L’association coopérative est conçue non comme une fin mais comme un moyen d’introduire au sein de l’économie capitaliste un « esprit nouveau », solidaire, visant par sa supériorité économique et morale à se propager par voie d’imitation à l’ensemble de l’organisation sociale 1456 . L’émergence de la « République coopérative » dépend ainsi de l’efficacité de l’éducation morale développée dans l’association. C’est pourquoi, il convient de proposer parmi les différents types d’organisation associative, la forme appropriée à « l’éducation solidariste ». En sélectionnant l’association coopérative, C. Gide se démarque d’une part, des économistes privilégiant les sociétés de capitaux, et d’autre part, des différents auteurs solidaristes de cette période, de l’école de la solidarité 1457 , favorisant le développement des associations professionnelles ou encore mutualistes (a). Le coopératisme, en apportant une solution à la question sociale combinant liberté et solidarité, effectue ainsi la synthèse de l’individualisme et du socialisme (b).
Chaque association coopérative « forme une petite république […] où se trouvent déjà mis en pratique les principes d’équité et de fraternité , les vertus sociales que nous voudrions voir réaliser dans le monde », C. Gide [1900 (1893c), pp. 178-179].
Ecole de la solidarité présentée comme école nouvelle par C. Gide (C. Gide [1890]). Comme le remarque M. Pénin, l’homogénéité apparente de l’école nouvelle en 1889 fut surtout un moyen de surmonter l’opposition libérale encore forte à cette période. D’importantes divisions doctrinales existaient en fait entre les différents courants au sein de cette école de la solidarité, M. Pénin [1999, p. 104].