu’elles ont été adoptées en tant que système, auquel cas elles peuvent conduire à l’émergence d’une « révolution » technologique » 1199 . Cette dernière expression fait référence à la taxonomie traditionnelle de Freeman que nous avons déjà présentée dans la première partie 1200 . L’argumentation de Freeman [1994b] reprend d’abord quelques points de terminologie et s’intéresse au sens du terme « révolution ». Il explique le paradoxe apparent entre la notion de révolution, qui implique une période courte, et l’idée d’un changement progressif pour caractériser les transformations technologiques. L’explication est simple : « l’utilisation des expressions « révolution de l’information » ou « révolution de l’information et de la communication » semble très pertinente pour décrire des changements de cette amplitude » 1201 précise Freeman en parlant de l’apparition et du développement des ordinateurs. En d’autres termes, le terme « révolution » ne fait pas référence au temps, mais à l’ampleur des changements. Freeman propose de définir les technologies de l’information et de la communication comme « une nouvelle gamme de produits et de services et une technologie, qui est capable de révolutionner les processus de production et de livraison de l’ensemble des autres industries et services » 1202 . L’apparition de cette nouvelle technologie résulte de l’association de plusieurs avancées technologiques dans les domaines de la micro‑électronique, des fibres optiques, de la production de logiciels, des communications et des ordinateurs. Freeman précise néanmoins que cette définition permet d’insister non seulement sur l’information mais sur la nouvelle technologie. Ce nouveau paradigme est décrit comme le cinquième et défini comme le cycle Kondratieff de « l’information et de la communication » 1203 apparu pendant les années quatre‑vingts et quatre‑vingt‑dix, succédant au quatrième cycle de « la production fordiste de masse » 1204 qui avait débuté dans les années trente et quarante. Auparavant, le troisième cycle de « l’électricité et de l’ingénierie lourde » 1205 avait supplanté le deuxième cycle de « la vapeur et du chemin de fer » 1206 pendant les années 1880‑1890. Ce dernier s’était lui‑même substitué, entre les années 1830‑1840, au premier cycle de « la première mécanisation » 1207 apparu entre 1770 et 1780, correspondant à la Révolution industrielle.

Cette approche sur les cycles de Kondratieff nécessite quelques commentaires. Le premier est avancé par Freeman et Soete [1997], qui expliquent que leur présentation diffère de celle de Schumpeter, dans la mesure où ils ont mis l’accent sur la diffusion à grande échelle des systèmes technologiques, et non sur leur première introduction. Le second porte justement sur ce point et correspond à une remarque de Petit [1999]. Celui‑ci souligne, en parlant de l’ « économie de l’information » que « ‘si la rupture avec le passé semble avérée on peut s’interroger sur le caractère encore transitoire de la période comme sur l’unicité du nouveau régime, alors que dans un champ aussi marqué par l’histoire et la culture, les différences entre trajectoires nationales peuvent être encore plus fortes que par le passé’ » 1208 . Concernant la première partie du commentaire, Petit cite notamment un article de David [1991] 1209 qui souligne que la mise en œuvre d’un nouveau système technologique peut nécessiter plusieurs décennies. Ce point est évidemment central et est un élément d’explication important pour expliquer le paradoxe de la productivité, comme nous l’avons vu précédemment 1210 . Les discussions sur les technologies de l’information et de la communication sont en tout cas suffisamment nombreuses pour en apprécier la vigueur sur la croissance économique 1211 . Dans le rapport Nouvelle économie du Conseil d’Analyse Economique, rédigé par D. Cohen et Debonneuil en 2000, les auteurs adoptent la même approche et expliquent que « ‘sans courir trop de risques (...), il est possible de parler de Troisième révolution industrielle pour caractériser la transformation à l’œuvre aujourd’hui. A l’image des précédentes, elle vient sanctionner l’essoufflement des paradigmes productifs antérieurs et elle s’appuie sur un double processus : des innovations techniques et des innovations sociales, lesquelles portent sur une nouvelle façon d’organiser le travail ’» 1212 . Ils notent également le rôle de la « révolution financière » qui place les marchés financiers au cœur des processus de croissance, au sens où ils retrouvent « un pouvoir d’initiative ».

