7.3 Le XXes : de l’écologie, de l’environnement et de la Pollution.

‘Na primeira metade deste século, os écologos tendiam a acreditar que sua ciência não dispunha de uma teoria. Na realidade, a ecologia tinha muita teoria, mas a teoria que estava em uso e que era influente não fora inteiramente confrontada com as observações ou desenvolvida a partir delas. Quando as profecções da teoria predominante eram assim comparadas, a teoria geralmente contradizia as observações. Desse modo, as primeiras teorias ecológicas estavam dissociadas da observação, e os teóricos e empiricistas funcionavam independentemente demais uns dos outros. (BOTKIN, 1998 : 555)’

Au début du siècle on considérait donc l’Écologie comme une discipline en quête de scientificité, en manque de systématisation, et cela malgré tous les grands travaux entrepris. Ces insuffisances, nous dirions plutôt, ces éparpillements théoriques, vont être néanmoins très fortement réduits pendant la première moitié de ce siècle. D’ores et déjà, l’éloignement vis-à-vis de l’Histoire Naturelle se poursuivit, avec quelques éclatements disciplinaires : l’écologie végétale, l’écologie animale, la limnologie et l’océanographie 509 .

Quant à l’affirmation de la science écologique moderne, P. Acot la situe dans la période comprise entre 1895 et 1942 et coincide avec la fin de la conquête par l’Amérique de son territoire et l’avènement de l’écologie dynamique, qui allait dépasser des travaux de prélèvements botaniques et géologiques.

Ramón Margalef, cité par Acot (1994 : 61), qui joint certains propos de Botkin, explique que l’existence de différentes perspectives écologiques est dû naturellement aux caractéristiques environnementales, biotiques et abiotiques, objet des observations entreprises par les chercheurs et soulève ainsi le caractère innovateur de l’écologie dite dynamique

‘Toutes les écoles d’écologie sont profondément influencées par un genius loci qui relève du paysage local (...) la végétation en mosaïque des pays méditerrannéens et alpins (...) a contribué à la naissance de l’école de sociologie végétale zurich-montpelliéraine (...) la Scandinavie, avec une flore pauvre, a produit des écologues qui comptent chaque pousse et chaque bourgeon (...) et il est bien naturel que les grands espaces et les lentes transitions de l’Amérique du Nord et de la Russie aient suggéré, en écologie, une approche dynamique et la théorie du climax.’

On peut considérer que le grand essor de l’écologie à partir du début du siècle est dû, principalement, aux recherches américaines 510 .

Le botaniste Conway McMillan entreprit des travaux sur la dynamique successionnelle de la végétation.

Henry C. Cowles, inspiré par les observations de Warming, fit des études sur les dunes, sur l’ordre des successions des sociétés végétales dans le développement d’une région 511 . On fait référence ici à ses travaux sur la dynamique écologique de la région des grands lacs, par exemple.

Charles C. Adams, qui a été l’élève de Cowles, réalisa des recherches concernant l’influence des successions végétales sur l’écologie animale. Il produisit une étude sur la dispersion de la faune (biota ou communautés biotiques) nord-américains au cours de la période postglaciaire.

Les moyens de communication spécialisée concernant l’Écologie se mirent aussi à fleurir ici et là, prenant un caractère systématique. À titre indicatif, on peut évoquer la publication du Journal Ecology au début du siècle et la création des premières sociétés savantes comme la société écologique britannique (British Ecological Society 512 ,1913) et la société écologique américaine (Ecological Society of America, 1917). Ces moyens de transmission et de diffusion du savoir ont évidemment favorisé l’emprise de l’Amérique sur la scène écologique.

Dans le développement de cette perspective dynamique, F. Clements 513 , entreprit des recherches sur la succession végétale et les méthodes de mesure des facteurs de l’environnement. En s’appuyant sur la phytogéographie du Nebraska, il développa les idées de succession écologique dans la communauté végétale et l’idée de caractère organique de la formation végétale. Pour Clements ce sont les plantes qui peuvent déterminer quels animaux peuvent s’intégrer à un biome. Il considère, finalement, le concept de climax comme l’aboutissement final d’une sucession, c’est-à-dire, la phase finale d’évolution progressive d’une végétation qui n’a pas été perturbée.

