B.1.2.2.3 La socialisation des pulsions

Si nous poursuivons l’idée que le «Je» se soutient, et simultanément se trouve dérangé par ce qui, dans sa configuration psychique n’a pas trouvé à se constituer de façon «suffisamment» stable, par celles des composantes pulsionnelles qui n’ont pas trouvé à être conduites hors de la confusion, dans une différenciation et une appropriation suffisante, celles que le «Je» n’est pas parvenu à suffisamment humaniser et socialiser, alors les contraintes qu’impose la profession revêtent toute leur importance pour l’économie psychique du «Je». Elles lui permettent de pouvoir agir sa pulsionnalité et simultanément de conduire précisément certains de ces aspects en position de visibilité, de les rendre reconnaissables et (partiellement) intégrables par le «Je» ; ceci par le biais de la relation aux usagers, et aux problématiques que ceux-ci proposent dans leur propre vécu, et dans la dynamique relationnelle qu’ils mettent en acte, à partir de leurs propres vicissitudes.

Les interdits structuraux d’une profession permettent ainsi «d’aller y voir», tout en se trouvant préservé (toujours partiellement) par le groupe des pairs, les «normes» de ce groupe et les «normes» de la profession (mouvement qu’a mis en évidence A. Missenard). Pour menaçantes et anxiogènes que soient les situations, l’obligation d’avoir à «préserver les formes», et à jouer un rôle prescrit par l’institution, au sein de laquelle se déroule l’exercice d’une profession, en permet l’approche. L’introduction de ritualisations, de contraintes gestuelles, et posturales : les «techniques du corps» (M. Mauss), et la vigilance du groupe (dans son aspect de co-étayage dans le groupe de pairs et dans sa fonction hiérarchique), toutes les contingences imposées par un exercice professionnel particulier, concourent à canaliser la pulsion, tout en fournissant un accès à une satisfaction pulsionnelle contrôlée et limitée.