B.1.1.3.1 L’axe «représentation – symbolisation - appropriation»

  • Les rencontres professionnelles permettent au «Je», de pouvoir rencontrer hors de soi, dans un statut qui s’appréhende comme «externe», des aspects insus et non-liés de sa propre psyché. On se trouve en présence de ces parties que Bleger nomme «symbiotiques - syncrétiques», et René Kaës «Sujet du groupe», et R. Roussillon « ‘fond irreprésenté du psychisme et clivé de l’intégration subjective primaire’». Ces parties incluent (sans s’y réduire) les avatars du processus identificatoire d’un sujet : les points d’achoppements de la pulsion en ses poussées, l’ensemble des processus qui n’ont pas fait l’objet d’une intégration, d’une symbolisation et d’une différenciation «suffisante». Dans ces rencontres, on se trouve également en présence de l’histoire du «Je», pour la part qui lui échappe, celle qui, enserrée dans la trame de la génération, n’a pas pu faire l’objet d’une appropriation «suffisante69«. Les rencontres avec certaines «populations» et certaines institutions offrent ainsi la possibilité de pouvoir explorer et démêler de tels points de confusions psychiques, précisément du fait qu’ils se trouvent agis par un «autre». Il s’agit de révéler, de psychiser et de lier des composantes du «ça» qui cherchent à émerger et trouvent à se présentifier et à s’entendre dans les «symptômes» de certains des sujets qui font l’objet de «l’aide».
    L’axe «représentation – symbolisation - appropriation» fédère ces aspects.

  • Pour un sujet, dans ses liens professionnels, il est également question d’avoir la possibilité de réparer «l’objet». En soutenant, en aidant, en soignant, en externe des sujets en souffrance ou en déshérence, le professionnel soutient et restaure simultanément ses propres objets internes, son propre enfant, son propre parent (et/ou ses premières figures identificatoires et identifiantes : un élément de la fratrie, ...). Il s’agit ainsi de reconfigurer ses propres modalités relationnelles souffrantes70. L’opération «restauration – sublimation « témoigne de cette mise en oeuvre de l’axe «représentation – symbolisation - appropriation».

  • Étroitement corrélés aux aspects précédents, la mise en représentation et le travail de symbolisation que nécessitent ces rencontres permettent de confronter professionnellement et de restaurer «quelque chose» de la loi. On se trouve alors en présence d’agirs qui poussent à l’assomption de l’interdit oedipien, sous la forme du méta-organisateur oedipien 71 .

Notes
69.

Jean Guillaumin, dans un article de 1991, promeut l’idée d’une «identification sans représentation (court-circuitant l’élaborationnotion élaboration notion élaboration notion élaboration de l’individuationnotion individuation notion individuation notion individuation et de la différenciation)» organisée sous le primat de l’affect, que constitue l’emprunt identitaire passionnel fait aux modèles non reconnus de l’histoire et de la préhistoire familiale.» - (1991), Identifications affectives, généalogies de l’affect - in Revue Française de psychanalyse4, p. 987. Ces modalités identificatoires trouvent actuellement des prolongements dans le travail sur la transmissionnotion transmission notion transmission notion transmission psychique transgénérationnelle : R. Kaës (1993, 1997a), A. Eiguer (1997), A. Ciccone (1997, 1999), ...

70.

Ce que disent ouvertement les triviales propositions : «En soignant on se soigne». «On soignerait par angoissenotion angoisse notion angoisse notion angoisse notion angoisse notion angoisse notion angoisse notion angoisse notion angoisse de castrationnotion castration notion castration notion castration notion castration notion castration notion castration notion castration notion castration tout en la niant. On soigne pour se soigner. On soigne pour ne pas voir. On soigne tout en niant qu’on se soigne.» (F. Ansermet & M.G. Sorrentino (1991) Malaise dans l’institution - Paris, Anthropos, p. 44).

Mentionnons également l’article de Daniel Kipman (1983) L’équipe soignante : une contradiction opérante - in Bulletin de Psychologie Tome XXXVI n°360), dont la première proposition énonce : «L’équipe soignante soigne le soignant».

Et sur le versant littéraire, ces propos de Martin Winckler : «(Aux yeux de mon père) la médecine n’était pas une charge aristocratique, elle ne rendait pas omniscient ni omnipotent, et ne conférait aucune supériorité à celui qui l’exerçait. En soignant on se soigne aussi. Il le savait et me l’a fait comprendre.

À ses yeux, soigner n’était pas non plus un sacerdoce, c’était une obligation morale, inhérente au fait même d’être humain. Il affirmait que la souffrance n’est pas rédemptrice mais aliénante. Que soulager, c’est aider l’autre à se libérer.» (Martin Winckler, [2000] En soignant, en écrivant - Indigène Éditions, Montpellier, p. 11-12).

71.

Nous allons voir qu’au sein des dispositifs d’interventions auxquels nous nous référons le travail psychique consiste centralement en un travail de «mise en représentation symbolisante» pour ce qui est de l’Analyse de la pratique, et de «l’assomption du méta-organisateurnotion méta-organisateur notion méta-organisateur notion méta-organisateur notion méta-organisateur notion méta-organisateur notion méta-organisateur notion méta-organisateur notion méta-organisateur oedipien», pour ce qui est des interventions dites «institutionnelles» Nous interrogerons plus finement dans la suite de notre propos, ce «travail» de chacune de ces modalités d’interventions et le travail de subjectivationnotion subjectivation notion subjectivation notion subjectivation notion subjectivation notion subjectivation notion subjectivation notion subjectivation notion subjectivation qu’elles sont censées opérer.