L’écologie dynamique est donc le résultat des propositions de Cowles et de Clements, considérés comme les fondateurs de l’étude de la succession des communautés végétales, hypothèse qui dominera jusqu’aux années quarante 514 .

La fin des années 1930 fut marquée par un grand événement interdisciplinaire. Clements et Victor Shelford, spécialistes du domaine de l’écologie animale, s’associent et définissent la bioécologie. Dans cette nouvelle discipline, le concept fondamental est celui de biome 515 . Dans cette dernière perspective, il est possible d’étudier la fusion les communautés végétales et animales en une communauté biotique plus large (le biome) ; on peut également considérer que les organismes ainsi décrits font partie du concept de climax ou super-organisme qui a été créé par phases de développement successives.

Dans une première synthèse, on conclut qu’après les progrès en biogéographie qui ont eu pour conséquences quelques spécialisations - écologie végétale, bioécologie - l’époque était prête pour le développement de l’écologie animale.

L’écologie ne tarderait donc pas à trouver d’autres spécialisations parce qu’elle était une science à part entière. Elle possédait des concepts propres et apportait des réponses originales et innovantes. Trois branches sont traditionnelemnt délimitées : l’autoécologie 516 , la synécologie 517 et finalement l’écologie des écosystèmes. Ainsi, on voit que dès le départ l’écologie était “grosse” des concepts d’écosystème 518 , de dynamique des populations, de biosphère et de cycles biogéochimiques. Ce sont les apports interdisciplinaires qui rendront ces nouvelles connaissances opératoires.

Pour les premiers écologues, l’Homme n’était pas un objet d’observation. Ils n’avaient pas encore perçu 519 que l’Homme est une partie intégrante du système écologique, par sa seule présence et son influence sur l’environnement.

Il a fallu un premier événement pour que cette question soit posée avec force. Il s’agit du Dust Bowl, l’érosion éolienne des années trente dans le Middlewest américain. De mauvaises pratiques agricoles avaient entraîné la destruction de la couverture végétale (la formation végétale d’origine). Pour la première fois, l’Homme était pris en compte dans l’observation des phénomènes écologiques. Ce fut un grand moment pour la transmission et la diffusion de la problématique écologique. L’écologie sortait de l’université pour atteindre le grand public.

Mais revenons aux questions sur l’écologie animale. L’anglais Charles Elton 520 s’intéressa à la structure et au fonctionnement de la communauté animale à tous les stades de son développement. Les sociétés primitives du Canada et de Scandinavie ont constitué sa base d’étude. Selon lui, la communauté naturelle est un système économique simplifié qui fonctionne sur quelques principes fondamentaux. Tout d’abord, le concept de chaîne alimentaire (avec ses maillons) : les végétaux, les plus importants, en bas de l’échelle, ensuite les herbivores et puis les prédateurs. Dans la chaîne alimentaire les plantes sont toutes des producteurs ; les animaux sont des consommateurs de premier ordre (s’ils se nourrissent de plantes) ou de second ordre (s’ils se nourrissent d’animaux). À ce propos il est à signaler que August Thieneman avait introduit en 1926 les termes de producteur, consommateur, réducteur et décomposeur pour décrire les actions produites par les acteurs d’un ensemble écologique spécifique.

Le concept de réseau trophique représente, en deuxième lieu, la somme totale des chaînes dans une communauté donnée. Elton a voulu généraliser son application aux chaînes alimentaires de la nature. L’idée d’interdépendance et de coopération joue ainsi son rôle. Il se pencha également sur les effets du volume des aliments et du nombre d’individus sur la structure des chaînes. Il s’agit d’une loi de la nature qui institue pour chaque espèce le volume idéal de sa nourriture, aidant à déterminer ainsi la structure de la chaîne alimentaire. Il s’ensuit le concept de pyramide des nombres traduisant les systèmes d’interactions entre populations naturelles réglées par les différents types de comportements 521 . Au fur et à mesure qu’on gravit le pyramide, la biomasse diminue, c’est-à-dire le poids total du protoplasme, parce qu’il y a naturellement une diminution du nombre d’individus. Et on arrive à la notion de niche 522 signifiant que le développement d’une espèce dépend de l’ensemble des conditions géographiques, climatiques, physiques, chimiques et biologiques qui constituent son environnement. À ces principes venait s’ajouter la règle d’exclusion concurrentielle 523 selon laquelle il est impossible que deux espèces occupent la même niche à l’intérieur d’une communauté donnée.

