9.1.1 Les relations conceptuelles

Poursuivons notre exposé en considérant maintenant le processus de semiose 688 car il apporte des éléments de réflexion sur l’approche cognitive de la Terminologie.

Disons brièvement que la perspective terminologique en analysant les rapports entre le réel et le concept, s’applique à l’acquisition et à l’organisation des connaissances, à la formation, classement et corrélations des concepts entre eux et avec les termes. Elle éclaire, de fait, la structuration des informations et leur organisation au sein des champs de connaissances.

Dans ce sens, la notion de cognition prend toute son importance.

‘La Cognition est le résultat d’un processus psychique qui conduit à la connaissance. La façon dont la pensée humaine perçoit les objets et, par abstraction, construit des concepts, se trouve à la base même de la théorie de la Terminologie. La cognition est un cheminement intellectuel qui consiste à appréhender la réalité.(CABRÉ, 1998 : 84)’

En résumé, le parcours générateur de l’énonciation ou de production de connaissances se réalise par une séquence de phases, à savoir :

  • découpage du réel ;
  • construction des éléments de pensée ;
  • conceptualisations ;
  • lexemisation et mise en discours.

Le “conceptologue” observe et perçoit le réel. Cette expérience et cette réflexion portent l’empreinte dès le départ de la culture à laquelle il appartient. Le concept naît d’une perception/ observation et d’un certain nombre de correspondances. Le spécialiste crée le concept pour décrire et expliquer une série d’opérations et de phénomènes. Pour générer des théories et organiser les observations il va conceptualiser, c’est-à-dire, organiser un programme de questions fondamentales liées à sa recherche et à son milieu spécialisée. De quoi s’agit-il ? Quelle est la nature de l’objet ? Pourquoi existe-t-il ?, etc.

À partir de là, les actes cognitifs vont s’enchaîner jusqu’à la réalisation des modèles cognitifs - les lexes 689 . Dès le moment où les informations récoltées sur les choses observées s’avèrent rigoureuses et systématiques, la conceptualisation se réalise.

Comment le spécialiste formalise-t-il ces éléments de connaissance ? Il le fait souvent par des extensions de sens ou par des constructions métaphoriques 690 . Tout cela dépend des structures de recherche et des modèles langagiers utilisés par la communauté à laquelle il appartient. Le concept fait partie d’un modèle cognitif et, celui-ci, en classant les choses dans un certain ordre, le valide. Quelle est l’importance du concept dans le processus ? C’est lui qui permet la gestation et la structuration des “signes” en constituant les matrices de termes qui forment la structure terminologique d’un champ de connaissances 691 . Il s’agit de la sémiotisation, ou choix des signes, qui va nommer les concepts (naming). L’objet devenu référent est présenté par un ensemble de caractères, matérialisé par une unité à valeur dénominative (lexemisation).

Un élément de connaissances est “mis en terme” au moment où le référent est associé à une signification. Dès lors que les lexicalisations et les terminologisations sont finalisées, s’ouvre au champ de connaissances la possibilité d’un cycle de communication, le terme devenant donc une unité linguistique à part entière. Et cela permettra, à nouveau par un processus, très volontaire, de productivité - auto-alimentation - autorégulation, une profusion de nouveaux concepts et désignations s’appuyant sur le “fond de la langue” disponible. De surcroît, les sens se développent permettant des significations dans une direction de plus en plus spécialisée, voire des termes de plus en plus précis. Les moyens langagiers utilisés, comme nous le verrons dans les paragraphes qui suivent, sont, entre autres, la dérivation, la composition, l’emprunt, les extensions syntagmatiques. En guise d’illustration, voici quelques exemples : pollution, pollution de l’eau, pollution thermique, pollution bactérienne, pollution chimique, pollution des nappes souterraines, pollution des nappes souterraines par les nitrates ; poluição, poluição da água/poluição hídrica, poluição térmica, poluição das águas subterrâneas.

En outre, les textes mis dans le circuit de communication spécialisé, deviennent eux-mêmes des objets pour la production de nouvelles formes et de nouvelles significations, au fur et à mesure que le champ de connaissances s’enrichit.

