A.1.2 Hypothèses générales

Notre travail de recherche tente de rendre compte de cet inlassable processus d’appropriation subjective et de pacification du rapport à l’histoire et à la génération (le travail d’historisation), et ce travail conjoint de mise en représentation et de mise en sens (le travail de la pensée) auquel sont confrontées les institutions du soin et du travail social. Nous considérerons ces dynamiques au travers du mouvement dont elles sont le lieu, entre refus et consentement.

Nous allons mettre au travail les hypothèses suivantes : pour accomplir leur tâche primaire (soigner, aider, accompagner ...), les institutions du soin et du travail social doivent sans cesse composer avec les effets de déliaisons mortifères dont elles sont le lieu. Les postures professionnelles ne se soutiennent que d’un travail de «forçage» permanent, sous la forme d’une obligation constante à déconfusionner les professionnels d’avec leurs «objets» (travail de liaison et de transformation dans et par la pensée : mise en représentation et mise en sens).

La structuration psychique de ces institutions suppose un investissement du pôle hiérarchique. Cette instance est «appelée» dans sa fonction de méta-organisateur oedipien, en tant que symbole et garant d’une différence toujours menacée de dédifférenciation - autrement dit la structuration psychique des institutions suppose que le groupe des professionnels consente à ce qu’il y ait « du père», de la génération et de l’histoire (un travail d’historisation).

Dans l’histoire des institutions, le refus en sa radicalité prend les formes d’une captation de l’histoire. Ce qui est alors refusé, c’est la génération. Du côté d’une génération refusée aux descendants on rencontre la figure du filicide et du côté d’une génération refusée aux ascendants, on rencontre celle du «parricide».