POSTFACE

Soyons pragmatiques à notre tour et sollicitons de la part du lecteur une attention particulière au sous-titre de notre thèse “vers la structuration d’un modèle de dictionnaire terminologique bilingue français / portugais”.

En effet, le prolongement naturel de cette thèse, c’est l’application des enseignements recueillis et des résultats obtenus à l’élaboration d’un dictionnaire qui décrirait le langage de la pollution.

Pour nous la démarche préalable consiste à : procéder à l’analyse de toute la documentation jugée pertinente, délimiter avec précision la thématique à traiter, grâce, par exemple à l’établissement de grilles conceptuelles visant à structurer l’ensemble des champs terminologiques. Ensuite c’est grâce au support informatique que nous serons en mesure de classer et de stocker les informations dans une banque de données, laquelle servirait de source d’extraction des éléments terminologiques qui constitueraient les champs terminographiques. En outre, cette banque de données, conforme aux directives terminologiques, nous permettrait d’établir des fiches terminologiques. Naturellement, c’est en dernier ressort au terminologue d’apprécier le nombre et l’intérêt des champs terminographiques.

Pourquoi un dictionnaire terminologique de préférence à tout autre ? Parce que tel qu’il est défini par Boutin-Quesnel, il s’applique à la pollution. Au surplus et conformément à la définition de l’ISO 1087 (1990 : 12) le dictionnaire terminologique se définit comme un répertoire comprenant des données terminologiques relatives à un ou plusieurs domaines particuliers. Notre projet de dictionnaire terminologique est de type vocabulaire car le Vocabulaire est un dictionnaire, certes qualifié de terminologique, mais sa définition est plus restrictive dans la mesure où il s’attache à la terminologie d’un domaine particulier, voire à des domaines associés et qui comporte des définitions dans une ou plusieurs langues.

Si le dictionnaire projeté pourrait être considéré comme exhaustif au moment de sa parution il est bien évident que le besoin se ferait sentir rapidement d’une mise à jour qui pourrait être réalisée à partir de la banque de données à condition qu’elle soit elle même actualisée.

Dans un premier temps l’ouvrage se présenterait sous la forme d’un “dictionnaire bilingue intensif”. Plus tard le programme prévoyerait l’ajout d’équivalents en anglais et en espagnol lors d’une première actualisation. Il est essentiel de souligner que l’informatique serait présente à toutes les étapes de la réalisation de cet ouvrage, à savoir : le traitement du corpus, le choix de la macrostructure par le recours, notamment, aux programmes d’hypertexte.

Rappelons les services attendus d’un dictionnaire. Qu’il soit un auxiliaire de lecture et de décodage, d’écriture et d’encodage. Appliqué à la Pollution notre projet aurait l’ambition d’être à la fois une terminologie, une grammaire, une sémantique et une pragmatique. Ce qui implique que soit traiter avec soin le choix de la nomenclature, les objectifs de l’ouvrage, le domaine et les langues traitées, et les destinataires. Enfin, il importe que soient respectés des principes d’uniformité, de formalité descriptive et de cohérence interne et que soit assurée la meilleure harmonisation possible des aspects conceptuel, documentaires et linguistiques. On se gardera d’oublier qu’en plus d’être à la fois un objet thématique, culturel et linguistique, le dictionnaire est pratiqué comme un outil d’apprentissage et comme une norme.

La forme du répertoire devrait répondre aux exigences qu’on est en droit d’attendre d’un dictionnaire : être un bon outil de consultation et donc faire preuve de qualité, de maniabilité et de lisibilité.

Quels sont donc les éléments de configuration essentiels à l’application du programme ?

Tout d’abord la nomenclature, liste d’entrées du recueil, serait pratiquement disponible à partir des tableaux qui figurent dans notre thèse. En revanche, si nous visions dès le départ les rapports équilibre/déséquilibre, donc une extension vers les technologies de la dépollution, nous serions obligés de revoir et de compléter l’arborescence proposée.