La lexicalisation et la terminologisation sont deux procédés utilisés dans la construction de terminologies. Chaque domaine façonne son développement terminologique selon la nature et les formes qui le caractérisent. Tout d’abord, la constitution des dénominations et des termes dépend, dès le départ, du système conceptuel caractéristique du domaine ; ensuite, les nouvelles représentations concernant l’évolution des connaissances du domaine sont soumises aux modèles de formation discursive. En pollution/poluição, la terminologisation 692 rend possible de nouvelles lexicalisations (au niveau notamment de la création syntagmatique). À leur tour, les termes, représentants de concepts, constituent le répertoire ouvert des connaissances et constituent un moyen sûr permettant l’évolution, l’approfondissement ou la spécialisation de ces connaissances.

Les idées précédentes nous permettent maintenant, dans la perspective terminologique, de centrer notre attention sur l’analyse du concept et sur les modèles d’identification des relations entre concepts. Rappelons la définition que Rondeau (1984 : 22) donne de concept 693 : “représentation abstraite composée de l’ensemble des traits communs essentiels [forme, fonction, nature] à un groupe d’entités (objets ou idées) et obtenue par soustraction des caractéristiques individuelles de ces entités”. Rondeau ne fait pas la distinction entre la notion et le concept, alors que Yves Gentilhomme (2000) identifie la notion et le concept comme étant des contenus, le premier un contenu qui peut être décrit par une définition de dictionnaire (procédé métalinguistique), le deuxième déterminé par une définition (présentation des caractères du concept).

Ainsi, le concept 694 , entité qui explique et prévoit, est composé de caractères qui vont conférer au terme la propriété de référence. Qu’est-ce qu’un caractère de concept ? Pour Felber (1987 : 99) il s’agit d’un élément qui sert à décrire ou à identifier une qualité d’un objet individuel. Sa fonction est de permettre la comparaison entre concepts, leur classification, leur définition ainsi que la formation des termes qui leur sont destinés.

Les caractères sont ordonnés par classes déterminées par des critères de pertinence. Les types de caractères auxquels la Terminologie s’attache le plus sont les caractères intrinsèques et extrinsèques 695 .

Comment faire alors pour distinguer un concept 696 par rapport à d’autres ? On distingue les concepts par les caractères qui les rapprochent, les excluent, les coordonnent, les opposent, etc. Dans un champ de connaissances, les concepts forment une systémique : ils sont groupés par catégories, ordonnés par classes formant un système de relations, déterminant ainsi chacun sa place au sein du domaine. Il est évident que la présentation d’un système conceptuel d’un domaine est soumis au départ à des critères qui tiennent compte de la nature du domaine, des objectifs et des applications terminographiques souhaitées. Enfin, cela permet les catégorisations qui délimitent, par exemple, en pollution, les phénomènes, les états, les activités de type processus, actions, opérations, réactions, les propriétés des objets, les fonctions, appareils/machines/dispositifs (de dépollution, par exemple), des nomenclatures (déchets), des taxonomies (polluants de type chimique) 697 .

Comment, en analyse terminologique, établit-on la place d’un concept dans son système conceptuel ? C’est en identifiant les caractères qui le composent. Ainsi, on analyse le concept en intension (l’ensemble des caractères qui constituent son objet) et en extension (l’ensemble des objets auxquels il s’applique) 698 .

Puis, le terminologue présente l’ensemble des caractères de chaque concept, ce qui lui permet successivement de les distinguer et de les ordonner dans des classes. Il détermine, de la sorte, les similitudes, les degrés de parenté, les associations, les réciprocités, les oppositions, les complémentarités, etc., puisque chaque concept est composé d’une série de caractères communs à une classe d’objets individuels.

S’agissant du système conceptuel de la pollution/poluição, il est composé de plusieurs champs conceptuels organisés à partir de relations conceptuelles hiérarchiques et non hiérarchiques.