L’article de Freeman [1994b] sur l’impact des technologies de l’information et de la communication sur les économies nationales permet de faire le lien entre la problématique des systèmes nationaux d’innovation et la question du rattrapage du niveau de revenu et technologique des Etats‑Unis par les autres économies. Il explique que la nature des biens échangés entre les Etats‑Unis et le Japon au cours des décennies cinquante et soixante, mesurée notamment par la « balance technologique des paiements » 1213 , est un indicateur insuffisant pour expliquer le processus de rattrapage technologique et économique du Japon. Dans le troisième chapitre, nous indiquons une remarque de Romer [2000] sur les avancées autonomes réalisées par les Etats‑Unis lors de leur rattrapage du niveau de revenu de l’économie britannique, qui expliquent rétrospectivement pourquoi l’économie américaine s’est substituée à l’économie britannique dans la hiérarchie des nations industrialisées 1214 . De manière similaire, Freeman insiste sur la vision erronée d’une économie japonaise fondée sur la copie et l’imitation de la technologie étrangère. Ces changements sont intervenus, selon Freeman [1987] parce que « ‘le système japonais de prévision technologique a identifié les principaux éléments du paradigme émergent lié aux technologies de l’information et de la communication plus tôt que partout ailleurs et (...) que cela a permis aux firmes japonaises d’exploiter le potentiel de ce nouveau paradigme dans des domaines tels que la robotique, les machines‑outils à commandes numériques et les systèmes flexibles de production’ ‘ 1215 ’ ‘ plus rapidement que n’importe qui’ » 1216 . De manière générale, Pelikan [1988] pose une question intéressante, énoncée dans les termes suivants : ‘«’ ‘ les systèmes d’innovation imparfaits du capitalisme peuvent‑ils être surpassés ?’ » 1217 . Le point de départ revient évidemment à considérer qu’il n’existe pas de système optimal, comme le suggère par définition le recours à une approche évolutionniste. Pour montrer la supériorité du système d’innovation capitaliste sur le système d’innovation socialiste, Pelikan s’intéresse à l’incertitude. Le raisonnement de Pelikan consiste à montrer que « les régimes supérieurs, promouvant le changement technique mieux que n’importe quel autre régime, appartiennent au type des régimes capitalistes, c’est‑à‑dire aux régimes permettant une détention privée du capital, transférable sur des marchés de capitaux » 1218 . Cette assertion repose sur la notion de « compétence », définie par Heiner [1983] 1219 comme la capacité des agents à résoudre des problèmes difficiles. Pelikan prolonge ce raisonnement et propose le concept de « compétence économique », à la fois « rare » 1220 et « asymétrique » 1221 , qui est composée d’une dimension d’allocation, d’association et d’apprentissage. Cette perspective implique que les compétences ne peuvent pas être mesurées et par conséquent qu’aucune allocation ne peut être proposée a priori. Avec les termes de Pelikan, cela signifie que « l’auto‑organisation économique ne peut pas être planifiée à l’avance, mais implique une expérimentation par une association d’essais et erreurs » 1222 . En conséquence, Pelikan affirme que toute intervention publique dans les activités d’innovation ou de production n’est pas souhaitable. Toutefois, il concède que la description du Japon proposée par Freeman adopte un point de vue différent.

Pour Freeman, l’incertitude des processus de production et d’innovation s’est traduite, au Japon, par la mise en place d’un « système de prévision technologique » capable d’anticiper les principaux changements liés aux technologies de l’information et de la communication. Cette expression, que nous avons évoquée précédemment sans la définir, signifie que la place accordée à la détermination des futures tendances du changement technique et social est essentielle. Concernant le cas du Japon, Freeman [1987] explique qu’une telle attention se retrouve au niveau du gouvernement, des entreprises, des banques et des institutions financières, et des universités. La principale force d’un tel système réside dans sa capacité à formuler, pour les responsables politiques, ce qui est techniquement faisable avec ce qui est socialement acceptable. Freeman [1994b] montre que les dépenses de R&D par rapport au produit net industriel civil du Japon dépassent celles des Etats‑Unis au cours des années soixante‑dix alors que la part du produit national brut consacrée à la R&D civile totale devient plus élevée au Japon qu’aux Etats‑Unis pendant les années quatre‑vingts. Dans le même temps, l’accroissement des ressources consacrées à la R&D n’est pas la condition à de meilleurs résultats en termes d’innovation technologique et de croissance économique, comme l’attestent les échecs de l’économie soviétique et des économies socialistes de l’Europe de l’Est 1223 . Les raisons du succès japonais au cours des années soixante‑dix et quatre‑vingts viennent aussi de changements qualitatifs significatifs. De manière générale, Freeman [1987] met en avant les points forts du système national d’innovation japonais pour expliquer les performances de l’économie nipponne. Parmi les principaux, il liste « le rôle du Ministère du commerce international et de l’industrie (MITI), l’importance de la stratégie de R&D des firmes dans le développement d’une nouvelle approche intégrée du système de production de la conception au développement, le rôle et l’étendue de l’éducation et de la formation, le rôle des innovations sociales dans la motivation, la formation et le contrôle de la force de travail et finalement le développement d’une structure industrielle particulièrement favorable à l’investissement stratégique de long terme dans les activités commerciales, de formation et technologiques » 1224 .

