Bien que C. Gide croie dans le développement prochain de la coopération, principe ‘« plus puissant que les hommes, et qui agit spontanément malgré leurs hésitations et leurs défaillances »’, l’avenir social demeure pour lui totalement indéterminé. Les « lois sociales » ne s’imposent pas mécaniquement à l’organisation sociale, mais sont aussi susceptibles de transformations par le seul jeu des volontés individuelles 1443 . Néanmoins, le postulat d’une reconstruction rationnelle de la société, maîtrisée et planifiée, ne constitue pas un postulat du coopératisme. C. Gide suppose simplement que si effectivement l’évolution sociale n’est pas contrôlable et obéit à des mécanismes qui dépassent les seuls intérêts individuels, toute personne de manière consciente et réfléchie peut concourir efficacement à « l’œuvre commune » de la coopération 1444 . C’est pourquoi, il s’écarte de la solidarité naturelle des économistes dont ses fondements autant que ses conséquences relèvent de l’individualisme (a). Il lui oppose une conception de la solidarité réfléchie et volontaire (b).
C. Gide [1900 (1888), p. 59].
C. Gide [Ibid., p. 57]. « Ni palingénésie, ni constructivisme pour ce Gide là », souligne M. Pénin, « mais seulement la conviction que les hommes, par leur action, peuvent peser sur leur destinée même s’ils ne la maîtrisent pas », M. Pénin [1997, p. 275].