Par exemple, le champ conceptuel de la pollution de l’air / poluição do ar est l’ensemble des concepts qui le constituent, ordonnés à partir de relations superordonnées, subordonnées, coordonnées et associatives. Cet ensemble conceptuel renvoie, entre autres, aux actions (pollution atmosphérique / poluição atmosférica), résultats (pollution locale, pollution urbaine, pollution photochimique, pollution biologique / poluição regional, poluição fotoquímica, poluição atmosférica local) aux objets (spectomètre, bassin aérologique, détecteur à ionisation / analisador automático), aux substances (polluants primaires, polluants secondaires/ poluentes primários, poluentes secundários), aux processus (dépollution, biorémédiation/ despoluição), aux procédés(désulfuration, dechloruration, dépoussiérage/ dessulfuração, desnitrificação), aux effets (effet de serre, smog, pic de pollution, pluie acide/ efeito de estufa, smog, chuva ácida). Et dans le cadre de ses relations, la pollution de l’air , au niveau horizontal, inclut, par exemple, la pollution urbaine, la pollution locale, la pollution photochimique, la pollution particulaire, la pollution acide, la pollution transfrontières, la pollution à longue distance. Les concepts énumérés sont des concepts subordonnés au concept de pollution atmosphérique. Celui-ci est un concept coordonné aux concepts de pollution de l’eau et de pollution du sol (le superordonné étant pollution). La pollution atmosphérique est un concept associé à celui de contamination, ecosphère, atmosphère, couche d’ozone, par la relation d’opposition équilibre écologique/déséquilibre écologique.

L’analyse terminologique complète son étude sur le concept en identifiant les interrelations entre concepts. Dans un domaine, les concepts sont toujours en rapport les avec les autres par un système de liens logiques et ontologiques 699 qui aident à dessiner, comme nous l’avons vu précédemment, la carte conceptuelle du domaine. Un concept est, de fait, défini non seulement par la description de ses propres caractères mais également par rapport aux liens qu’il entretient avec les autres concepts.

Dans la perspective terminologique, il est fondamental de traiter les relations entre concepts. D’une part, cela s’avère utile pour mieux comprendre le domaine, structurer ses champs terminologiques et son ensemble sémantique - localisation des termes dans l’ordre du domaine. D’autre part, ces relations sont des éléments importants pour la présentation de la définition terminologique et de tous les champs de niveau sémantique qui composeront le support terminographique.

Ainsi, au niveau conceptuel, on parle communément de relations de superordination, de subordination, de coordination et d’association 700 . À l’intérieur d’un système de concepts on peut trouver des relations de type hiérarchique et non hiérarchique 701 . Le système conceptuel de la pollution est à la fois hiérarchique et non hiérarchique. Il est, notamment, structuré autour de concepts génériques, de concepts spécifiques, de concepts coordonnés, de concepts associés, de concepts opposés 702 . À titre d’exemple :

  • le concept de pollution est le superordonné des concepts subordonnés de pollution de l’air, pollution de l’eau, pollution du sol ; - pollution de l’air est le concept superordonné des concepts subordonnés tels que pollution photochimique, pollution photo-oxydante, pollution gazeuse, pollution transfrontières, pollution de pointe ;
  • déchet est le concept superordonné des concepts subordonnés de déchet municipal, déchet d’agriculture, déchet d’industrie agro-alimentaire, déchet hospitalier, déchet radioactif, déchet industriel ;
  • resíduos est le concept superordonné des concepts subordonnés de resíduos perigosos, resíduos industriais, resíduos urbanos, resíduos hospitalares ;
  • pollution/poluição, est un concept superordonné générique ; - pollution de l’air/poluição do ar, pollution de l’eau/poluição da água, pollution du sol/poluição dos solos, sont des concepts subordonnés spécifiques car pollution/poluição est le concept générique immédiatement superordonné ;
  • poluição difusa, poluição pontual sont des concepts coordonnés (le concept superordonné étant poluição dos solos) ;
  • poluição, contaminação, bioacumulação, concentração, sont des concepts associés ;
  • poluição, contaminação sont des concepts en opposition (opposés, contraires ou en antonymie) de même pour : équilibre écologique, déséquilibre écologique ; polluer et dépolluer ; pollution, antipolution, dépollution. 703 .

Considérons maintenant les relations conceptuelles les plus traitées en Terminologie, d’abord les relations logiques, ensuite les relations ontologiques.

Les relations logiques sont axées sur des rapports de ressemblance, d’inclusion/identité ou d’opposition, ce sont celles où les concepts ont au moins un caractère en commun.

Il s’agit de relations de superordination et de subordination. Elles sont de trois types. Les relations génériques (genre-espèce, type-produit), les relations spécifiques (espèce de, fait partie de / est inclus) et les relations de coordination (à un concept immédiatement superordonné et qui possède une même série de caractères).

