A.2.1 Où vas-tu donc Itzig ?

Dans la recherche en «psychologie clinique» il est des banalités épistémiques qu’il convient de garder à l’esprit. Une telle configuration de recherche, procédant à partir du référentiel de la métapsychologie psychanalytique, place l’ensemble des «objets» et des processus considérés sous le primat de l’inconscient. La position du chercheur prend naturellement place au sein de cette perspective. La mise en forme d’une recherche relève d’une reconstruction dans «l’après-coup», et la cohérence que la pensée n’a de cesse de tenter de produire pour exclure le doute et le conflit (P. Aulagnier 1984), ne saurait voiler ce qui meut le chercheur à son insu. Dès lors il y a lieu de souligner les incidences de la non-extériorité de l’objet de recherche. «Cela» qui tente de venir se mettre en représentation procède d’une nécessité pour le sujet-chercheur lui-même, ainsi que Freud l’épingle superbement au travers du mot d’esprit :

‘«Où vas-tu donc Itzig ? - Moi, je n’en sais rien. Interroge mon cheval !» (Itzig, le cavalier du dimanche¹⁴).’

Dans une lettre à W. Fliess, du 7 juillet 1898 Freud désigne ainsi la poussée de l’inconscient dans le travail d’élaboration qui était alors le sien et que l’on peut entendre comme témoignant plus largement de ce qui mène tout sujet. Freud spécifie alors comment son travail lui est «entièrement dicté par l’inconscient» : «‘Mon travail m’a été entièrement dicté par l’inconscient selon la célèbre phrase d’Itzig, le cavalier du dimanche : Où vas-tu donc Itzig ? (...) ».’