A.2.2.1.3 Les apories inhérentes aux «enjeux de meurtre»

La question du meurtre réfère à l’incessant travail de canalisation de la pulsion qui est le travail même de la culture, Kulturarbeit (Freud). Toute institution se doit de réitérer, peu ou prou ce mouvement, dans la mesure où elle accueille ce qui de ces processus de socialisation est demeuré en souffrance, ce qui précisément signe le refus, la butée, voire la mise en faillite de ce travail de la culture.

Cette question du meurtre constitue une aporie de la recherche. Soulignons la caractéristique du mouvement de la pensée, face aux dynamiques meurtrières. Le processus de psychisation s’expérimente alors comme d’une extrême labilité. Il semble à cet endroit que le travail du «négatif» (du refoulement, du déni et du désaveu) oeuvre sans trêve, et ne permette pas une stabilisation des compréhensions précédemment acquises. Aux prises avec cette question du meurtre, la pensée n’a de cesse de se déliter. S’il y a une jubilation certaine à retrouver régulièrement une (certaine) cohérence, celle-ci n’en finit pas de s’effacer et de masquer la trace de son passage. Le chercheur est alors saisi par la sentiment de devoir réinventer, recréer, redécouvrir sans cesse ce que pourtant d’autres avant lui ont énoncé et validé, et ce que lui-même a momentanément cru pouvoir faire tenir dans sa représentation, et stabiliser dans sa pensée.

Le mouvement corrélé qui n’en constitue pas moins un autre paradoxe de la recherche, concerne l’effacement de la temporalité. Lorsqu’il est question d’archaïque, le travail de psychisation, indissociable du travail d’historisation, a la fâcheuse tendance de se mettre en panne. La prévalence de ce registre de l’archaïque qui se spécifie d’être hors temporalité précisément, tend à évider la représentation, et à dissoudre le processus même de la symbolisation.