Un ensemble de positions professionnelles mettent précisément en oeuvre ce renversement de «l’imprévisible», de l’incontrôlable, dans le registre du «prévisible». La profession fournit alors au «Je» une imaginaire maîtrise. Face à l’autre maternel/parental l’enfant ne pouvait (dans un premier temps) que «subir» les sautes d’humeurs, ne pouvait qu’en être intrusé ; il se retrouvait alors dans l’obligation de s’identifier à ces mouvements pour tenter d’y figurer - quitte, dans un renversement masochiste à s’assimiler lui-même comme étant la source de ces désagréments éprouvés dans la relation à l’autre116 -. La position professionnelle permet ainsi d’assurer le «Je» d’une intrusion, et de l’assurer ce faisant que cette intrusion est bien le fait d’un autre ; cette position professionnelle valide l’indispensable présence du sujet pour soutenir, réparer l’autre maternel/parental, et se réparer dans le même mouvement, en la personne des «usagers» (des institutions spécialisées).
Nous apprendrons que Laure était âgée de 8 ans lorsque cette mère a commencé à manifester d’importants troubles psychiques. La plus ou moins grande précocité de ces vécus se trouve corrélée avec la fragilité structurale des sujets. On peut ainsi conjecturer que les premières années de Laure ont été relativement préservées des dérèglements maternels.