1.3.2 - Influence de la disparité spatiale

Les données comportementales montrent que l'effet de facilitation discuté plus haut est également sensible aux relations spatiales existant entre les différentes composantes unimodales. Ainsi, comme l'illustre la Figure 4, des chats entraînés à répondre (réaction d'orientation) à un stimulus visuel voient leurs performances très diminuées lorsqu'un stimulus auditif non pertinent pour la tâche est présenté simultanément, d'une source située à 60° de la cible visuelle. En effet, les chats ont alors tendance à s'orienter vers une position à mi-chemin entre les sources visuelle et auditive (Stein et al., 1989).

Figure 4 . Influence de la disparité spatiale sur les effets d'interactions. La présentation d'un stimulus auditif accessoire (A) spatialement éloigné (60°) d'une cible visuelle (V) diminue les performances d'orientation du chat vers cette cible visuelle. (D'après Stein et al., 1989).

L'utilisation de protocoles similaires chez l'homme a permis d'observer que (1) les réponses de type saccade oculaire en direction d'une cible ou par pointage manuel, ont des latences plus courtes lorsque la cible est accompagnée d'un stimulus auditif accessoire spatialement coïncident, et (2) plus la distance augmente entre la cible et le stimulus accessoire, plus cet effet de facilitation (diminution du temps de réaction) est faible (Hughes et al., 1994 ; Frens et al., 1995).

Toutefois, les effets décrits plus hauts ont été observés lorsque la tâche nécessitait la localisation d'une cible, cette tâche se trouvant perturbée par la présentation simultanée d'un autre stimulus spatialement éloignée dans le champ de perception. Dans le cas où la tâche n'implique pas de localisation, la concordance spatiale des informations unimodales semble moins essentielle au maintien de l'effet facilitateur. En effet, Hughes et collaborateurs (1994) ont réalisé une expérience dans laquelle le sujet devait répondre à une cible bimodale par une simple réponse manuelle (relâchement d'un bouton poussoir) quelle que soit sa position. Dans ce cas, les effets de facilitation observés lorsque deux composantes unimodales étaient présentées en concordance spatiale ne différaient pas de ceux trouvés lorsque les deux composantes provenaient de deux sources différentes. De façon similaire, dans l'expérience de Stein et collaborateurs (1996),la perception de l'intensité plus forte d'une cible visuelle en présence d'un stimulus sonore accessoire était observée quelles que soient les positions spatiales relatives de la cible et du stimulus sonore.