CHAPITRE III - DES «LIEUX» POUR LE FONCTIONNEMENT DE LA SCIENCE

Depuis que E. Wüster a posé les fondements de la Terminologie prescriptive, on n’a pas cessé de souligner l’importance de l’épistémologie pour l’interprétation des domaines spécialisés. Mais dans quelle perspective et dans quel but ?

Il faut, tout d’abord, considérer que le travail du terminologue est un questionnement permanent de la Science et de la Technologie. La Terminologie, face à l’émergence de nouveaux domaines, se présente comme une “radiographie” du discours technologique 217 et s’affirme comme une quête éthique de la nature et du fonctionnement des domaines spécialisés. À ce propos, la réflexion épistémologique est à la fois contenu et contenant de la Terminologie : elle devient l’étude du rapport entre la pensée et le langage scientifiques. Tout bien considéré, aussi bien la Terminologie que l’Éditologie 218 constituent désormais les parties fondamentales de l’épistémologie des sciences.

Cependant, l’imprécision avec laquelle on lie la réflexion épistémologique à la réflexion terminologique nous donne à penser que la place de l’épistémologie comme un processus, lui aussi historiquement marqué, n’est pas souvent pris en considération.

Il faudrait, en effet, tenir compte des questions “métaphysiques” qui touchent à l’Épistémologie, à l’Histoire des Idées, à la Philosophie des Sciences et à la Théorie de la Connaissance, interrogation qui rend difficile la distinction entre les dénominations de ces disciplines. Leur objet d’étude est souvent commun mais leurs différentes perspectives sont le fruit de traditions philosophiques, de méthodes, et de courants linguistiques divers.

Dans les multiples courants de pensée nous trouverons certainement un début de réponse qui montrera sans doute que l’analyse de la connaissance scientifique suit un parcours qui va d’une approche d’analyse interne (rapport terminologique entre le “sujet” et “l’objet”) vers une approche externe, nouvelle et complémentaire.

Notes
217.

Cf. Baudet, 1997.

218.

Dans son article “Éditologie et sociolinguistique”, Baudet propose une épistémologie à deux volets : la terminologie (étude des termes et structures dans le discours scientifique) et l’Éditologie (étude de l’ensemble des textes édités). J.Cl. Baudet avait proposé, en 1984 à Bruxelles, l’emploi du terme Éditologie. Ce terme fut créé par Roger Bénichoux dans le sens de “étude des moyens de communication scientifique”.