Organisation des aires visuelles

Le système visuel est composé d'une mosaïque d'aires corticales se distinguant par leur cytoarchitecture, leurs connectivités et leurs fonctions. Notamment, la structure laminaire ⁵ du cortex visuel primaire est caractérisée par une couche 4 très développée qui peut être subdivisée en 4 sous-couches : 4A, 4B, 4C, 4C. La couche 4C est organisée en colonnes de dominance oculaire : chaque colonne reçoit préférentiellement les informations en provenance d'un œil (soit ipsi- soit contro-latéral). Chacune de ces colonnes contient elle-même un ensemble de colonnes d'orientation qui répondent préférentiellement à une orientation spécifique. Cette couche reçoit les projections du ngld et projette sur les couches 2/3.

L'utilisation d'un marqueur (le cytochrome oxydase) a permis de mettre en évidence l'existence, au sein des couches 2/3, de "blobs", petites régions caractérisées par une plus forte intensité métabolique (Horton, 1984). Cette technique de marquage a également permis de mettre en évidence la structure en bande de l'aire visuelle V2 qui comprend des bandes dites épaisses, des bandes fines ainsi que des inter-bandes ou bandes pâles (Livingstone et Hubel, 1982).

L'architecture du système visuel a été tout d'abord décrite de façon exclusivement hiérarchique (Van Essen, 1979) avec des traitements de plus en plus avancés au fur et à mesure de la progression dans la hiérarchie. Cette conception s'est peu à peu complexifiée avec la découverte d'un grand nombre d'aires visuelles largement interconnectées au moyen de trois types de connexions cortico-corticales (Rockland et Pandya, 1979) :

• les connexions feedforward ou ascendantes qui relient une aire de bas niveau à une aire de plus haut niveau et qui se projettent sur la couche 4 du cortex,
• les connexions feedback ou descendantes qui relient une aire de haut niveau à une aire située plus bas dans la hiérarchie, et qui se projettent sur les couches supra- et infra- granulaires en évitant la couche 4,
• et enfin, les connexions latérales qui relieraient des aires de même niveau et qui se terminent sur l'ensemble des couches corticales.

Ce tableau est d'autant plus complexe que les connexions entre deux aires sont généralement réciproques. Ainsi, en 1991, Felleman et Van Essen distinguaient plus de trente aires impliquées dans le traitement visuel chez le singe, réparties dans les lobes occipitaux, pariétaux, temporaux et frontaux reliés par près de 200 connexions, la majorité étant réciproques.