Freeman [1994b] recense six avancées sociales, initiées au cours des années soixante‑dix, ayant permis aux changements quantitatifs (la hausse de la R&D) de se transformer en réussite technologique et en croissance économique, ou selon les termes employés précédemment, de faire coïncider ce qui était faisable avec ce qui était acceptable. Ces innovations sociales ont affecté l’ensemble de l’organisation industrielle en modifiant le comportement de ses composantes. Au niveau de la firme, elles ont principalement consisté à développer des flux d’information et des réseaux de communication horizontaux et à les transformer en organisations d’apprentissage et d’innovation. Au niveau des relations inter‑firmes, l’accent a porté sur la mise en place de réseaux de recherche, organisés autour des conglomérats et stimulés par les pouvoirs publics, motivés par une vision de long terme. Concernant la recherche appliquée, les innovations ont consisté à favoriser les aspects transversaux, en s’appuyant sur une approche similaire entre les différentes industries. Les liens entre les structures de recherche fondamentale ont également été renforcés. Enfin, une des innovations s’est traduite par la création d’un marché des capitaux pouvant fournir des fonds pour des investissements de long terme pour l’équipement, la formation et la R&D. A la lecture de cet exemple, Freeman [1994b] explique que les efforts d’innovation entrepris par le Japon dès les années soixante‑dix, associés à ces différents changements sociaux se sont traduits par un rattrapage important de l’économie japonaise en termes économiques et technologiques. Dans le même temps, les innovations organisationnelles et managériales réalisées par le Japon sont particulièrement adaptées à l’utilisation et à l’amélioration des technologies de l’information et de la communication. Ce raisonnement dynamique permet d’expliquer pourquoi les pays d’Amérique latine et de l’Asie du Sud‑Est ayant obtenu des taux de croissance élevés au cours des décennies soixante et soixante‑dix ont connu des trajectoires différentes dans les deux décennies suivantes. Aux 8 % de croissance annuelle moyens des Quatre dragons, au cours des années quatre‑vingts et quatre‑vingt‑dix, s’opposent les 2 % enregistrés par les pays d’Amérique latine. Les résultats des pays asiatiques s’expliquent par l’accent mis par ces pays sur les technologies de l’information et de la communication. Cela a été possible, selon Freeman, grâce au bon fonctionnement des systèmes nationaux d’innovation. Pour justifier les résultats de la Corée du Sud, il explique notamment qu’à l’instar du Japon, les importations de technologie étrangère ont été importantes, mais que parallèlement, des efforts conséquents ont été réalisés pour améliorer la technologie nationale. En 1992, avec d’autres outils, Alwyn Young parvient à la même conclusion pour l’économie de Hong Kong 1225 .

En 2001, Verspagen propose un travail empirique basé sur l’idée que la notion de convergence vers un sentier de croissance équilibrée n’est pas vérifiée. Son ambition est de valider statistiquement l’idée selon laquelle « la croissance économique est avant tout un processus de transformation, et non de convergence vers un sentier de croissance équilibrée » 1226 . Aussi, le travail empirique de Verspagen consiste préalablement à trouver les changements dans le trend du taux de croissance. Cet exercice est cependant difficile dans la mesure où Verspagen explique que les travaux récents qui se sont intéressés à de tels changements, dont celui de Crafts et Mills [1996] 1227 , adoptent une démarche particulière. Leur objectif consiste à supposer que le taux de croissance présente de soudaines ruptures, suivies de périodes où il demeure constant. Or, Verspagen précise que la démarche évolutionniste suppose que le taux de croissance peut connaître des changements moins brutaux. Pour les dix‑huit pays retenus 1228 , Verspagen discerne plusieurs phases au cours du vingtième siècle, en ce qui concerne la régularité des taux de croissance du revenu et du revenu par tête. Le début du siècle se caractérise par une forte croissance. Au début de la deuxième décennie, des ruptures importantes apparaissent, suivies d’une période de diminution rapide des taux de croissance. L’immédiat après‑guerre, les années vingt et la période de dépression ne montrent aucune régularité. Les années cinquante présentent une structure commune de taux de croissance augmentant rapidement. Les années soixante‑dix interrompent ce processus d’augmentation du taux de croissance et pour la plupart des pays, le taux de croissance se stabilise. Cette situation perdure dans les années quatre‑vingts et même quatre‑vingt‑dix pour un certain nombre de pays. La stabilité disparaît, pour les autres pays, et montre des situations contraires, puisque la baisse du trend pour l’Allemagne, l’Italie et le Japon s’accompagne d’une hausse pour le Danemark, la Finlande, la Norvège, le Royaume‑Uni et les Etats‑Unis. Ces conclusions sont compatibles avec celles de Soete [2001] 1229 . Ces résultats peuvent être complétés en utilisant les statistiques publiées par Maddison en 2001 sur l’évolution de la population, du revenu et du revenu par habitant pour la presque totalité des pays entre 1820 et 1998. Ces statistiques étant totalement disponibles pour les économies développées, nous pouvons reprendre certains points mentionnés par Verspagen [2001]. Le tableau suivant représente les taux de croissance annuels moyens du PIB par tête, mesuré en dollar international de 1990 entre 1973 et 1990, entre 1990 et 1998 et entre 1973 et 1998 pour l’ensemble des pays d’Europe de l’Ouest, les deux pays nord‑américains, l’Australie, la Nouvelle Zélande et le Japon 1230 .

