Il existe dans toute organisation économique, selon A. Schatz, des « lois naturelles » déduites de causes à la fois matérielles et psychologiques. Si elles sont naturelles, c’est qu’elles sont immuables, expliquant pourquoi toute réforme sociale devra se subordonner aux règles invariantes de la production et de la répartition des richesses 1862 . Il s’agit donc d’un réformisme social limité et marqué par le refus des solutions socialistes. Individualisme et socialisme sont en effet totalement antinomiques tant pour leurs présupposés que pour les alternatives à la question sociale qu’ils préconisent (2.1). L’absence de tout compromis en est confortée finalement, bien qu’A. Schatz reste très favorable à l’association, par son adhésion à un « individualisme aristocratique » se révélant peu compatible avec les principes de l’association (2.2).
L’analogie avec les sciences naturelles est ici explicite : « il existe en effet un « ordre naturel et essentiel des sociétés politiques » auquel on ne commande que si l’on a compris et si l’on se conforme à ses lois. L’ordre économique n’est pas plus arbitraire que l’ordre physiologique et tout le progrès de la pensée économique depuis la fin du XVII e siècle amène précisément à reconnaître que le gouvernement d’un Etat ne consiste pas à disposer arbitrairement ses éléments comme les pièces d’un jeu d’échecs, mais à reconnaître un ordre spontané, antérieur à l’intervention du souverain, et à veiller, comme l’hygiéniste, à ce que cet ordre ne soit pas troublé », A. Schatz [1922, p. 37].