1.2 La France

Intimement liée à la mise en pratique de la politique francophone 26 , aux côtés notamment du Canada 27 , de la Belgique et du Luxembourg 28 , la France est un des principaux acteurs de l’aménagement terminologique en ce qui concerne notamment la mise en place d’une politique de normalisation terminologique 29 .

En France, le poids des institutions terminologiques, des commissions ministérielles et des centres de diffusion des terminologies (Centre de Néologie et de Terminologie) en matière de terminologie est très grand. Plus qu’une planification linguistique à la québécoise il s’agit d’une politique de promotion du français comme langue de communication spécialisée à l’échelle internationale. En outre, l’enseignement de la Terminologie et de la traduction spécialisée est très présent dans les nouveaux diplômes de Langues Etrangères Appliquées. Elle peut compter sur des centres universitaires très liés aux entreprises et donc, très performants en matière de terminologie ponctuelle. Cela se produit, notamment, en développant des systèmes d’hypertextes pour la gestion et extraction de terminologies et des recherches nouvelles en socioterminologie. C’est le cas, par exemple, du Centre de Recherche en Terminologie et Traduction (C.R.T.T.) de l’Université Lyon2 ; de l’Université de Rennes qui gère un important département de terminologie dont les ouvrages de D. Gouadec nous font largement part ; ou bien encore le groupe de recherche en terminologie (sociolinguistique, usage et devenir de la langue) de l’Université de Rouen menant des travaux sur la socioterminologie, notamment dans le monde de l’entreprise.

Par ailleurs, on voit que les moyens mis en oeuvre en matière de politique terminologique consacrent le succès de la Terminologie dans plusieurs secteurs de notre société. On vit dans une société où la communication est reine et où posséder l’information signifie détenir un pouvoir. Il est évident que chaque langue est l’élément primordial de toute communication spécialisée.

Nous avons déjà fait référence aux rapports entre science et problématique de la langue et nous avons remarqué l’importance, notamment des apports allemands, italiens et français pour l’avènement de la Terminologie en tant que discipline avec objet et méthode spécifiques. Nous avons pu remarquer que la France a joué un rôle central dans ce contexte. Cela s’explique, notamment, par le fait que la France a tenu une grande place dans les débats sur la science et la langue à l’usage scientifique. Elle a été aussi un des premiers pays à s’intéresser aux terminologies professionnelles avec les travaux pionniers de L. Guilbert 30 , et les travaux terminologiques actuels de l’Université de Rouen.

Les pays francophones sont finalement parmi les plus novateurs en ce qui concerne non seulement la projection internationale de la Terminologie par, notamment, la promotion de beaucoup de réseaux internationaux, mais également par son développement théorique 31 . De cette manière, l’intérêt pour la Terminologie s’est étendu notamment aux pays arabophones (dont la France a beaucoup soutenu le développement), ainsi qu’aux pays hispanophones 32 et aux pays lusophones.

Notes
26.

Il est à mentionner l’action de coordination de l’Office de la Langue Française depuis 1961 en faveur de la francisation du Québec et de l’implantation du français en général ; et également la création du Centre International de la Langue Française (CILF) comme symbole de début d’une politique terminologique en France qui se concrétisera progressivement par l’action de diverses comissions ministérielles et autres organismes – Conseil Supérieur de la Langue Française (CSLF), Direction Générale de la Langue Française (DGLF), Direction pour l’information scientifique et technique et des bibliothèques (DISTB) - soutenus par un cadre juridique spécifique.

27.

Dès les années soixante le Québec s’efforce de revaloriser le statut du français et son implantation comme langue de travail. À noter la création (1961) et l’importance que l’Office de la Langue Française(OLF) aura pour assurer la qualité de la langue française au Québec et le développement de la Terminologie, en particulier, des publications normalisatrices. Au niveau gouvernementale, la législation linguistique contribuera également à assainir le problème : Loi 63, Charte de la langue française. Finalement, la recherche (Groupe de recherche en sémantique, lexicologie et terminologie ou GRESLET, le Centre International de recherhce en aménagement linguistique ou CIRAL) et l’enseignement de la Terminologie ont une grande place. Il est intéressant de rappeler que le métier de terminologue y est reconnu comme une profession à part entière.

28.

Notamment, en Belgique avec une politique de promotion du français, de la néologie et des terminologies (décret Spaak et Charte de la Langue Française) ; participation au Réseau International de Terminologie (RINT) ; action de l’Institut Libre Marie Haps et du Centre de Terminologie de Bruxelles (orientation socioterminologique) ; action commune avec le Luxembourg dans le cadre de l’EURODICAUTOM. À signaler également les recherches en Terminologie diachronique (Hermans, par exemple), en éditologie (Roger Goffin)

29.

Par exemple, les diverses activités terminologiques dans les secteur industriel (Matra, Michelin, Renault, Générale des eaux, EDF, etc.).

30.

Nous aimerions quand même signalé aussi les travaux de Pierre Auger sur la terminologie forrestière au Canada (cf. Bibliographie).

31.

Notamment, les contributions avec la création de l’AFTERM / FRANTERM, AFNOR, les colloques (dont “Terminologies 76”), les apports théoriques de linguistes/terminologues français tels que Louis Guilbert, Bruno de Bessé, Alain Rey. Sur les différentes écoles et étapes fondamentales du développement de la Terminologie on peut lire avec beaucoup d’intérêt l’article de P. Auger “La terminologie au Québec et dans le monde, de la naissance à la maturité” ainsi que les divers travaux de T. Cabré (cf. Bibliographie). On peut ajouter que la France exerce un rôle important à partir de la deuxième étape d’affirmation de la Terminologie tandis que le Portugal l’exerce depuis la dernière étape (à partir surtout de 1985 profitant d’un vaste cadre de coopération internationale).

32.

On peut signaler les actions et les recherches terminologiques importantes des linguistes-terminologues, dont Teresa Cabré, en Catalogne, en Gallice et au pays Basque (Voir Bibliographie, notamment, Cabré (1993 : 57 et ss.)