Taux de croissance annuels moyens du PIB par tête en dollar international de 1990 en %
  1973‑1990 1990‑1998 1973‑1998
Canada 1.86 1.04 1.60
Etats Unis 1.96 2.06 1.99
Australie 1.72 2.27 1.89
Nouvelle Zélande 0.59 0.84 0.67
Japon 2.96 0.84 2.28
Autriche 2.42 1.43 2.10
Belgique 2.05 1.55 1.89
Danemark 1.66 2.29 1.86
Finlande 2.50 1.04 2.03
France 1.91 0.98 1.61
Allemagne 1.70 1.39 1.60
Italie 2.55 1.06 2.07
Pays Bas 1.65 2.00 1.76
Norvège 2.96 3.14 3.02
Suède 1.60 0.69 1.31
Suisse 1.02 ‑0.14 0.64
Royaume‑Uni 1.85 1.66 1.79
Grèce 1.57 1.52 1.56
Irlande 3.25 5.51 3.97
Portugal 2.32 2.21 2.29
Espagne 1.99 1.93 1.97
Total 1231 2.13 1.65 1.97

Avant de commenter ces chiffres, il est nécessaire de faire une remarque sur leur contenu. Le calcul des taux de croissance annuels moyens sur des périodes n’a d’intérêt que si les taux au sein de chacune des périodes demeurent plus ou moins stables. Pour les décennies soixante‑dix et quatre‑vingts, ce point est validé par les calculs effectués par Verspagen qui montrent que ces années ont été caractérisées justement par une certaine stabilité. En ce qui concerne le taux de croissance annuel moyen calculé entre 1990 et 1998, cette hypothèse implicite est plus discutable, à la lecture des résultats de Verspagen. Toutefois, l’erreur est d’autant moins importante que la période est courte et que les renversements de trend recherchés par Verspagen ne sont pas brutaux mais de faible ampleur. Evidemment, les commentaires sur les taux de croissance annuels moyens diffèrent sur le fond par rapport à la démarche de Verspagen, dans la mesure où celui‑ci recherche les variations du taux de croissance pour chacun des pays au cours du temps. Les statistiques contenues dans le tableau ci‑dessus ne fournissent des informations que sur les différences entre les pays. Or, les changements au sein des pays recherchés par Verspagen ne signifient pas pour autant qu’il est improbable que les taux des différents pays convergent. Autrement dit, les caractéristiques de la croissance, définie par Verspagen comme « un processus non‑régulier de transformation constante » 1232 , ne sont pas nécessairement différentes pour l’ensemble des économies développées.

Le calcul des mesures statistiques de la dispersion sur ces données permet de présenter quelques remarques sur ce dernier aspect. La période 1990‑1998 montre une plus grande hétérogénéité entre les économies par rapport à la période allant de 1973 à 1990 1233 . La stabilité des taux de croissance au cours des années soixante‑dix et quatre‑vingts, soulignée par Verspagen, est donc accompagnée d’une importante homogénéité entre les économies. A l’inverse, la disparité des taux de croissance annuels moyens au cours des années quatre‑vingt‑dix va dans le sens d’une divergence globale des taux de croissance. Cet aspect est mis en avant par Verspagen lui‑même qui note qu’ « ‘il existe quelques caractéristiques dans les modèles historiques de croissance qui semblent partagées par la plupart des pays : des caractéristiques dans les trends de croissance généralement erratiques avant 1940, une longue période de croissance des taux de croissance après la seconde guerre mondiale et le ralentissement de la croissance depuis le milieu des années soixante‑dix. Malgré ces caractéristiques communes, il existe d’importantes différences entre les pays concernant l’apparition des changements dans les trends, le niveau des taux de croissance et la forme particulière de ces caractéristiques. De plus, il existe quelques exceptions dans ces caractéristiques communes. Ce qui est intéressant, c’est que les années quatre‑vingt‑dix sont un exemple clair de la variabilité des trends de croissance entre les pays’ » 1234 .

