B.3.3.3 «Forçage» des identifications et modalités d’emprise en «double entrave»

Dans l’exemple de ce cours sur les soins en gynécologie, la question qui se pose aux étudiants consiste à savoir comment échapper à la position voyeuriste, aux affects et aux émois qu’elle sollicite, lors même que le dispositif est érigé en obligation de confrontation avec l’image ; une des «tentations» étant d’occuper cette même position du «voyeur». On voit dès lors que les différentes issues relèvent du «forçage ». Il y a lieu, soit de se précipiter dans la jouissance du voir (de s’assimiler à l’oeil, entre fascination et répulsion), - ce que semblent choisir quelques-uns des «jeunes hommes du premier rang» - soit de s’identifier urgemment136 à une position soignante, dans un refoulement massif de la violence des affects et des représentations convoquées, par la mise en place d’un «clivage ». Dans un tel espace la parole est forclose. Il s’agit d’un savoir biologique qui ne prête pas à discussion. L’enseignant le détient et les étudiants se doivent de l’acquérir. Il ne saurait donc y avoir de réflexivité sur les enjeux de l’échange et sur ce que les étudiants sont à même de percevoir confusément de la place qui leur est proposée par l’enseignante, via le montage «pédagogique». Seuls demeurent, la jouissance et/ou le clivage et les impasses futures que ces deux «solutions» préfigurent, relativement à la pensée, à la capacité de prise de recul et d’élaboration de sens.

L’enseignante (se) donne à croire qu’elle ne fait qu’énoncer «la réalité phénoménale» du corps, lors même qu’elle précipite dans cette vision publique de sexes, un conglomérat de dynamiques psychiques pour chacun des étudiants, mais aussi pour le groupe dans sa composante libidinale, et dessine en creux «l’autre scène» et les satisfactions pulsionnelles qui s’y réalisent.

Notes
136.

Le concept d»urgence identificatoire» a été proposé par A. Missenard 1972, pour rendre compte de la position du sujet lors de son arrivée dans un groupe, et des multiples sollicitations dont il est psychiquement l’objet.