B.2 Les défenses «externes» contre un danger «interne», une illustration

B.2.1 Un agglomérat dans les investissements : deux collègues-partenaires

Au cours de nos considérations sur les identifications professionnelles nous avons postulé que le «Je» joue ses investissements avec/dans l’objet, et se soutient de/dans ces investissements. Objets amoureux et objets professionnels participent d’une complémentarité, dans ce mouvement que nous désignons comme «s’approprier - méconnaître», soit la combinatoire entre l’axe «représentation – symbolisation - appropriation», et l’axe «méconnaissance – jouissance».

Les expressions qu’utilisent certains auteurs telles «personnalité professionnelle» ou «part professionnelle de la personnalité» d’A. Missenard, «identité professionnelle» de Luc Ridel, pourraient donner à croire qu’on se trouve dans des configurations très différenciées, voire dans des clivages, entre différents secteurs de l’investissement des sujets. Or les différentes scènes sur lesquelles les sujets jouent leurs identifications participent tout au contraire d’une même quête. En chacune d’elles se conjoignent libido et narcissisme, investissements et demandes identificatoires. Nous allons à présent considérer une situation qui va mettre l’accent sur l’investissement conjoint des deux scènes : celle du choix d’objet amoureux et celle du choix d’objet professionnel. Dans cette situation chacun des protagonistes tente de restaurer l’objet et de se restaurer dans l’objet, sans qu’il soit loisible d’affirmer la primauté d’un tel travail psychique sur une scène ou sur une autre. Dans cette situation la scène privée (le lieu du couple) vient s’intriquer avec la scène sociale (la profession et ses «objets»). On entrevoit ainsi la manière dont se configurent les étayages sur ces différentes scènes.