Quel place occupait l’Homme dans ces études ? Pour Elton l’Homme ne pouvait pas être pris en compte dans le fonctionnement du système économique naturel parce qu’il utilise des techniques artificielles 524 .

Un autre grand écologue, A.G. Tansley, changea la vision qu’on avait du monde. Il n’acceptait plus les théories de l’écologie organiciste 525 . Il persistait à utiliser les concepts/termes de communauté végétale, de succession, de climax, mais avait remplacé le terme communauté biotique par écosystème pour montrer l’interdépendance du monde vivant et de son support physique. Il concevait la nature comme un agrégat 526 d’entités strictement physiques organisées en un système mécanique. Pour l’analyser il proposait la notion d’écosystème 527 (1935) qui devint le modèle théorique des organisations naturelles. Tansley croyait que l’écologie devait tenir compte de ce qui était quantifiable et apte à l’analyse. Les organismes sont des systèmes physiques et non des totalités organiques. Les écosystèmes maintiennent leur équilibre, ou état stationnaire, par un processus de circulation de la matière organique qui se transfère le long des chaînes alimentaires (par des flux d’énergie 528 ). Déjà avant Tansley, d’autres écologues avaient pressenti l’importance du facteur énergie pour la recherche écologique. Plus que la nourriture, l’énergie est le moyen d’interdépendance et de coopération dans la chaîne de la nature. Le modèle de communauté écologique est ainsi dépassé. L’avènement d’écosystème 529 (ensemble d’une biocénose et d’un biotope) lié aux théories sur les populations animales et au concept d’énergie offre à l’écologie sa théorie d’ensemble.

Pour Tansley quelle était la place de l’Homme au sein des écosystèmes ?

Il était conscient que les civilisations avaient changé le cours de la succession naturelle 530 . Mais cela ne constituait pas un facteur déterminant. Il créa la notion de climax anthopogénique qu’il voulait, au départ, nommer climax perturbé ou disclimax ; il a cependant trouvé que ces termes renforçaient l’idée de nuisance de l’Homme envers la Nature. Ainsi la notion de climax anthropogénique impliquait l’idée d’un système biologique artificiellement créé par l’Homme. L’Homme est un facteur biotique qui par la destruction, la transformation ou la création d’écosystèmes, modifie son environnement. Il fait donc partie de tout processus écologique.

Mais l’argumentation écologique devenait l’un des enjeux de l’activité anthropique. Par exemple, en 1956, l’américain James Malin, dans son ouvrage The Grassland of North America intègra l’écologie dans l’étude de l’agriculture. Mais ici l’écologie véhicule une théorie anti climacique selon laquelle le modèle agricole utilisé dans la prairie américaine n’était pas la cause directe des phénomènes de sécheresse, il s’avérerait même que la mécanisation de l’agriculture dans ces plaines avait été positive.

En revenant au concept d’écosystème de Tansley, celui-ci va subir quelques approfondissements conceptuels qui aboutiront à la théorie des écosystèmes. Celle-ci associée aux questions de l’énergie 531 , fut approfondie par Raymond Lindeman juste au moment où le grand public s’intéressait à l’écologie 532 . De nouveaux concepts surgirent en relation avec l’idée de l’énergie, dans une approche considérée trophique et dynamique 533 , servant à indiquer le cycle de la nourriture ou de l’énergie dans l’écosystème. L’écosystème est une unité écologique fondamentale, représentée par une échelle le long de laquelle se font des échanges d’énergie et de matière. D’autres concepts sont utilisés : les niveaux trophiques pour indiquer les producteurs (autotrophes), les consommateurs primaires (hétérotrophes), les consommateurs secondaires, et les décomposeurs qui réduisent la substance organique en éléments nutritifs recyclables. Le cycle trophique, qui soutient les barreaux de l’échelle, se nourrit du produit des échanges entre la matière et l’énergie. Cependant, il reste toujours de la chaleur qui se dissipe, notamment, dans l’atmosphère.

