B.2.1.3.3 «Mission achevée !»

C’est du reste un sentiment, une «impression» touchant à ce scénario inconscient joué dans l’autre, et par l’autre, qui signera l’importance de la crise du couple. Dès la deuxième rencontre, Adrien énoncera «l’étrange pensée» qui «le traverse» et le met dans le «trouble ». Au sujet de sa relation avec Laure, une «impression» le traverse et s’impose à lui dans les mots : «Mission achevée !». Lui qui dit ne pas ressentir les affects, lui qui se représente dans la «maîtrise », témoignera comment au moment où ces mots «Mission achevée» feront irruption dans son esprit, d’intenses flux d’énergies se mettront en mouvement dans son corps.

En lien avec cet éprouvé bouleversant et sa relation avec Laure, Adrien énoncera : «‘Une partie de notre vie est achevée ! (C’est) Un volet que l’on ferme ! Ça me perturbe et me soulage’». La chaîne associative le conduira à dire à propos de sa compagne comment il a le sentiment de «l’avoir faite», de «l’avoir faite évoluer de «a» à «z», de «l’avoir faite devenir «femme», et femme «séduisante !». De fait Laure a plu à un autre homme, – preuve tangible de ce fantasme de «Pygmalion» qui s’énonce crûment. On est bien en présence de scènes superposées, de cette exigeante insistance du scénario oedipien, et donc aussi en présence d’une autre femme, ce premier objet d’amour qu’Adrien aurait ardemment souhaité extraire des griffes du père-tyran. Le fait que Laure s’engage dans une aventure amoureuse, vient valider le fantasme : Adrien l’a libéré de lui en tant que père-tyran, et «‘l’a faite forte, indépendante, capable de séduire ailleurs, soit capable de pouvoir se passer de sa dépendance’  ». - Ce sera Laure qui en effet s’autorisera la première une relation extra-conjugale, jouant de la régression induite par sa position d’étudiante. Adrien croisera de façon fortuite Laure et son amant à l’occasion d’une promenade en ville. Il maintiendra le silence sur ces suspicions, et à peu de temps de là, nouera à son tour une idylle.