1.4 Derrière les terminologies... des savoirs et tout ce qui s’en suit

‘Si la terminología nace como una disciplina monovalente al servicio de la comunicación entre especialistas, su desarrollo le ha ido confiriendo un carácter cada vez más polivalente y selectivo, que debe servir para resolver mejor las necesidades humanas que la nueva cultura suscita, y debe tender a acercar la tecnología a las personas, mejorando así su calidad de vida y sus relaciones interpersonales e intergrupales, cada vez más amplias y complejas.(CABRÉ, 1993 : 29)’

La Terminologie s’inspire d’une certaine façon du modèle écologique qui préconise l’action locale et la pensée globale. Les modèles d’approches avec lesquelles on peut l’envisager correspondent, en vérité, aux mouvements et aux valeurs de la société actuelle. D’une part, la Terminologie s’organise à partir d’un ensemble d’actions visant la préservation de l’identité des langues par l’unification des termes. De l’autre côté, elle correspond à ce souci identitaire et unificateur mais lié au respect de la diversité des langues, aux mécanismes d’intercompréhension et fondamentalement à la diversité terminologique.

Que les finalités soient aménagistes (affirmation et promotion de langues en situation linguistique minoritaire ou langue représentant une nation technologiquement faible) et/ou normatives, prescriptives et/ou descriptives, onomasiologiques et/ou sémasiologiques, tout semble concourir à lier l’avènement, puis le développement de la Terminologie à la problématique du savoir.

L’alliance intime de la Terminologie et les données de la connaissance est une composante de l’expression des besoins de la société, caractérisés par l’affirmation de chaque langue nationale, par la mondialisation des échanges et des transferts (informationnels, communicationnels et économiques) et bien évidemment par le développement exponentiel de la technologie et des champs de connaissance.

Connaissances et Terminologie constituent donc des moyens d’affirmation et de développement technologique. Les questions liées à l’épistémologie et l’histoire des connaissances concernant directement le domaine d’expérience à étudier deviennent, de surcroît, importantes pour comprendre l’importance capitale des concepts et de leur représentation en recherche terminologique, qu’elle s’exprime en français ou en portugais.

Qui dit connaissance dit spécialiste (savant, scientifique, chercheur ou professionnel d’un domaine spécifique) car “la terminología, además de ordenar el pensamiento, los especialistas transfieren el conocimiento sobre una materia, en una o más lenguas, y estructuran también la información en textos especializados (CABRÉ, 1993 : 103).

Les spécialistes des domaines de connaissances interrogent la Terminologie dans la mesure où premièrement, ils représentent les producteurs et les utilisateurs des terminologies en vue d’échanges et de partage de connaissances ; et deuxièmement, ils sont les acteurs de l’établissement d’un langage, produit d’un consensus, qui est moyen d’expression et de mise en culture des savoirs par le circuit très structuré de communication spécialisée.

D’ailleurs, pour Cassen (1990 : 235) la science est plus qu’une accumulation de données et de faits, c’est une façon de voir le monde et, à cause de cela, la science et le langage dans lequel la pensée scientifique s’exprime sont intimement liées.

Finalement, la Terminologie, pratique et matière d’enseignement et de recherche, est redevable d’abord de disciplines telles que les sciences de l’information et de la communication, des sciences cognitives, de l’épistémologie des sciences, et ensuite de la linguistique, et très particulièrement de la lexicologie, de la morphosyntaxe, de la sémantique 49 , de la sociolinguistique, sans oublier la pragmatique. La Terminologie entretien également des liens de plus en plus forts avec l’informatique. Si toutes ces relations font déjà partie des stratégies de recherche et d’enseignement des Lsp utilisées par la Terminologie 50 , les liens entre évolution des connaissances et terminologie, entre spécificités des domaines et terminologies, sont bien moins apparents. C’est pourquoi, dans une perspective interdisciplinaire, et dans le cadre de notre recherche, l’observation des rapports entre Terminologie et savoirs nous éclairera sur l’évolution conjointe des connaissances et de la Terminologie sous ses aspects conceptuels et linguistico-descriptifs, eux-mêmes fondements de la structuration des terminologies à des fins communicatives, voire didactiques.

Nous constaterons, par surcroît, que dans l’histoire des sciences les questions terminologiques sont omniprésentes. Sans les savoirs pas d’information ; sans les informations pas de communication spécialisée ; sans communication spécialisée pas de langages spécialisés ; sans langages spécialisés pas de Terminologie.

Dans le chapitre suivant nous proposons une introduction à la problématique de la science vue sous l’angle, notamment, des discours où les concepts/termes apparaissent. Ces deux notions sont nécessaires à la compréhension de la terminologie conceptuelle, elle-même volet important de la théorie moderne de la Terminologie 51 .

Enfin, s’agissant de l’exposé des relations entre la Terminologie et la Science nous emprunterons à T. Cabré (1993 : 34) la conclusion de ce chapitre

‘La terminología sirve a la ciencia, a la técnica y a la comunicación, y debe ser consecuente con esa función.(...) el desarrollo que ha logrado actualmente es el resultado del progreso vertiginoso de las ciencias y las técnicas, y de las necesidades cada vez mayores de comunicación especializada entre comunidades de lenguas diferentes. ’

Cassen s’interrogeait : Quelles langues pour la science ?Pourrait-on ajouter Quelles sciences pour quelles langues ? en se gardant d’oublier, comme le signalait Chukwu (1993 : 56) dans sa thèse que l’image du monde projetée par la science ne dépend pas d’une langue naturelle particulière.

Notes
49.

Et nous pensons très spécialement à la sémantique cognitive, à la sémantique référentielle et à la sémantique relationnelle.

50.

Apprentissage des Lsp non seulement comme langue étrangère mais également comme langue de spécialistes (formation initiale), dans le cadre par exemple d’acquisition de la compétence cognitive, discursive et communicative.

51.

Qui est l’aboutissement d’un long cheminement partant de la théorie générale de la Terminologie (TGT), en passant par la théorie des termes et la théorie communicative (TCT) dont elle est complémentaire. D’ailleurs la Terminologie aujourd’hui, selon Gambier (1991), exerce les fonctions de type cognitif, social, historique, linguistique et technique.