La macrostructure, organisation générale du répertoire, présenterait les termes en français et en portugais, classés et lemmatisés par ordre alphabétique. Les termes-syntagmes apparaîtraient ainsi dans leur forme linéaire.

La microstructure, contenus des articles, constitue le programme d’organisation des informations terminologiques. Les rubriques qui nous semblent pour le moment les plus pertinentes seraient dans le bloc entrée : l’entrée (et sa variante éventuelle) la prononciation, la nature et la fonction linguistique (c.g.) et l’équivalent dans l’autre langue (à son tour terme-vedette dans l’article qui lui correspond). Dans le corps de l’article, les champs qui sont essentiels face à ces premiers résultats obtenus, seraient naturellement : la définition, les rubriques attachées à l’identité et à l’implication sémantique (synonymes, antonymes, termes associés), une rubrique de renvois (de type voir et voir aussi), un champ de contextes et un autre de notes. Ces notes auraient vocation d’une part à signaler les degrés de normalisation et d’autre part apporter de l’information sur le terme et/ou sur le concept. Précisons que dans le cas des hyponymes la rubrique domaine de référence, voire secteur, serait opportunément incluse.

Les structures des définitions d’un dictionnaire doivent être le mieux adaptées possible à la nature du réseau conceptuel dans ses interrrelations. La définition est la restitution de la signification du terme. L’idéal serait qu’elle puisse être analyptique, c’est-à-dire, résultant de l’identification et de la description des caractères du concept. Ainsi, on pourrait déterminer quelques types de définitions qui seraient valables dans le cas de ce projet : les définitions analyptiques/descriptives, les définitions par inclusion ou substantielles, les définitions partitives. Les relations conceptuelles du domaine feraient l’objet d’une attention toute particulière car elles contribuent à structurer les définitions.

On pourrait, de plus, élaborer la définition non seulement à partir des contextes mais aussi en s’appuyant sur les modèles proposés par Loffler-Laurian. La vision syntaxique et sémantique serait ainsi d’un grand secours. Ainsi, terminologie et caractéristiques morphosyntaxiques du langage pourraient ensemble contribuer à améliorer la recherche et la rédaction de définitions.

Quant aux contextes, ensembles sémantiques extraits du corpus, ils permettraient d’observer le terme en situation réelle de communication.

Il s’agit de contextes d’emploi du terme et servent à éclairer et à illustrer son fonctionnement. Quels contextes choisir ? Le contexte est l’auxiliaire de la définition, il doit être simple, explicite et représentatif. Nos options tiendraient compte du contexte lié au concept et du contexte lié au terme, selon les besoins.

Les contextes liés au concept peuvent être des contextes définitoires, encyclopédiques, et ceux qui permettent de rattacher le terme à un domaine. Les contextes liés au terme sont des contextes langagiers, phraséologiques, linguistiques et d’usage.

Parmi ces contextes nous retiendrions de préférence les contextes définitoires, ceux qui valident l’exactitude du terme, la pertinence de ses traits sémantiques ainsi que son comportement syntaxique dans l’énoncé. On utiliserait des contextes explicatifs en tant qu’ils illustrent le terme. Le contexte métalinguistique servirait plutôt comme un des moyens d’élaboration des définitions. Si le contexte privilégie le commentaire par rapport au terme il serait plutôt inclus dans la rubrique Note.

Chaque fois que le besoin méthodologique se ferait sentir de rattacher le terme à un secteur d’application précis, nous inclurions dans la rubrique ad’hoc le contexte associatif qui présente le terme en association avec les termes qui l’entourent.

Finalement nous nous sommes attachés à l’essentiel tel qu’il est défini par D’Alembert : “Il faut, d’abord, dans un dictionnaire, déterminer le sens général qui est commun à tous les mots ; et c’est là le plus difficile : il faut ensuite déterminer avec précision le sens, l’idée que chaque mot ajoute au sens général et rendre le tout sensible par des exemples courts, clairs et choisis”.