Quatrièmes résultats de la confrontation des théories

Quatrième question : Une des théories est‑elle supérieure du point de vue de la justification de la politique économique en faveur de l’éducation ?

Encore une fois, notre objectif a été de tester la capacité des théories à proposer des arguments, à partir de leurs conclusions théoriques, pour justifier l’intervention publique. Dans ce dernier cas, la question a porté sur l’accumulation du capital humain dans une économie de la connaissance. Après avoir rappelé les différentes conceptions et les caractéristiques d’une telle économie, nous avons montré que les théories de la croissance endogène s’intéressent aux mécanismes incitatifs en faveur de l’accumulation individuelle de capital humain, alors que les théories évolutionnistes portent leur attention sur les moyens de favoriser l’accumulation sociale de capital humain. Nous avons alors porté notre attention sur quelques points de politique publique.

La différence entre les deux points de vue résulte des représentations propres à chacune des théories. L’approche individualiste caractérisant l’analyse néoclassique se traduit immanquablement par une réflexion sur les motivations et les comportements des individus, alors que la démarche holiste de l’analyse évolutionniste interdit une telle représentation. Pour le décideur, la complémentarité des niveaux d’analyse peut sembler intéressante, mais en termes méthodologiques, les hypothèses propres à chacune des théories rend cette complémentarité moins évidente. Quoi qu’il en soit, sur le contenu économique des conclusions avancées par les théories, nous pouvons souligner le caractère littéraire et descriptif de l’argumentation, tant pour l’article de Romer [2000] sur lequel nous avons appuyé notre discussion pour les théories de la croissance endogène, que pour les contributions évolutionnistes. Pour ces dernières, le souhait de présenter une description des spécificités nationales à partir du concept de système national d’innovation entraîne une absence de commentaires généraux de politique publique en faveur du capital humain. Au contraire, l’accent est mis sur la nécessité de présenter une analyse descriptive propre aux économies à l’aide des différents outils proposés.