En guise d’illustration, la pollutionest une branche de l’altéralogie, la pollution de l’eau est une pollution ; la pollution bactérienne est une pollution de l’eau (x spécifique est un y générique). Nous remarquons que dans les relations d’inclusion, la série verticale, à chaque niveau, inclut une série horizontale, où les concepts de même niveau peuvent entretenir, par exemple, des relations d’opposition : la pollution de l’eau n’est pas une pollution atmosphérique.

En poursuivant notre illustration, un épurateur de gaz est un type d’épurateur, l’appareil de prélèvement séquentiel et l’appareil de prélèvement volumétrique sont des types d’appareil ; et, en portugais, aterro sanitário et aterro controlado sont des types de aterros. Finalement, poluição da água, poluição do ar, poluição dos solos sont des concepts coordonnés de poluição 704 .

Les relations ontologiques sont axées sur les relations de présence ou de contiguité, et se différencient en deux types. Les relations partitives (partie-tout 705 ) et les relations associatives 706 . Celles-ci sont généralement non hiérarchiques (partie de, sorte de, fonction de, proximité de...) et se subdivisent en relations séquentielles (agent - pollueur, action- pollution, résultat - pollution) et relations de localisation (contiguïté, x appartient à y, x possède, comporte, contient, inclut).

Voici quelques exemples en guise d’illustration. Le composé polluant atmosphérique possède plusieurs composants : SO2 (dioxyde de soufre ), PS (particules en suspension), NOx (oxydes d’azote), COV (composés organiques volatiles), CO (monoxyde de carbone) HCL (acide chlorydrique), Pb (plomb). Le composé polluant du sol les composants nitrates, phosphates. Un composé de type herbicida a, par exemple comme composant le 2,4,5-triclorofenoxiacético.

Le concept de pollution est associé à ceux d’écologie, environnement, altération, écotoxicologie, biosphère, écosystème, dégradation, biodégradation, contamination, concentration.

Les relations séquentielles portent sur des processus se déroulant dans le temps du type, par exemple, activité-phases : pour gestão de resíduos on est en présence de recolha, transporte, armazenagem, reutilização, valorização, tratamento, estações de transferência, estações de triagem, eliminação, instalação de incineração, aterro ; pour traitement des déchets on peut dénombrer recyclage, récupération, innocuité ; pour valorização de resíduos, recuperação, reemprego, reutilização, reciclagem, regeneração ; de même pour recolha e transporte de resíduos, ponto de descarga, armazenamento de resíduos, transformação de resíduos, recuperação de resíduos, reciclagem, reutilização de resíduos.

Dans les relations séquentielles qui portent sur les localisations on peut citer, entre autres, pollution de l’air, pollution de l’eau, pollution des océans, pollution des nappes phréatiques.

La description des concepts et de leurs relations démontrent que les langages spécialisés sont des langages plus ou moins contrôlés selon le type de spécialité. Des langages placés sous contrôle rigoureux sont, par exemple, la nomenclature chimique, la taxonomie 707 biologique ou bien les normes. Ainsi, en vertu de leur fonction de représentation et de transfert de connaissances, les matériaux terminologiques sont à la fois conceptuels et sémantiques, ce qui induit la tendance à les confondre 708 .

Le portrait conceptuel de la pollution/poluição, incluant la typologie proposée, est évolutif. Notre présentation est le fruit des différentes analyses du domaine à partir du corpus sélectionné. Cette approche conceptuelle nous a permis, de plus, d’établir, les équivalences dans un domaine composite et assez complexe au niveau, notamment, de catégories comme les polluants ou les déchets.

En conclusion, dès lors que la description de la structure conceptuelle d’un domaine est réalisée, on est désormais prêt à décrire et à reconstituer l’organisation linguistique des unités qui composent les champs terminologiques.

Notes
688.

Dans le sens que Peirce a donné à la sémiotique : la mise en signes. Pour Morris la semiosis tient compte à la fois du référent, du signifié (designatum), du signifiant et de l’interprétant (denotatum). C’est la stucture hyperprofonde permettant les ponts entre systèmes sémiotiques.

689.

