Modèles explicatifs de l'effet de redondance

Afin de rendre compte de cet effet de facilitation, Raab (1962) proposa un modèle statistique ("independent race model ") selon lequel les composantes unimodales d’une cible bimodale seraient traitées séparément et parallèlement dans leur canal sensoriel respectif, la réponse motrice étant déterminée par le traitement unimodal le plus rapide. Les temps de réaction pour les cibles bimodales correspondant à une distribution de minima (i.e. à chaque essai le temps de réaction correspond au temps de traitement le plus court entre les deux modalités), ils seraient en moyenne plus courts que ceux obtenus pour les stimuli unimodaux.

Cependant, dans une série d'études sur l'attention divisée, Miller (1982 ; 1986) a montré que les distributions statistiques des temps de réaction ne pouvaient être expliquées par le modèle de Raab. En effet, il relève des temps de réaction aux cibles bimodales plus courts que ceux obtenus pour chacune des cibles unimodales. Il suggère donc que les différentes informations d’un stimulus bimodal ne sont pas traitées indépendamment, mais convergent et sont intégrées dans le système nerveux central. Plus tard, Miller (1991) a proposé un modèle dit de co-activation interactive, selon lequel les interactions entre les deux modalités seraient modulées par les liens existants entre les composantes unimodales. Ce modèle permettrait d'expliquer la différence entre les temps de réaction aux stimuli dont les composantes unimodales sont congruentes ou fréquentes et ceux obtenus pour des stimuli bimodaux incongruents ou rares. Il est à opposer aux modèles dits de co-activation indépendante qui stipulent que les composantes sont traitées indépendamment et que la facilitation observée est due à la seule sommation des énergies dans les deux canaux sensoriels (voir § 1.2.1).