6.2 Le corpus documentaire de référence global utilisé

Ce fut donc, après l’analyse des caractéristiques du circuit de la communication spécialisée de la Pollution, que nous avons entamé la recherche d’une documentation pertinente, originale et complète sur le sujet en étude.

Après la sélection du corpus total, toujours dans le respect des paramètres méthodologiques d’analyse descriptive et comparative, les documents de travail ont été soumis à une première analyse qui a permis de les classer en deux sous-ensembles : le corpus de référence et le corpus d’analyse.

Le corpus de référence a servi à approfondir une compétence cognitive sur le domaine et à règler des questions méthodologiques sur le traitement terminologique pour la constitution des champs terminographiques.

Comment avons-nous procédé pour élaborer ce corpus global ?

Il a fallu établir l’inventaire exhaustif de la documentation dans les deux langues. Cet inventaire a été dressé de la façon suivante :

Ce corpus de référence (cf. corpus documentaire de référence - Annexe) est composé d’un large éventail d’ouvrages 423 : dictionnaires, glossaires, lexiques, manuels (sur l’Écologie et les Sciences de l’environnement) ; des programmes, des études, des rapports, des manuels (sur la thématique de la Pollution, ses secteurs de recherche et d’application); et du même ressort, également des guides, des périodiques (des articles de revues, des bulletins, des lettres) des brochures et des dépliants.

Au cours de la constitution du corpus de référence nous avons analysé et pondéré les informations retirées dans les classifications 424 concernant le domaine et ses interrelations avec, notamment l’Écologie et la Chimie. Cela nous a permis de comprendre les liens qui unissent l’Écologie et les Sciences de l’Environnement 425 . La coexistence effective des savoirs a ici valeur exemplaire car il existe bien des véritables réseaux conceptuels entre les domaines. C’est pourquoi l’analyse réalisée ne pouvait pas ne pas tenir compte de l’existence d’une articulation des connaissances issues de champs disciplinaires différents. Et la pollution est dans l’analyse de la documentation choisie, un domaine d’expérience (où la coordination entre contribution scientifique, applications technologiques et production sont fortes, véritable exemple d’un R&D).

Le corpus de référence a, en effet, permis d’approfondir les connaissances sur le domaine à un double titre : s’agissant de son contenu mais aussi de sa structuration conceptuelle aux fins de l’analyse terminologique ; il a permis également de mieux cerner le champ terminologique et d’en déterminer les articulations et les limites.

Les documents de référence sont à la fois des sources d’information et des sources terminologiques car ils contribuent d’une manière essentielle à la réalisation du travail terminologique.

La documentation terminologique collectée remplissait essentiellement les fonctions à caràctere informatif, descriptif et prescriptif 426 . De fait, le choix de la documentation, qui a été complétée tout au long de la recherche, avait l’ambition de saisir dans sa globalité un inventaire clair et rigoureux des caractéristiques discursives du domaine de la pollution 427 .

D’une manière globale, et déjà reconnue comme une pratique traditionnelle, le travail terminologique est dirigé par un certain nombre d’orientations théoriques et méthodologiques car

‘Toute science ou discipline et tout champ d’activité se définissant par une taxonomie, tout “travail sur la science”, la discipline ou le champ d’activité doit lui-même s’organiser selon la même taxinomie. Aborder une science, une discipline, une activité ou un domaine de l’expérience humaine, c’est d’abord déterminer comment se construisent leurs limites puis comment s’embûtent, dans ces limites, des zones fonctionnelles. Il est donc nécessaire, pour le terminographe qui s’apprête à aborder un champ donné, de savoir (ou d’apprendre) où se situent les bornes de ce champ et comment il se subdivise.’ ‘Délimiter un objet ou champ terminologique, c’est fixer les limites de la recherche à effectuer, prédéfinir les critères de contextualisation (et d’indexation, de la totalité des données recueillies et traitées, (...) La délimitation de l’objet ou champ terminologique est en fait progressive. Elle suppose un choix initial suivi d’affinements successifs par sous-découpages de l’objet ou du champ retenu. Tout critère de délimitation initiale est acceptable a priori. (GOUADEC, 1990 : 78)’
Notes
420.

Un grand pourcentage de la littérature sur l’Écologie et l’Énvironnement est publiée dans les pays anglo-saxons. La France produit une certaine quantité en langue française mais les auteurs de très grande renommée (utilisés dans les cours des nouvelles filières des sciences de l’environnement des Universités) sont anglo-saxons comme Odum, par exemple, qui fait référence. Pour ce qui est du Portugal et du Brésil, le marché des publications scientifiques est en grande majorité composé de publications étrangères (La Recherche, Science et Vie, etc) ou alors des traductions en langue portugaise de périodiques et d’auteurs de référence (pour l’écologie, par exemple, Odum, Dajoz, Deléage). La pauvreté des publications de revues scientifiques en langue portugaise est encore marquante.

421.

Pour compléter, par exemple, la documentation sélectionnée, vérifier l’impact du domaine ; vérifier également les réseaux interdisciplinaires, surtout la triade Écologie-Sciences de l’Enironnement-Pollution ; prendre conscience de l’importance des “termes plyédriques” (cf. Cabré) dans ce domaine complexe, difficile à délimiter et riche d’une terminologie foisonnante (vocabulaire du “domaine-mère” pour les principes scientifiques, des domaines connexes et d’nterface pour l’application, et son vocabulaire de fonctionnement dans le cadre d’une activité).

422.

Phase où nous avons considéré une liste d’exclusion, par exemple, les concepts /termes concernant la protection de l’environnement ou certains concepts/termes sur le traitement des eaux (recherche très avancée en France mais très peu encore dans un pays lusophone comme le Portugal ou le Brésil), etc .

423.

Comme on peut le constater il s’agit de documents formalisés et des documents moins formalisés.

424.

CDU et Thesaurus Thelyce .

425.

L’analyse historique d’un domaine (dont sa terminologie) contribue nécéssairement à son analyse terminologique.

426.

Ce dernier type de documents nous sert, par la nature même du secteur en étude, comme corpus de contrôle.

427.

Le langage spécialisé de la Pollution fait partie du langage spécialisé général car il intègre un système qui le distingue du langage commun. Voir aussi Sager à propos de la distinction “spécial reference” et “general reference”.