Aires modalité-spécifiques

Comme leur nom l'indique, les cortex sensoriels primaires et secondaires ont longtemps été considérés comme exclusivement "modalité-spécifiques". Cependant, dès les années 70, des études chez le chat avaient rapporté que des entrées auditives pouvaient activer des neurones bimodaux situés dans les aires 17, 18 et 19 du cortex visuel (Morrell, 1972 ; Fishman et Michael, 1973). Bien que ces résultats aient été reçus avec beaucoup de précautions, l'existence de neurones bimodaux a été récemment rapportée dans le cortex visuel (entre les aires 17 et 18a) chez le rat(Barth et al., 1995) et dans le cortex auditif chez le singe (Watanabe et Iwai, 1991).

Par ailleurs, des études ont montré l'existence de projections éparses du cortex auditif vers l’aire visuelle 18 chez le rat et le chat (Miller et Vogt, 1984 ; Innocenti et al., 1988).Cependant, aucun résultat similaire n'avait été observé chez le singe. Or, très récemment, l'utilisation de traceurs antérogrades et rétrogrades chez le singe a permis de mettre en évidence des projections directes du cortex auditif associatif sur les aires visuelles primaires et secondaires (Rockland et Ojima, 2001)ainsi que du stp et du cortex auditif primaire sur l’aire visuelle primaire (A17 de Brodmann) périphérique (Falchier et al., 2002). Ces projections du cortex auditif vers les aires visuelles primaires mettraient en jeu des connexions de type feedback et selon les auteurs, pourraient avoir un rôle dans la "fovéation" d’une source auditive périphérique.

Inversement, des enregistrements intra-corticaux réalisés par Schroeder et collaborateurs chez les singe ont montré que des entrées auditives et somesthésiques pouvaient activer des neurones de la couche 4 du cortex auditif associatif postérieur (connexions de type feedforward) (Lindsley et al., 1999 ; Schroeder et al., 2001 ; Schroeder et Foxe, 2002). Des entrées visuelles peuvent également activer des neurones du cortex auditif associatif postérieur, mais au niveau des couches supra- et infra-granulaires (connexions de type feedback) (Schroeder et Foxe, 2002).Ces résultats suggèrent que la convergence multisensorielle dans les aires unisensoriels peuvent intervenir à des étapes du traitement de bas niveaux, à travers des circuits feedback et feedforward.