9.3 Aspects de la matrice terminogénique de la pollution/poluição

Nous avons vu plus haut que le processus terminogénique qui définit le système du langage de la pollution/poluição est celui d’un ensemble d’opérations respectueuses des règles générales de la création lexicale. Pour ce faire, il fait appel au fonds terminologique, très fortement terminogène, pour de nouvelles actualisations. On peut considérer que la création terminologique vise prioritairement à promouvoir une vraie intercompréhension des locuteurs et des utilisateurs du discours de la pollution/poluição.

Ainsi, il y a un nombre considérable d’unités à dérivation et composition multiple. En vérité, il s’agit d’une certaine constance de parcours générateur de nouvelles unités : terme simple partant vers terme dérivé et composé, bases, à leur tour, de termes-syntagmes jusqu’à des formations plus longues telles que les syntagmes-fleuves 786 .

Le système terminogénique d’un langage spécialisé est le produit de plusieurs schémas en réseau interconnecté. Ces schémas sont, globalement, de type réduction et expansion, qu’ils répondent à des “principes” sémantiques de remplacement, extension et spécialisation du sens.

Le corpusanalysé est ainsi composé de lexies simples 787 , lexies composées, lexies complexes, avec des constructions syntagmatiques qui ont tendance à la lexicalisation ou en combinatoire libre, de nature reformulatoire. En résumé, le langage de la pollution/poluição est constitué de termes simples, étant sa terminologie endogène en grande partie constitué de termes complexes à base syntagmatique, très stables et ayant une bonne fréquence d’emploi.

Le système matriciel en pollution/poluição représentatif concerne les monominaux de type N+A 788 , les binominaux N+P+N, sans oublier la composition au second degré (N+P+N+P+N) qui est aussi importante. Ces modèles forment un système matriciel prêt à reproduire et à former des nouveaux moulages du type, entre autres, N+A+A, N+A+P+N, N+P+N+A, N+P+N+P+N. La matrice générale des termes repose indéniablement sur des catégories ouvertes telles que l’adjectif (abrasivo, abundante, ácida, acídica, química, atmosférica, oceânica, consumerista), le verbe et surtout le substantif. En effet, le nom 789 est la catégorie de base du terme en pollution/poluição. À noter, de surcroît, que ce sont les adjectifs qui se coordonnent avec les noms formant d’amples séries sémantiques comme nous l’illustrerons plus loin.

Nous devons également tenir compte de l’existence de familles morphosémantiques synchroniques où le sens de l’élément est constant : pollution, biodégradation, contamination, concentration, (action de).

On peut, finalement, relever la présence de familles terminologiques constituées par plusieurs séries. À titre d’illustration :

On peut considérer, en outre, qu’il s’agit de séries étymologiques, par exemple, en pollution > pollueur > pollué > polluant, etc. Rappelons que les termes en polution/poluição s’organisent en séries de dérivés et de composés par rapport à un terme de base. Elles se combinent sous la forme de séquences associatives, formellement et sémantiquement très motivées.

Les besoins de cohérence dans la représentation et le transfert des découvertes font que dans chaque domaine il y ait des paradigmes où les termes employés reflètent dans leur forme et dans leur classement la logique et la cohérence conceptuelles. Il y a, comme nous l’avons vu précédemment, certains modèles de variantes dans les procédés de créativité dans les langages spécialisés, c’est-à-dire, différents paradigmes classificatoires de dérivation, de composition et de construction syntagmatique. De plus, quoi de plus pertinent que de reconnaître à partir de ces micro-paradigmes les relations morphologiques au sein des champs terminologiques ?

L’ensemble des termes qui configurent le discours de la pollution/poluição présente une structuration homogène visible, notamment, à travers le recours aux termes de base de ses familles lexicales. On peut même naturellement citer la famille lexicale de la pollution/poluiçãoqui fondamentalement dérive du verbe polluer 1 0 :

En portugais, on retrouve les mêmes types de distribution:

Les marques métalinguistiques prépondérantes sont l’ensemble verbe-nom-adjectif et les désignations sont, comme nous l’avons constaté, systématiques et fonctionnelles.

Notes
786.

Très utilisés dans les articles scientifiques, ils servent souvent à décrire des phénomènes, à expliquer et à classer par phases les résultats des expérimentations et des découvertes. Comme pour les termes complexes en général, ils dénotent un comportement textuel assez dynamique.

787.

On les définit, comme nous l’avons déjà signalé, comme étant des unités de comportement, mémorisées en compétence et disponibles pour l’actualisation. Les lexies complexes ou bien les syntagmes, outre leur caractère d’unité de comportement elles se présentent comme des unités de fonctionnement. Pour Müller les lexies correspondent aux lexèmes.

788.

Dans cette perspective on peut inclure les modèles N+symbole, N+chiffre (certaines désignations de polluants) ou chiffre en extensif+N (zéro déchet, zéro décharge). De même, les formations N+N, norme antipollution, servant le plus souvent à dénommer des objets, forment des substantifs déterminatifs.

789.

Des désignations comme abondance, action, concentration, biodégradation, monitoring, produit, sousproduit ; abundância, acção, concentração, biodegradação, monitorização, produto, subproduto ; et des formes abrégées, en apparence des termes simples, comme ADN, PCBs, PVC; VIP, IEM, etc.

1.

0 La présence des verbes fondamentaux pour la compréhension du système conceptuel justifie les résultats de productivité lexicale de substantifs et d’adjectifs (tendance à l’objectivité du langage spécialisé).