Effet d'un stimulus accessoire sur la localisation d'une cible

Des résultats similaires ont été obtenus dans des tâches de localisation de cibles visuelles accompagnées de stimuli sonores accessoires. Les temps de réaction (réponses manuelles ou saccades oculaires) peuvent être diminués de plusieurs dizaines de millisecondes lorsque le signal sonore est présenté à partir de la même source spatiale (Simon et Craft, 1970 ; Engelken et Stevens, 1989 ; Frens et al., 1995 ; Hughes et al., 1998 ; McDonald et al., 2000). Par ailleurs, l'étude de la dépendance spatio-temporelle de cet effet révèle que plus la stimulation sonore est éloignée - dans le temps ou dans l'espace - du stimulus principal, moins l'effet de facilitation est marqué. Cependant, un décalage temporel peu important peut donner lieu à de meilleurs effets de facilitation qu'une présentation simultanée. Ainsi, Frens et collaborateurs ont observé un effet de facilitation maximum lorsque les deux informations partagent la même source spatiale et lorsque le signal sonore est présenté légèrement en avance (50ms) par rapport au signal visuel (Frens et al., 1995, expérience 3). En revanche, d'autres études comportementales montrent que cet effet de facilitation est plus important lorsque le signal visuel précède le signal auditif (Miller, 1986 ; Giray et Ulrich, 1993) (voir § 1.3.1).

Il est également intéressant de noter que cet effet facilitateur peut être observé chez des sujets atteints d'héminégligence visuo-spatiale, syndrome se traduisant par une incapacité à réagir ou à traiter des stimuli présentés dans un hémichamp visuel (généralement gauche) à la suite d'une lésion unilatérale (droite) du cortex pariétal. Frassinetti et collaborateurs (2002) ont demandé à des sujets héminégligents de réaliser une tâche de détection de cibles visuelles. Ces cibles pouvaient être émises à partir d'une source spatiale parmi 6. De temps en temps, un son était émis simultanément, soit de la même source spatiale, soit à partir de l'une des 5 autres sources. Les résultats montrent une augmentation du taux de détection de la cible visuelle lorsque les stimuli auditif et visuel sont issus de la même source ou de sources proches. Par ailleurs cette amélioration des performances est plus importante pour les stimuli émis à partir des sources spatiales dont le traitement est le plus affecté par la déficience (i.e. région périphérique du champ visuel).

Des effets d'interactions similaires sont également induits dans des tâches manipulant d'autres combinaisons sensorielles. Par exemple, Kennett et collaborateurs (2001) ont montré un effet de facilitation intersensorielle dans une tâche visuo-tactile. La stimulation tactile consistait en une ou deux pressions simultanées (spatialement distinctes) sur l'avant-bras des sujets qui devaient discriminer ces deux conditions. Les auteurs ont rapporté que la vision du bras facilitait le traitement, bien que le bras ne soit jamais visible aux moments mêmes où les stimulations tactiles étaient présentées. Autrement dit, une information visuelle ne contenant pas d'information pertinente pour la tâche permettait d'augmenter les performances relatives à un jugement tactile.