Lindeman, appliquant les principes de la thermodynamique au fonctionnement des écosystèmes, s’attacha à mesurer les pertes d’énergie au cours des échanges au sein de l’écosystème afin de déterminer la productivité de chaque niveau (des végétaux, des animaux terrestres et aquatiques) dans la chaîne alimentaire ainsi que le rendement des transferts d’énergie entre les niveaux 534 . Ces travaux ont contribué à faire prendre conscience de la nécessité d’une utilisation rationnelle des ressources naturelles comme en témoignent le “Programme biologique international” et le projet “Man and biosphere”.

Avant 1920 la gestion théorique et pratique des ressources naturelles était dominée par l’utilitarisme. Après 1945 c’est plus la notion de protection de la nature inspirée par les analyses écologiques qui est prise en compte. Ainsi, des années 1920 jusqu’au aux années 1940, l’écologie vécut une époque de grands débats et de conflits.

C’est précisément l’époque que certains nomment la “Nouvelle Écologie” ou l’écologie moderne. Pourquoi cet épithète ? Parce que l’Écologie se basait désormais sur l’économie et les principes de l’énergie 535 . Son développement était, également, issu du contexte progressiste de la gestion des ressources naturelles. Le modèle d’écosystème devient le paradigme du nouvel ordre naturel (les cycles biogéochimiques, de transfert d’énergie, etc.). L’Écologie entraîne une remise en question des modèles économiques traditionnels. À partir de ce moment des modèles d’interdépendance et de coopération s’imposent. Les objectifs généraux de l’humanité doivent se soumettre à l’efficacité et la productivité. Cette nouvelle conception écologique entraîne la constitution d’un modèle d’environnement, fondé sur des principes de thermodynamique et des modèles d’économie, où l’écosystème est comparé à un mécanisme thermodynamique en équilibre autour d’un climax.

L’avènement du concept/terme environnement vient soulever une nouvelle problématique qui oppose et fait interagir les écosystèmes naturels et les écosystèmes artificiels. Le concept d’écosystème, au même titre que celui de climax, est maintenant un élément linguistique stable et dynamique, prêt à renforcer les spécificités de sa formation discursive 536 .

Quelle est la place de l’Homme dans cette “nouvelle écologie“ ? Pour donner quelques éléments de réponse, il faut, d’abord, considérer l’arrivée d’un nouveau concept : écosphère 537 Ce nouveau type d’écosystème comprend la biosphère et les facteurs écologiques qui ont une action sur les êtres vivants. Il s’agit donc d’un réseau de relations d’interdépendances qui intègrent l’Homme.

À ce niveau de l’échelle de la nature, des considérations viennent s’ajouter : la morale et l’éthique 538 . L’écosphère est entourée de la fine pellicule qui offre à l’Homme une place fondamentale dans les affaires de la nature. On est, du coup, placé à un autre niveau de la transformation de la biosphère : la “noosphère”. Dans cette perspective, la biosphère est un macrosystème façonné par l’intelligence humaine 539 . En ce sens, se révèle un élément fondamental de ce système précisément dans la mesure où l’Homme doit vivre en harmonie avec son milieu sans le dégrader 540 . La bioéconomie 541 , où la nature de compétitive devient coopérative 542 , constitue un champ de connaissances et d’expériences nouvelles. L’environnement est considérée comme une vaste entreprise industrielle moderne 543 . C’est par ailleurs, l’avènement du terme environnementalisme, par opposition à l’industrialisme, qui désigne ainsi la nouvelle doctrine économique, caractérisée par des modèles innovateurs de consommation, de sécurité, de qualité et de fiabilité en incluant la protection des ressources et l’ in(formation) du consommateur.