Avant de voir les raisons pouvant expliquer une telle amplitude dans les taux de croissance individuels de ces économies au cours de cette période, il convient de noter que ces statistiques descriptives couvrent une période finalement assez courte. Aussi, il est impossible de tirer une conclusion définitive sur le mécanisme qu’elle pourrait illustrer. Verspagen précise d’ailleurs, pour les dix‑­neuf pays retenus, que depuis le début des années quatre‑vingt‑dix, l’écart moyen du logarithme des PIB par tête montre une tendance inverse à la moyenne des écarts par rapport à l’économie ayant eu le taux de croissance le plus élevé. Ce point signifie que la convergence n’est pas vérifiée pour la globalité des pays, mais qu’elle s’applique néanmoins pour l’ensemble des économies qui rattrapent l’économie ayant le taux de croissance le plus élevé, correspondant à la « frontière technologique ». Pour approcher ce phénomène, Verspagen se focalise sur le double rôle du changement technique sur les sentiers de croissance des différentes économies étudiées. L’idée est que l’innovation conduit à un mécanisme de divergence, tandis que l’imitation suppose au contraire la convergence. Verspagen s’appuie sur le travail préalable de Fagerberg [1988] pour montrer que la création de nouvelles connaissances peut être appréciée par le nombre de brevets déposés dans l’ensemble des pays 1235 et que la diffusion des connaissances peut être appréhendée par la part des dépenses de R&D dans le PIB. Le corollaire de cette double relation implique que le rattrapage passe par l’accroissement des activités de R&D et que le renforcement de la divergence (ou selon les termes de Abramovitz [1985] le fait que des pays « ont pris de l’avance ») est lié aux différences entre les pays du nombre de brevets déposés par les firmes nationales pondéré par les exportations. Verspagen explique que cela signifie encore que « les pays qui ont des niveaux de PIB par tête élevés sont supposés avoir des valeurs relativement élevées de brevet par dollar d’exportations, tandis que cette relation doit être moins forte pour la R&D » 1236 .

Pour apprécier ces différentes hypothèses, Verspagen [2001] propose de reprendre le modèle de Fagerberg [1988]. Celui‑ci considère que la croissance économique d’un pays dépend de trois facteurs : l’imitation d’autant plus (moins) importante que le pays est éloignée (proche) de la frontière technologique, l’innovation et les « efforts » faits par le pays pour exploiter efficacement les technologies disponibles qu’elles soient créées par les firmes nationales ou qu’elles soient importées. Ces derniers sont appréciés par l’intermédiaire des investissements. Fagerberg [1988] précise que « ‘c’est évidemment une simplification parce que des facteurs institutionnels interviennent dans le processus. Mais la part des investissements [dans le revenu] peut aussi être perçue comme le résultat d’un processus dans lequel interviennent les facteurs institutionnels, c’est‑à‑dire que les différences de taille de la part des investissements peuvent aussi refléter des différences de systèmes institutionnels’ » 1237 . Verspagen [2001] s’intéresse également aux exportations pour apprécier la réalisation du potentiel de rattrapage. Les régressions réalisées par Verspagen le conduisent à proposer deux conclusions. La première concerne le fait que les effets de l’innovation et l’imitation sur la croissance diffèrent sensiblement selon les périodes. Ainsi, le ralentissement de la convergence initié depuis le milieu des années soixante‑dix semble résulter de la hausse de l’impact de l’innovation sur la croissance et de la baisse du potentiel de rattrapage. La seconde conclusion correspond au fait que le rattrapage est devenu plus difficile au cours du temps. Cela signifie que la R&D est désormais une activité déterminante pour l’assimilation des technologies étrangères et non plus une source directe de la croissance. Par conséquent, les accélérations des taux de croissance ne peuvent résulter que des « innovations radicales ». Parmi celles‑ci, les technologies de l’information et de la communication, dont les effets macro‑économiques ont tardé à se faire sentir, peuvent expliquer la rupture dans la tendance à la convergence des revenus, amorcée depuis le milieu des années soixante‑dix. Aussi, Verspagen note que la divergence des économies par rapport à l’économie ayant eu le taux de croissance le plus élevé, ou selon ses termes le fait que « les Etats‑Unis semblent « s’enfuir » des autres pays » 1238 , est liée à l’avance que l’économie nord‑américaine a pris dans le domaine des technologies de l’information et de la communication par rapport aux autres économies industrialisées.