C’est la “nébuleuse sémique conceptuelle” ou l’ombre du concept de Pottier. Le lexe est le germe du concept. Il possède un caractère ontogénique.

Cf. II Partie. Il s’agit des procédés qui, en partant du connu, font comprendre l’inconnu.

690.

Le spécialiste a dès le départ la motivation pour appliquer, théoriquement, le principe de la monoréférentialité.

691.
692.

Rastier la décrit comme une suite d’opérations : nominalisation , lemmatisation, décontextualisation, appartenance à une formation discursive.

693.

À titre indicatif, G. Guillaume et B. Pottier considèrent le concept comme une combinaison de noèmes(traits de sens indépendants des langues naturelles). On peut également lire avec grand intérêt les travaux sur les concepts de Thoiron (1994), les réseaux notionnels interlinguistiques de Campenhoudt, (1994), sur l’évolution des concepts de Dury et de Conceição (1997).

694.

La Norme ISO 1087 (1990) définit la notion comme une “unité de pensée constituée par abstraction à partir des propriétés communes à un ensemble d’objets ; les notions ne sont pas liées aux langues individuelles. Elles sont cependant influencées par le contexte socioculturel”. Les propriétés sont pour l’objet ce que les caractères sont pour le concept. À titre indicatif, les concepts constituent des catégories qui servent de forme à la connaissance. Par exemple Kandelaki dénombre neuf catégories de concepts : les objets, les procédés, les états, les régimes, les propriétés grandeurs, les unités de mesure, les sciences et leurs branches, les professiosn, les occupations. Aitchinson dénombre comme catégories universelles la personnalité, la matière, l’énergie, l’espace et le temps et les classe en entités, action (processus, propriétés, opérations), espace et temps.

695.

Les caractères intrinsèques et extrinsèques se distinguent par la relation qu’ils entretiennent avec l’objet qu’ils représentent. Les premiers concernent la nature de l’objet ; les seconds la fonction, l’origine, la destination, la localisation, l’inventeur, etc., bref ils sont externes à la définition de l’objet comme classe. On peut signaler également les caractères essentiels ou complémentaires, dépendants ou indépendants.

264 Voir, notamment, dans Sager (2000 ) la distinction entre concept général, concept spécifique, concept individuel et respectifs référents.

265 taxon ou terme, ces éléments font partie de catégories ou forment des catégories.

696.

266A ce sujet, voir notamment, Depecker (2000), Felber (1987), ISO 1087 (1990).

697.
698.
699.

La logique, ou science des concepts, s’intéresse à la nature du concept, à sa représentation et aux relations qui s’établissent entre concepts. L’ontologie étudie les objets, la manière dont ils sont ordonnés dans la réalité et des relations qui s’établissent entre eux. Les rapports logiques sont, au plan philosophique, ceux de la parenté (les classes de concepts), analysés en compréhension (génériques/spécifiques) et en extension (inclusion, exclusion). Les relations ontologiques font apparaître les caractères de l’être en tant que tel.

700.

Dans le cadre de notre étude, ce dernier type de relations montre bien l’interpénétration entre terminologies endogènes et terminologies exogènes.

701.

La Norme ISO 704 (1987), Principes et méthodes de la terminologie, introduit le critère de relations entre notions et y distingue les relations hiérarchiques et les relations non hiérarchiques. Les relations hiérarchiques établissent des relations de supériorité et de subordination entre deux notions. La notion supérieure est la notion “générique” et la notion subordonnée est la notion spécifique. On distingue deux types de relations hiérarchiques : les relations d’inclusion espèce-genre (suites verticales aidant à la systématisation classificatoire) et la relation partie-tout. Les relations non hiérarchiques font apparaître des rapports de contiguïté dans le temps, dans l’espace du type : cause-effet, devant-derrière, vers le haut - vers le bas, élaboration-production-procédures-résultats, matériau-produit, etc. La Norme ISO 1087 (1990), 3.7 Relations entre notions, distingue dans les relations hiérarchiques les notions superordonnées, subordonnées et coordonnées ; les relations génériques et les relations partitives. Elle fait également référence aux relations non hiérarchiques du type séquentiel (cause-effet, producteur-produit,étapes d’un processus) et aux relations pragmatiques (liens thématiques)

702.