On remarquera que la terminologie de l’écologie est enrichie de nouveaux concepts et termes issus de formations discursives différentes. Une fois encore on a du faire face au flou et à la confusion du langage qui part dans tous les sens 544 . L’écologie, peut-être parce qu’elle couvre un immense champ de connaissances, possède un vocabulaire foisonnant et apparemment “déclassé”. Elle est également un domaine créateur de néonymes; surtout à partir de l’affirmation de la théorie des écosystèmes et des catégories qui les définissent. La dynamique lexicale se manifeste, par exemple, à travers la formation de termes avec le formant eco (oikos), comme écologisme, écolos ou militants écologistes, écologue, écologiste, écotone, écotype, écozone, etc ; de même que environnement et environnementaliste ; biocénose avec biocoenose ouverte, bioecenose fermée, biocoenose cyclique, biocoenose stable, biocénomètre, biocénotique, zoocénose, phytocénose, entomocénose.

Au cours de la première moitié du siècle, les liens forts et nombreux avec d’autres domaines ont conduit l’écologie à des emprunts directs 545 .

L’utilisation de l’analogie et de la métaphore se voit aussi bien en amont qu’en aval de la production discursive du langage spécialisé. En amont, ces processsus servent le plus souvent à la conceptualisation, à l’énonciation de l’hypothèse ; en aval ils servent des besoins didactiques, des réflexions épistémologiques ou argumentatives.

Si on devait synthétiser les différents registres terminologiques caractéristiques de l’écologie, on pourrait avancer qu’ils sont de deux types. Le premier reflète la problématique sur la structure et le développement du monde vivant et, le second, concerne la gestion des ressources naturelles 546 . À cet égard, la dernière moitié du siècle représente l’affirmation d’une écologie planétaire, d’un renforcement des sciences de l’environnement et des recherches et applications en pollution/dépollution.

Par ailleurs, on constate donc que les termes sont employés avec différentes significations et transmis avec des précisions diverses, soulignant désormais le caractère hétéroclite, ou l’incompatibilité, des intervenants en écologie. On pourrait l’interpréter comme un manque de rigueur scientifique. En vérité il faut voir l’absence d’échanges fructueux entre écologues et entre tendances scientifiques. Le langage utilisé par l’écologue chercheur est naturellement associé à des actions ou à des opérations. Des fois, certes, ils ne sont que des langages “personnels” 547 , influencés par la formation disciplinaire, les expérimentations et la culture scientifique du chercheur. Or, les termes qui recouvrent ces langages peuvent être des vocabulaires communs transmis avec des significations différentes selon les auteurs, en raison de leur isolement et du manque d’interdisciplinarité. En dépit de ce tâtonnement, les vocabulaires de l’écologie et des sciences de l’environnement se précisent et s’enrichissent au fil des années et de leurs découvertes appliquées réciproques.

On peut légitimement penser que le désir et le besoin de clarté conceptuelle, d’épuration du langage, ou de l’élimination de la terminologie obscure sont ressentis par tous, scientifiques et terminologues. Il est vrai que souvent les concepts usuels peuvent s’avérer redondants, incomplets, mal définis parce qu’instables encore, etc. Cependant - on le sait également - les néologismes sont toujours nécessaires pour les novations, même les plus éphémères.

Nous avons bien vu que les applications de l’écologie concernaient l’aménagement et le contrôle de ressources et d’espèces. Les applications se sont étendues aux écosystèmes avec l’intégration de l’espèce humaine. On est arrivé ainsi à la moitié de ce siècle avec une écologie jugée par ses applications. C’est le moment où les concepts d’environnement et de pollution prennent place dans l’histoire écologique et dans un nouvel ordre économique.

Notes
509.

La référence pour la création de la limnologie est Forel et pour l’océanographie Murray et Hjort au début du siècle.

510.

La France ne suivit pas le mouvement si rapidement, dû apparemment à une tradition phytosociologique forte et des disciplines refractaires aux idées écologiques.

511.

