B.3.5 Érotiser face à la «camarde»

La situation du couple d’infirmiers en psychiatrie nous a permis de souligner un aspect particulier de l’investissement professionnel, soit son lien avec l’excitation incestuelle-incestueuse. De par son choix d’exercice professionnel le «Je» s’engage dans une position paradoxale où il recherche simultanément dans le champ professionnel une excitation externe et la mise en oeuvre de défenses contre cette excitation, valant comme défense contre une excitation incestuelle-incestueuse.

En lien avec ces interrogations, nous venons de voir que le milieu hospitalier offre des configurations qui permettent de prolonger et d’élargir ces réflexions. Les situations extrêmes qui se déroulent dans ce milieu permettent en effet d’entrevoir la manière dont les professionnels composent avec les angoisses massives qui s’y déploient. En ce sens, certains services hospitaliers et les rencontres qu’ils prédisposent, composent des situations emblématiques. Il s’agit de ces lieux où se jouent des déliaisons majeures, où se produisent des oscillations et des bascules entre la vie et la mort : les services d’urgence-réanimation, et ces autres configurations hautement technicisées que sont les blocs opératoires.

La gestion de l’angoisse au sein de ces services, nous fournit quelques éléments de réflexion, sur la manière dont ceux qui oeuvrent professionnellement en ces lieux s’y prennent pour faire face aux mouvements de déliaison, de morcellement. Ces mouvements constituent le quotidien de ces services. En réanimation, la vie du patient n’est plus assurée dans la seule autonomie du corps ; elle se trouve maintenue dans le couplage entre ce corps et un ensemble de machines chargées de pallier différentes fonctions vitales (assistance cardiaque, assistance respiratoire, ...). En bloc opératoire le fantasme se tient à portée de scalpel. Dans de tels lieux, les soignants se retrouvent confrontés à des angoisses extrêmes, à des figures archaïques. Or dans ces services on assiste à de fréquentes phases d’excitation «maniaque», et c’est là que s’agissent les échanges libidinaux les plus intenses du monde hospitalier.