10.2 - Flexibilité des processus integratifs dans les régions non-spécifiques

10.2.1 - Implication probable du colliculus supérieur dans la détection de cibles bimodales

Dans la tâche de détection et uniquement dans cette tâche, les données observées (distributions de potentiel et de densité de courant radial, et modélisation dipolaire) autour de 105-140 ms suggèrent l'existence d'interactions neuronales dans une structure profonde qui pourrait correspondre au colliculus supérieur. En effet, comme nous l'avons vu dans la première partie, le colliculus supérieur est impliqué dans les comportements d'orientation attentionnelle vers une cible et appartient aux voies de traitement visuelles et auditives. De plus, on trouve dans ses couches profondes, des neurones multisensoriels ayant un fort pouvoir intégratif. Enfin, l'activation du colliculus supérieur a été souligné dans une étude irmf où les sujets devaient observer passivement des stimuli audio-visuels (Calvert et al., 2001) (§ 4.2.1).

Quelle que soit l'origine exacte de ces interactions 14 , elles soulignent un trait fondamental des mécanismes multisensoriels. En effet, l'identification et la discrimination peuvent être considérées comme des processus perceptuels de haut niveau en comparaison de la simple détection des mêmes stimuli. On pouvait donc s'attendre, si la détection précède l'identification dans la hiérarchie des traitements sensoriels, à ce que les opérations intégratives de bas niveau mises en jeu dans la détection soient aussi activées durant l'identification des mêmes stimuli. Les données rapportées ici ne confortent pas cette hypothèse et montrent au contraire qu'il n'y a pas de facilitation neuronale dans ces processus sensoriels de bas niveau quand une analyse plus fine (identification) est nécessaire à la réalisation de la tâche. Ce résultat souligne encore une fois la grande flexibilité et l'efficacité des processus intégratifs qui opèrent en vue du "meilleur résultat" au moindre coût énergétique.

Notes
14.

Comme nous l'avons déjà discuté dans la partie expérimentale, nous ne pouvons exclure que le pattern d'interaction observé dans cette fenêtre de latence (105-140 ms) soit dû à une combinaison complexe d'activités distribuées au niveau sous-cortical et cortical.