La conclusion de Verspagen [2001] porte sur le comportement des économies par rapport aux technologies de l’information et de la communication, qui déterminera à son tour la tendance future de la convergence ou de la divergence. De la rapidité de la mise en place des technologies de l’information et de la communication dépendront les taux de croissance des économies qui rattrapent. Aussi, Verspagen indique que finalement, des clubs de convergence pourront se former selon la vitesse d’assimilation des technologies étrangères de ces différents pays. Les comportements futurs des économies dans les années à venir ne sont pas définis avec certitude. La raison est que « dans un monde évolutionniste, le futur est incertain » 1239 . Dans la section précédente, nous avons vu qu’en ayant recours à un modèle de croissance endogène d’amélioration de la qualité des produits, Baldwin [1992] n’arrive pas à cette conclusion 1240 . La différence tient aux restrictions apportées ou non à la diffusion technologique. Ce commentaire, proposé en 2001, doit également être rapproché d’un travail de Amable publié en 2000. Avec un cadre analytique différent, construit sur la base d’un « modèle de Solow augmenté », Amable arrive à des conclusions proches et finalement assez complémentaires. Comme les objectifs et la démarche de cet article ont déjà été présentés à la fin de la première section de ce chapitre 1241 , nous ne retenons qu’une citation tirée de la conclusion générale de l’article en question. Il indique : « on note par exemple que la diffusion des nouvelles technologies est très souvent plus rapide dans les pays qui produisent ces nouvelles technologies. Les résultats empiriques présentés dans cet article contribuent modestement à ce débat en montrant que les pays qui sont plus spécialisés dans l’électronique, ou plus précisément, qui ont un avantage comparatif dans l’électronique ont bénéficié d’un avantage en termes de croissance de la productivité par rapport aux pays ayant un désavantage comparatif dans ces industries » 1242 . Cet argument s’apparente à l’idée de Verspagen pour qui les pays qui sont susceptibles de connaître les taux de croissance les plus rapides sont certainement ceux qui assimileront le plus vite les nouvelles technologies.

Quoi qu’il en soit, la revendication de Amable pour qualifier ses arguments de modestes montre les progrès qui restent à faire pour comprendre le rôle et l’impact des technologies de l’information et de la communication sur les économies. Ce point montre que les technologies de l’information et de la communication bouleverse presque autant les sciences économiques que les économies elles‑mêmes. Dans « L’économiste face aux innovations qui font époque », Boyer [2001] s’intéresse précisément à cette question. Il note qu’ « ainsi le thème de la nouvelle économie fournit un excellent laboratoire des stratégies que déploient les chercheurs face à une innovation réputée radicale » 1243 . Son explication repose sur une grille de lecture « simplifiée » dans laquelle il liste quelques unes des différentes perspectives des technologies de l’information et de la communication par rapport à leur appréhension de la nature radicale de ces technologies et en fonction de leur volonté de renouveler ou non les outils pour les aborder. Nous reviendrons sur les différentes conceptions proposées pour les comprendre, dans le prochain chapitre, consacré aux questions liées à la politique publique dans le cas des technologies de l’information et de la communication 1244 .

Concernant l’approche évolutionniste de la convergence/divergence des taux de croissance, l’accent mis sur la coexistence d’un mécanisme de convergence avec un mécanisme de divergence est évidemment essentielle. En 1994, Dosi, Freeman et Fabiani expliquent ainsi que les écarts de revenu se sont fortement creusés entre les pays les plus riches et les pays les plus pauvres au cours des trois derniers siècles. Dosi, Freeman et Fabiani soulignent qu’au sein du groupe des principaux pays innovateurs, d’incessants mouvements sont intervenus dans le classement. L’explication proposée tient à ce que « le fait de prendre de l’avance tend à être associé au leadership dans les nouvelles technologies et aux compétences détenues dans la recherche de base (mais pas nécessairement au leadership dans la recherche de base). Il est également associé aux changements institutionnels dans la génération et la diffusion des technologies nouvelles les plus profondes et à la rapidité du développement de l’éducation et de la formation » 1245 . Cette proposition entraîne une conséquence importante du point de vue de la discussion sur la divergence entre les différences économies. En effet, la recherche des facteurs de la croissance pouvant expliquer les processus de croissance des différentes économies conduit Dosi, Freeman et Fabiani [1994] à mettre l’accent sur les « processus d’innovation technologique et institutionnelle » 1246 qui sont spécifiques aux pays. Cet aspect est important, dans la mesure où « les « anciennes » et les « nouvelles » théories ne permettent la prise en compte d’aucune spécificité propre aux pays, à l’exception de celles appréciées par les inputs dans la fonction de production (...) et supposent également une diffusion instantanée de l’innovation au sein des pays » 1247 .