Le processus évolutif , par exemple, du lac devenu marais et du marais devenu forêt. Cowles faisait partie d’un groupe d’écologues très célèbre, appelé le groupe d’écologues d’Illinois, ou école de l’Université de Chicago. Ce groupe faisait surtout des recherches sur le comportement animal. On peut dire qu’il s’agit d’une école organiciste de l’écologie. Des noms importants y contribuèrent pour le développement des études d’écologie. À noter, entre autres, Henry Chandler Cowles, Stephen Forbes, Charles Benedict Davenport, Victor E. Shelford, Warder Clye Allee, Alfred E. Emerson, Orlando Park, Thomas Park, Karl P. Schmidt. A. Emerson, Thomas Park, Orlando Park et Karl Schmidt (AEPPS) ont publié Principles of Animal Ecology (1949)

512.

Qui s’intéressait beaucoup à l’écologie végétale.

513.

Comme Bonnier, il a toujours lié recherche fondamentale et recherche appliquée (cf. ses inventions). Clements publia en 1916 Plant succession sur la théorie de climax qui apparaît comme concept central de l’écologie.

514.

Dans la même perspective il est à signaler les travaux de Shelford sur les facteurs écologiques et de Forbes sur le concept de peuplement.

515.

Le terme bioécologie ne fut pas très employé, juste le temps d’affirmer le nouveau concept. Quant à biome, il traduit le concept d’une biocénose propre à des macroécosystèmes terrestres comme par exemple, les forêts caducifoliées tempérées, les déserts.

516.

Ou l’écophysiologie, deux dénominations pour l’étude des effets de l’environnement sur la physiologie de l’organisme individuel. Aujourd’hui, discipline qui se définit par l’étude de l’action du milieu sur les êtres vivants et étude des relations d’une espèce avec son milieu.

517.

Une idée émergente dès les années 1919, tournée vers l’étude de la dynamique des populations avec la démographie et l’impact de l’environnement sur la population. C’est l’étude des relations des espèces vivantes entre elles. Une espèce ne peut pas vivre isolée de son environnement biologique.

518.

Thienemann avait d’ailleurs proposer le terme biosystem pour ce même concept (rapports biocoenosis et biotype)

519.

Il y a eu, quand même quelques observations sur les actions anthropiques, comme, par exemple, la colonisation des prairies américaines, les question d’érosion liées à l’agriculture intensive.

520.

En 1927 il publia Animal Ecology (sociologie et économie des animaux). Dans cet ouvrage les nouveaux concepts apportent des approfondissements aux thèses de Darwin. Elton est considéré, par les historiens de l’écologie, comme le pionnier de la “Nouvelle Écologie”.

521.

C’est la pyramide des populations d’une biocénose.

522.

L’ornithologue Joseph Grinnel nomma ainsi le poste ou la place dans l’économie de la nature.

523.

À partir de l’étude sur la niche, G. Gause calcula que deux espèces écologiques proches ne pouvaient pas occuper la même niche. Cela confirmait les résultats trouvés par Lotka et Volterra qui avaient procédé à des études quantitatifs sur le développement de la génétique des populations. Ils avaient démontré que des facteurs limitants comme l’espace, la lumière, entre autres, empêchent deux espèces proches d’habiter la même niche (principe d’exclusion compétitive ou loi de compétition.).

524.

À partir de 1931 il commençait à faire apparaître ses préoccupations par rapport à la protection de l’environnement. Il a d’ailleurs rencontré Aldo Leopold qui se dédiait à l’éthique de la gestion des ressources naturelles.

525.

Même s’ il avait proposé, à un moment de son évolution scientifique, le malheureux terme de quasi-organisme pour décrire la communauté végétale. Il accepte le concept de “groupement végétal” mais épuré des notions holistes.

526.

Il voulait remplacer le terme communauté parce que trop réducteur.

527.

La physique parlait de champs d’énergie et de systèmes. Ce terme remplaça ceux de biosystème et de holocene. Il désigne, en générale, l’ensemble des êtres vivants et des caractères physico-chimiques d’un lieu donné.

528.

La catégorie énergie prend une grande importance dans les études sur l’écologie et à mesure des recherches on entendra parler des nuisances dûes à la chaleur (l’énergie qui est transformée et retransformée dont le surplus crée des déséquilibres). En 1926, Edgar Transeau avait appliqué des calculs énergétiques aux productions agricoles. Et en 1940, Chancey Juday introduisait le concept de bilan énergétique (d’un lac naturel) basé sur le principe de la captation d’énergie.

