3) La question sociale : un problème de morale individuelle

Selon P. Leroy-Beaulieu, le progrès économique et social dépend de quatre facteurs essentiels, apparentés à des « lois naturelles » : la liberté, la propriété, la responsabilité et la concurrence 1584 . Aucune réforme économique n’est donc nécessaire, la question sociale trouvera sa solution d’elle-même par le jeu des « lois naturelles ». Néanmoins, cet optimisme n’a pas toujours été aussi affirmé dans la pensée de P. Leroy-Beaulieu. S’il croit de fait que le progrès économique facilite le développement de comportements moraux, par l’acquisition ‘« d’habitudes d’ordre, de régularité, de discipline, de prévoyance »’, et, qu’il permet ainsi de remédier à la question sociale 1585 , une absence de croissance économique ou une crise morale de la société peuvent empêcher la résolution des problèmes sociaux. C’est dans cette dernière perspective que P. Leroy-Beaulieu suppose nécessaire dans La question ouvrière au XIX e siècle le développement d’une réforme morale pour venir à bout de la « question ouvrière » (3.1) 1586 . Plus confiant ensuite dans les effets du progrès économique, il montre que ‘« la liberté et le temps » ’suffiront ‘« pour résoudre toutes les difficultés sociales »’ 1587  ; l’association se réduit alors aux actions charitables et philanthropiques de la classe des producteurs (3.2).

Notes
1584.

P. Leroy-Beaulieu [1896a, p.18 ; p. 507 ; p. 538 ; p. 624]. Voir aussi sur ce point le plan du Traité théorique et pratique d’économie politique.

1585.

« Il n’est d’autre moyen cependant pour l’homme d’élever sa position que le travail et l’économie », P. Leroy-Beaulieu [1872, p. 294].

1586.

Elle est développée dans le chapitre 6 « Les remèdes efficaces – Le régime que doit observer la société moderne », P. Leroy-Beaulieu [Ibid., pp. 296-339].

1587.

P. Leroy-Beaulieu [1883 (1881), p. 560].