À chaque type de relations correspond une désignation de concepts. Dans les relations genre-espèce on trouve des concepts génériques et des concepts spécifiques. Dans les relations tout-partie, on trouve les concepts intégrants et les concepts partitifs.; dans les relations associatives les concepts associés ; dans les relations de coordination, les concepts coordonnés ; dans les relations d’opposition, les concepts opposés.

703.

Notons que au cours du travail d’exploration du champ conceptuel de la pollution/poluição, on a trouvé des combinatoires génératrice de transferts de sens. Dans, par exemple pollution de l’eau, on est en présence d’un trait spécifique de départ, celui de pollution. Si on analyse, par exemple, le concept de pollution de l’environnement on se rend compte que malgré l’addition de deux concepts, pollution et environnement, le concept de départ pollution constitue l’ensemble des caractères du deuxième. En pollution de l’eau, ont est en présence d’un concept qui est la conjonction des notions de départ, pollution et eau, mais qui présente des traits spécifiques et distinctifs des deux notions d’origine.

704.

Dans le cadre des relations conceptuelles, il est très difficile de déceler clairement des bornes entre les relations hiérarchiques et les relations de coordination.Pour ce qui est de la pollution, nous avons pris comme option de considérer , come point d’ancrage, un classement basé dans les relations d’inclusion (rapport générique/spécifique) et dans les relations associatives du type de celles que nous illustrons et d’autres telles que chose-application, cause-effet, chose-propriété, objet-processus, processus-procédé, procédé-moyen, action-produit de l’action, éléments en opposition/ distinctifs, activité et propriétés associées, activité et produit de l’activité.

705.

Analyse des objets faits d eparties, de constituantsCes relations posent souvent des questionnements sur leur caractère d’inclusion, de subordination, de coordination car elles peuvent être incluantes ou partitives. Dans la perspective sémantique la relation partie-tout est celle qui lie un méronyme (partie) à un tout (holonyme), possédant donc des dégrés de transitivité ou d’inclusion.

706.

Les concepts peuvent être plus ou moins proches et ne pas avoir des caractères en commun.

707.

La nomenclature et la taxonomie constituent deux méthodes de catégorisation. La taxonomie se base sur un modèle du type généalogique en partant de catégories ou de typologies. La nomenclature se base sur le principe de l’indissociabilité entre connaissance et langage (Cf. Condillac) et propose des classifications systémiques dépendantes de règles de formation et d’utilisation (par exemple, RECOFGER), conventionnelles et très motivées, à partir d’éléments comme les chiffres, les symboles, les classes et sous-classes formalisées à partir de systèmes dérivationnels rigoureux et structurés autour de valeurs sémantiques précises. La nomenclature de la chimie, par exemple, n’est pas simplement une terminologie, elle est devenue, après sa grande réforme terminologique, une méthode propre à nommer les nouvelles substances par, notamment, la description morphologique (les systèmes d’affixes). L’acide sulfurique, l’acide sulfureux se distinguent par le systéme de suffixes : le premier est le soufre saturé d’oxygène tandis que le deuxième est le soufre uni à une moindre quantité d’oxygène ; de même pour sulfites, sulfates, sulfures : noms donnés aux sels formés de l’acide sulfureux, aux sels formés de l’acide sulfurique, désignant les combinaisons du soufre non porté à l’état acide. Il n’y a pas à proprement dire de la variation. La variation est utilisée pour des besoins pédagogiques ou dénominatifs. Ce type de nomenclature désigne des éléments parfaitement définis à travers des symboles extralinguistiques. La signification des termes résulte de la fixation des définitions et de tables de valeurs. Dans le cadre d ela pollution/poluição, le stermes et symboles (signes linguistiques et signes sémiotiques) du langage chimique sont très utilisés. Par exempe, les désignations dioxyde de carbone/dióxido de carbono, azote / azoto ou nitrogênio sont pris dans leur caractère de signe linguistique, ils appartiennent à la langue ; tandis que leurs symboles équivalents CO2 ou NO renforce leur qualité d’indépendance vis-à-vis la langue et nous donne l’illusion de l’universalité du savoir.

708.

Rappelons les études entrepris par la sémantique moderne qui envisage une analyse à la fois de la forme, du signifié, du référent et du concept.