529.

Le concept d’écosystème créa plusieurs dichotomies comme celle qui lia d’abord la physique à la biologie et plus tard la chimie à la biologie. Peu à peu, effectivement, l’écologie va être décrite par rapport aux processus physiques et chimiques.

530.

Clements s’était également préoccupé avec les effets de déséquilibre de la civilisation sur la communauté biologique.

531.

1942, The Tropic-Dynamic Aspect of Ecology.

532.

C’est le début de l’âge écologique. Ce terme sera très diffusé dans la deuxième moitié du siècle pour faire ressortir l’idée que la nature subissait les effets négatifs des activités humaines.

533.

G. E. Hutchinson puirsuivit des recherches sur ce sujet.

534.

L’Écologie pouvait désormais calculer le rendement écologique de l’organisme. Le rendement est la quantité d’énergie provenue des niveaux inférieurs et que l’organisme est capable d’utiliser ; et combien cet organisme au niveau supérieur utilise pour son propre métabolisme. Ainsi, dans ces chaînes il y a des degrés de productivité et on découvre, par exemple, que les écosystèmes terrestres sont plus performants que les écosystèmes aquatiques.

535.

L’écologie mathématique commence ici aussi à avoir ses marques. C’est d’ailleurs elle qui poussa l’écologie au rang des sciences exactes.

536.

Par exemple, des spécificités conceptuelles comme environnementalisme, etc. Un autre exemple d’école est la proposition d’une typologie moderne des écosystèmes par E. Odum, basée sur les différents supports energétiques (principes de la thermodynamique et caractéristiques industrielles de production d’énergie).

537.

La première datation semble être son utilisation par l’écologue américain Lamont Cole en 1958.

538.

On pense, notamment, au terme bioéthique, créé par Ranselaer Potter en 1970.

539.

La noosphère fut définie par T. de Chardin comme la sphère de la pensée, composée de tous les hommes. Au fur et à mesure de l’application du concept, en compréhension et en extension, elle est aujourd’hui constitué par un système assez complexe où les marchandises et l’énergie s’échangent entre les nations. L’écologie est dans ce sens l’étude des échanges dans l’écosphère tandis que les échanges dans la noosphère est étudiée par l’économie. À partir d’ici les scientifiques essaieront sans cesse de rendre l’écologie et l’économie compatibles.

540.

Cela étaient, d’ailleurs, les voeux de Vernadsky.

541.

À peu près à partir de l’année 1945, le paradigme bioéconomique règne. Des écologues spécialistes se chargent de le valider et de le transmettre, comme par exemple : G. Evelyn Hutchinson, Edward Deevey, David Gates, John Phillipson, George Woodwell, Robert MacArthur, les frères Odum (tableaux des écosystèmes, cycles trophiques et biogéochimiques, etc. Par la suite, E. Odum a créé la radioécologie.

542.

On parle de facteurs de productivité, d’optimiser la production avec stabilité (propos de l’écologue russe N. Naumov).

543.

Dans les années 1930, William Wheeler lance la théorie des émergences développée par Lloyd Morgan qui présentait différents niveaux d’émergence : la matière, la vie, l’esprit.

544.

Les transferts sont souvent de type analogique, métaphorique ou même extension des méthodes d’analyse utilsées par les autres domaines.

545.

Exemples longuement cités dans cette partie. Il s’agit d’emprunts directs au discours social, économique, de la thermodynamique, de la mécanique, militaire (stratégie cénotique), etc, etc.

546.

Pour le premier, le concept fondamental d’équilibre, pour le deuxième, celui d’environnement. Le terme équilibre fut utilisé dans d’autres contextes scientifiques, à différentes époques. Il fut utilisé en mécanique, se liant plus tard au concept de saturation, en chimie (cf. travaux de Berthollet sur les lois de l’affinité), concept également utilisé dans les études sur la structure et les états de la matière.

547.

Des fois même des jargons d’auteur.