1) La critique du libéralisme économique

La critique d’E. Halévy reprend pour partie ce que les saint-simoniens et P. Leroux, entre autres, avaient déjà dénoncé en leur temps : les « lois » de l’économie n’ont pas le caractère « naturel » que leur prêtent les économistes classiques mais relèvent de fins auxquelles souscrivent les membres d’une collectivité à une période donnée. Les règles de la production et de la répartition répondent par conséquent d’arrangements sociaux évolutifs et amendables. C’est à partir d’A. Smith que l’échange économique est devenu pour l’économie politique le principe dominant des rapports économiques. Mais si les théories de la valeur expliquent sans difficulté l’échange de biens supposant « un échange de valeurs égales », elles se confrontent à une série de contradictions internes lorsqu’elles réduisent le contrat de travail à un échange économique (1.1). Cependant, la « naturalité » de l’échange demeure un présupposé dominant chez les économistes ; c’est pourquoi, E. Halévy entreprend dans un second temps une critique des fondements mêmes de l’échange économique (1.2).