1.1) Concurrence et association

Dès le premier numéro du Journal des Economistes, un texte de C. Dunoyer répond aux critiques portées à l’encontre du principe de concurrence 870 . On retrouve dans celles-ci toutes les idées développées par P. Enfantin, P. Buchez, P. Leroux, ou encore V. Considérant, popularisées et reprises selon C. Dunoyer par l’opinion publique. La concurrence est en effet jugée responsable à la fois du défaut de cohésion sociale de la société et du paupérisme de la population ouvrière par l’effet dépréciatif qu’elle exerce sur les salaires du fait d’un faible niveau de la consommation. Par conséquent, en concluent les réformateurs sociaux, il faut ‘« substituer l’organisation à l’anarchie, et l’association’ ‘ à la concurrence »’ 871 . C. Dunoyer s’attache d’une part à prouver que les effets négatifs supposés de la concurrence reposent sur un raisonnement erroné (a) ; et d’autre part, que la solution à la question sociale ne réside en rien dans l’association demeurant un moyen économique totalement inefficace, mais dans la diffusion complète de la liberté et de la concurrence (b).

Notes
870.

Sur C. Dunoyer, voir M. Pénin [1991a]. C. Dunoyer (1786-1862) est le créateur en 1814 avec Charles Comte du Censeur qui après une interruption deviendra en 1817 le Censeur Européen, journal libéral et auquel Saint-Simon fut en relation. Il est élu à l’Académie des Sciences Morales et Politiques en 1832 et contribue à la création de la Société d’Economie politique en 1842. C. Dunoyer, économiste réputé lorsque le Journal des Economistes se crée n’y contribue que faiblement puisqu’en moyenne sur les quatorze ans où il y participe, de 1841 à 1855, il ne publie qu’une moyenne de 0,29 article par an soit 16 articles au total (E. Laurent et L. Marco [Op. cit., p. 92].). Mais de l’avis de M. Pénin, C. Dunoyer exerce au sein de cette mouvance libérale « un rôle éminent, plus préoccupé toutefois d’exercer une magistrature morale et d’assurer la promotion de ses propres idées que de favoriser l’émergence de nouvelles idées », M. Pénin [Op. cit., p. 38]. Il faut noter enfin que cette double contribution précède de trois ans l’ouvrage sur la liberté du travail où C. Dunoyer réaffirmera les thèses soutenues ici (De la liberté du travail ou simple exposition dans lesquelles les forces humaines s’exercent avec le plus de puissance (1845)).

871.

C. Dunoyer [1842a, p. 15].