Avec le concept de système national d’innovation, les économistes évolutionnistes apportent une explication économique au fait que les économies nationales montrent des taux de croissance différents. En insistant sur le contexte institutionnel propre aux pays, concernant les structures de R&D ou les liens entre la recherche publique et la recherche privée, les théories évolutionnistes vont dans le sens de Abramovitz [1986] lorsqu’il insiste sur les capacités des pays à profiter des flux technologiques internationaux. Dans le même temps, les théories évolutionnistes accordent leurs travaux théoriques avec leurs études descriptives, au sens où les premiers sont construits à partir d’éléments empiriques et que les seconds s’appuient sur les conclusions théoriques. Ce point n’est évidemment pas anecdotique, puisque l’abstraction théorique des théories de la croissance endogène limite leur capacité à approcher les caractéristiques d’une économie nationale particulière. Cela les conduit à recourir aux travaux descriptifs construits sur la notion de système national d’innovation pour compléter leur approche théorique.

Notes
1186.

« International differences in productivity reflect, not only the distribution of technical knowledge, but also differences in the national institutional set‑ups and how well these are matching the technological opportunities prevailing in a certain period », Johnson ‑ Lundvall [1992], pp. 111‑112.

1187.

« Institutional borrowing ».

1188.

Landes D. [1969], The Unbounded Prometheus, Cambridge University Press, Cambridge.

1189.

Rosenberg N. [1976], Perspectives on Technology, Cambridge University Press, Cambridge.

1190.

Maddison A. [1982], Phases of Capitalist Development, Oxford University Press, Oxford.

1191.

Maddison A. [1991], Dynamic Forces in Capitalist Development, Oxford University Press, Oxford.

1192.

Abramovitz M. [1989], Thinking About Growth, Cambridge University Press, Cambridge.

1193.

« Catching up ».

1194.

« Forging ahead ».

1195.

« Falling behind ».

1196.

« « New growth » theories, while attempting to account for persistent differences in growth rates, yet do not appear to be apt to handle the historical evidence concerning, e.g. the relative decline of some countries, the instability of the growth performance of the same country over different periods, the « leap‑forging » which sometimes occurs in international economic leadership », Dosi ‑ Freeman ‑ Fabiani [1994], p. 2.

1197.

Voir p. 78.

1198.

« Strategy ».

1199.

« These advances produce their full impact only when adopted as a system, in which case they can give rise to a technological « revolution » », Freeman [1994b], p. 198.

1200.

Voir p. 154.

1201.

« The use of the expression « information revolution » or « information and communication revolution » seems quite legitimate to describe a change of this magnitude », Freeman [1994b], p. 200.

1202.

« A new range of products and services and a new technology, which is capable of revolutionizing the processes of production and delivery of all other industries and services », Freeman [1994b], p. 201.

1203.

« Information and communication ».

1204.

« Fordist mass production ».

1205.

« Electrical and heavy engineering ».

1206.

« Steam power and railway ».

1207.

« Early mechanisation ».

1208.

Petit [1999], p. 42.

1209.

David P. [1991], « Computer and Dynamo. The Modern Productivity Paradox in a Not Too Distant Mirror », in OECD (ed), Technology and Productivity: the Challenge for Economic Policy, Paris, pp. 315‑348.

1210.

Voir p. 437.

1211.

Dans le prochain chapitre, nous consacrons d’ailleurs une section à part entière aux politiques publiques en faveur de l’éducation dans le cadre d’une économie fondée sur les technologies de l’information et de la communication, voir pp. 525 et suivantes.

1212.

D. Cohen ‑ Debonneuil [2000], pp. 9‑10.

1213.

« Technological balance of payments ».

1214.

Voir p. 533.

1215.

Un système flexible de production correspond à une combinaison de machines‑outils, d’équipements de manutention, d’ordinateurs et de logiciels. Les principales applications d’un tel système concernent les industries où la variété de produits est importante.

1216.

« The Japanese technological forecasting system did indeed identify the main elements of the emerging ICT paradigm much earlier than elsewhere and (...) this enabled Japanese firms to exploit the potential of the new paradigm in such areas as robotics, computer numerically controlled (CNC) machine tools and flexible manufacturing systems (FMS) more rapidly than everyone else », Freeman [1987], p. 67.

1217.

« Can the Imperfect Innovation Systems of Capitalism be Outperformed? », titre de l’article.

1218.

« The superior regimes, promoting technical progress better than all other regimes, belong to the class of capitalist regimes ‑ that is, regimes allowing for private ownership of capital, transferable through capital markets », Pelikan [1988], p. 389.

1219.

