6.4 Quelques conclusions

Nous verrons dans les chapitres qui suivent que le langage spécialisé de la pollution porte sur des objets présents dans un monde spécifique où savoir, pratique et production ne font qu’UN, une sorte de synthèse de “la compléxité des choses” qui symbolise aujourd’hui la société contemporaine. Malgré cette compléxité, le langage spécialisé s’emploie à désigner rigoureusement ce monde car il fait surgir la référence. L’analyse terminologique ne peut que tenir compte de cette réalité.

Jusqu’à maintenant nous avons montré que les textes spécialisés permettent d’effectuer une analyse terminologique à la fois englobante et profonde de domaines composites, très marqués par une grande interdisciplinarité et transversalité.

Traiter un domaine, ou plutôt “un secteur d’activité en fonctionnement” (Gaudin, 1993) c’est apprendre à le reconnaître dans les textes qui possèdent une certaine terminologie régie par une certaine rhétorique.

Le domaine a effectivement un fonctionnement socio-discursif, il vit en discours, il est tributaire de l’espace et du temps. Il n’est donc pas imperméable aux apports extérieurs au niveau scientifique et linguistique (à l’intérieur de sa propre langue et même par l’influence d’autres langues).

Reprenons l’exemple de la Pollution. En français, ce domaine eut une maturation plus homogène de son système de conceptualisation et de lexicalisation (processus de construction sémiotique) alors que le discours de la Pollution en portugais est plus récent et souvent un “discours adapté” (parfois même simplement traduit) du discours de la Pollution en anglais ou en français.

Pour finir notre chapitre sur ce sujet, quelques conclusions nous semblent importantes à retenir. Nous avons tenté de présenter ici l’importance des questionnements épistémologiques et historiques pour retirer les enseignements nécessaires à la compréhension de l’état actuel d’un certain savoir, de sa structure conceptuelle et de son langage propre. cela fait ressortir également le besoin de développer des travaux en Terminologie diachronique.

Nous avons pu également montrer que les textes représentatifs d’un domaine sont le reflet d’un paradigme de communication spécialisé et qu’ils doivent, par conséquent, être analysés en fonction de leur nature, de leurs spécificités et de leurs objectifs pragmatiques.

Tout cela insiste une fois encore sur l’importance du choix des textes qui composent un corpus. Il est déterminant d’établir des critères de constitution d’un corpus conformes au projet terminologique déterminé.

En synthèse, cette deuxième partie a décrit la problématique nécessaire pour mener à bien un travail terminologique adapté aux besoins et aux objectifs d’une recherche spécifique en langage spécialisé, aussi éloignée que possible de l’idée d’un moule universel d’analyse du langage spécialisé.