7.2 Le “domaine” de la Pollution : approche historique et interdisciplinaire

L’histoire de l’écologie reflète, sans aucun doute, l’évolution de disciplines comme la botanique, la géographie, la zoologie, la géologie, etc., qui ont beaucoup contribué, par leurs théories et par leur méthodes, à l’affirmation de ce nouveau champ de connaissances. Il est certain que l’écologie est le contenant et le contenu d’une nouvelle pensée scientifique 459 .

La démarche historiographique est donc importante pour cerner le mouvement des connaissances et des termes qui les véhiculent. Elle peut, de surcroît, et dans une perspective terminodidactique, contribuer à l’apprentissage des sciences et aux manières de pensée scientifiques. Une étude terminodiachronique implique la mémoire des termes qui devient un outil indispensable à la compréhension de l’évolution des théories et à l’affinement des concepts.

Des besoins terminodidactiques sont ressentis par M. Holzem (2000 : 23) qui déplore le fait que les disciplines scientifiques soient encore enseignées sans tenir compte “ni de leur unité passée, ni des contextes particuliers qui ont contribué à leur émergence”. En quoi l’accomplissement pédagogique de ces besoins contribue-t-il à l’apprentissage des sciences ? Dans son livre Introduction à une histoire naturelle, Cl. Allègre (1992 : 8) vante les mérites de l’analyse historique pour l’acquisition de la connaissance scientifique

‘La démarche historique, qui cherche à reconstituer l’origine des choses, leur mode de genèse, leur développement, qui montre le rôle du temps, ses effets cumulatifs, ses changements de rythme, sa monotonie et ses révolutions, peut apporter beaucoup à la pensée scientifique.’

Cette approche historique, qui met obligatoirement en évidence des aspects d’interdisciplinarité, apportera une aide précieuse à la première structuration du domaine de l’étude.

Dans l’aperçu historique que nous menons ici, deux éléments sont mis en évidence. Tout d’abord, les questionnements profonds formulés par des disciplines dont les résultats ont aidé à la naissance de la science écologique, ensuite les efforts que cette nouvelle discipline a entrepris pour s’affirmer en prenant appui, notamment, sur des théories émergentes. Dans le premier cas, on trouve les domaines de l’Histoire Naturelle (classificatoire), de la botanique, de la zoologie et leurs rapports avec la géographie, la géologie 460 et la biologie. Dans le deuxième cas, on retrouve la physique, et surtout les apports de la thermodynamique 461 , la chimie et l’économie qui l’ont irriguée depuis son origine.

Par ailleurs, l’histoire de l’écologie est, de surcroît, l’histoire d’un vaste processus conceptuel/terminologique complétée d’une pensée philosophique, éthique, sociale et économique.

En conclusion, l’Écologie est constituée de plusieurs orientations, elles mêmes fruits de perspectives diverses mais complémentaires. L’approche diachronique peut donc s’avérer aussi importante que l’approche synchronique en écologie car son parcours historique est visible dans la constitution progressive de sa terminologie qui, de plus, constitue un réceptacle de créativité lexicale et d’emprunts.

Notes
459.

Par exemple, la proto-écologie commença par intégrer dans ses réflexions les valeurs et les métaphores du ressort de l’économique, du politique et du christianisme.L’écologie s’appuya, certes, sur des concepts/termes en usage mais, au fur et à mesure de son évolution et des liens interdisciplinaires et tranversaux qu’elle tissaient avec d’autres domaines, elle procédait aux adéquations et reformulations pertinentes, adaptées à son objet et méthode d’étude. Les écologues ont été, par ailleurs, les plus grands promoteurs de ces domaines connexes (botanique, zoologie, agronomie, pédologie, biologie, etc.). Le XIXes vit, notamment, l’écologie se débarasser des réflexions concernant la foi, par le biais notamment de l’action de la physique.

460.

Le cas de cette discipline est un des plus paradigmatiques pour comprendre l’évolution de la science. À ses débuts ancrée sur une perpective régional, devient aujourd’hui une science à méthode globale, surtout grâce à l’avènement de la théorie de la tectonique des plaques.

461.

Surtout les aspects qui ont rapport à la transformation et aux échanges d’énergie et de la matière, d’entropie, entre autres.