Heiner R. [1983], « The Origin of Predictable Behavior », American Economic Review, vol. 83, no. 4, September, pp. 560‑595.

1220.

« Scarce ».

1221.

« Asymmetric ».

1222.

« Economic self‑organization cannot be optimally planned in advance, but must involve experimentation through associative trials and errors », Pelikan [1988], p. 390.

1223.

Ce point a déjà évoqué, quand nous rappelions le point de vue de Krugman [1994a] sur le fait que la croissance du revenu global de l’économie soviétique au cours des années quarante et cinquante ne résultait que de la hausse des investissements et que l’accroissement de la productivité était faible, voire presque nul. Voir p. 92.

1224.

« The role of MITI; the role of company research and development strategy in developing a new integrated approach to the design and development of production system; the role and scale of education and training; the role of social innovations in motivating, training and controlling the labour force; and finally the development of an industrial structure particularly favourable to long‑term strategic investment in marketing, training and technological activities », Freeman [1987], p. 55.

1225.

Voir p. 436.

1226.

« Economic growth is first of all a process of transformation, not of convergence to a steady‑state growth path », Verspagen [2001], p. 6.

1227.

Crafts N. ‑ Mills T. C. [1996], « Europe’s Golden Age: an Econometric Investigation of Changing Trend Rates of Growth », in N. Crafts ‑ B. van Ark (eds), Quantitative Aspects of Past‑War European Economic Growth, Cambridge University Press, Cambridge, pp. 415‑431.

1228.

Canada, Etats‑Unis, Australie, Nouvelle Zélande, Japon, Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Italie, Norvège, Pays Bas, Suède, Suisse et Royaume‑Uni.

1229.

Voir p. 410.

1230.

Nous avons utilisé les tables A‑1c et A‑1j pour les statistiques des économies européennes, américaines et océaniques et la table A‑j pour toutes les données concernant le Japon.

1231.

Il s’agit d’une moyenne pondérée par le nombre d’habitants.

1232.

« A non‑steady‑state process of constant transformation ».

1233.

La moyenne (non pondérée) des taux de croissance annuels moyens correspond à 2.0 % entre 1973 et 1990 et à 1.7 % entre 1990 et 1998, tandis que l’écart‑type passe de 0.6 à 1.1 d’une période à l’autre.

1234.

« There are some features of historical growth patterns that seem to be shared by most countries: generally erratic patterns of trend growth before 1940, a long period of increasing trend growth rates after the Second World War, and slowdown of growth from the mid‑1970s. Despite the common patterns, there are important differences between countries with respect to the timing of changes in the trend, the level of growth rates, and the detailed shape of the patterns. Moreover, there are quite a few exceptions to these common patterns. Interestingly, the 1990s are a clear example of the variability of growth trends between countries », Verspagen [2001], p. 8.

1235.

En fait, pour des raisons de disponibilité des statistiques, Verspagen [2001] utilise les brevets déposés aux Etats‑Unis.

1236.

« Countries with high values of GDP per capita are expected to have relatively higher values of patenting per dollars of exports, while this relationship may be somewhat less step for R&D », Verspagen [2001], p. 14.

1237.

« This is, of course, a simplification since institutional factors obviously take part in this process. But the share investment may also be seen as the outcome of a process in which institutional factors take part, i.e. differences in the size of the investment share may reflect differences in institutional systems as well », Fagerberg [1988], p. 447.

1238.

« The United States seem to be « running away » from the other countries », Verspagen [2001], p. 24.

1239.

« In an evolutionary world, the future is uncertain », Verspagen [2001], p. 25.

1240.

Voir p. 421.

1241.

Voir p. 410.

1242.

« One notices for instance that the diffusion of new technologies is very often faster in countries which produce these technologies. The empirical results presented in this paper make a modest contribution to this debate by showing that countries which are more specialised in electronics, or more accurately, which have a comparative advantage in electronics, have benefited from a productivity growth advantage over countries with a comparative disadvantage in that group of industries », Amable [2000], p. 427, souligné par nous.

1243.

Boyer [2001], p. 1186.

1244.

Voir p. 549.

1245.

« Forging ahead tends to be associated with leadership in new technologies and competence in basic science (although not necessarily leadership in basic science). It is also associated with institutional changes in the generation and diffusion of new pervasive technologies and with the rapid expansion of education and training », Dosi ‑ Freeman ‑ Fabiani [1994], p. 22.

1246.

« Processes of technological and institutional innovation ».

1247.

« Both « old » and « new » growth theories do not allow for any country‑specificity, except those already captured by the inputs in the production function (...), and assume also instantaneous intra‑country diffusion of innovation », Dosi ‑ Freeman ‑ Fabiani [1994], p. 36.