B.3 Assignations institutionnelles et forçages identificatoires

‘«S’il est vrai que toute rencontre confronte le sujet à une expérience qui anticipe sur ses possibilités de réponse au moment où il la subit, cette anticipation trouvera sa forme la plus absolue en ce moment inaugural dans lequel l’activité psychique de l’infans est confrontée aux productions psychiques de la psyché maternelle et doit forger une représentation d’elle-même à partir des effets de cette rencontre dont la fréquence est une exigence vitale.» (P. Aulagnier 1975122).’

Pour avancer dans notre éclairage des identifications professionnelles, spécifions à nouveau que les professions du soin et du travail social ont à composer de façon centrale avec la déliaison, et se structurent en des configurations où le traumatisme le dispute à la sidération. Nous allons considérer la mise en place des identifications professionnelles au sein de ces professions du soin et du travail social, l’inclusion des «postulants» au sein de ces professions, le trajet qui leur est proposé comme processus d’affiliation, par les groupes qui en permettent l’accès : groupes des formateurs et des professionnels de terrain. Une nouvelle fois, ce vont être les temps de mise en place des liens qui nous permettront de dégager quelques «traits» de l’organisation psychique, intra, inter, et trans–subjectives. Freud disait (à propos de la cure) «que les mouvements d’ouverture, comme ceux de la fin de la partie sont les seuls codifiables 123  ». Nous pouvons transposer ces propos à ces «parties» que sont les implications d’un sujet dans une institution et dans une équipe de professionnels (devant interagir avec une population caractérisée par des failles et des symptômes spécifiques).

Une fois mise en place les affiliations aux groupes et l’établissement de l’identification professionnelle, un large ensemble de composantes vont se trouver recouverts, noyés dans le lien, dans la structure et dans l’organisation. - Lien, structure et organisation sont ici référés à leur fonction de cadre au sein duquel viennent s’agglomérer «‘les parts syncrétiques de l’individu’ » (J. Bleger 1971), « ‘l’arrière-fond de la vie psychique dans lequel peuvent être déposées et contenues certaines de parties de la psyché qui échappent à la réalité psychique.’» (R. Kaës 1997124), «‘ce fond syncrétiquement condensé à l’autre, aux autres, à l’institution’  » (R. Roussillon 1999).

Notes
122.

Piera Aulagnier (1975), op. cit., p 37.

123.

Propos de Freud rapportés par Piera Aulagnier (1984), L’apprenti-historien et le maître-sorcier - Paris, Puf, p. 181.

124.

René Kaës (1997 c), L’intérêt de la psychanalyse pour traiter la réalité psychique de/dans l’institution - in Revue internationale de psychosociologie - Psychanalyse et organisation Vol.III, n°6/7 - Paris,Éditions Eska, p. 86.